
Solanus Casey, le thaumaturge de la soupe populaire
Bernard Francis Casey est un citoyen américain, né à Oak Grove, dans le Wisconsin, au sein d’une famille très modeste. Après avoir exercé plusieurs petits métiers, il sent en lui un appel de Dieu et entre chez les Capucins. Dès lors, il s’engage dans l’aide aux plus pauvres, organisant des soupes populaires et distribuant vêtements et biens divers. Malgré la minceur de ses connaissances en théologie, il est considéré par tous comme un maître spirituel et ses miracles se comptent par dizaines : apôtre de la charité jusqu’à la fin de ses jours, la présence de Dieu dans sa vie est un fait attesté à tous les niveaux. Il a été béatifié en 2017.
Les raisons d'y croire
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En cinquante-trois ans de sacerdoce, l’humble frère n’a jamais éconduit personne, accueillant chacun à toute heure, de jour comme de nuit, en toute saison, privilégiant l’aide aux plus pauvres. Le courage missionnaire de Solanus Casey et sa fidélité auprès des personnes démunies dans chaque ville où il séjourne forcent l’admiration et le respect.
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Le bienheureux a dispensé ses conseils spirituels à des gens de toutes conditions sociales. Il lui est arrivé de recevoir cent cinquante personnes en une seule journée. Que tant de monde se presse auprès de lui prouve la qualité extraordinaire de ses avis et de ses conseils spirituels. Et cela interroge : cet humble prêtre était interdit de confesser et de prêcher du fait de sa formation trop rudimentaire, mais il a pourtant réussi à convertir des centaines de personnes de toutes conditions. Les personnes venant à lui savent qu’elles s’adressent avant tout à un ami de Dieu.
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Dès son vivant, ses supérieurs ecclésiastiques prennent soin de noter avec force détails les nombreux miracles que le frère obtient de Dieu par son intercession dans la prière : guérisons inexpliquées de pneumonie, de cécité, de paralysies diverses, de cancers, de convulsions, d’alcoolisme…
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Parmi les miracles les plus extraordinaires, citons celui survenu en 1957 : Gladys Feighan, trente-huit ans, admirative du bienheureux capucin, habitante de l’État de New York, est atteinte d’une grave pathologie sanguine qui a causé la mort de ses deux nouveau-nés. Mais Gladys veut avoir un enfant. Elle décide alors d’aller trouver le père Solanus, alors âgé de quatre-vingt-six ans. Après avoir prié puis l’avoir bénie, le bienheureux la rassure : elle sera bel et bien mère dans quelques années. « Dans quelques années ? Mais j’ai déjà trente-huit ans... » Après la mort du capucin, elle se rend fidèlement sur sa tombe, à Detroit, mais rien n’arrive. En 1962, contre l’avis des médecins, très pessimistes quant à l’issue de la grossesse inespérée de Gladys, elle met au monde deux superbes jumeaux, en parfaite santé.
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Un autre miracle concerne la mère de Mgr Cuthbert Gumbinger, missionnaire capucin, archevêque d’Izmir (Turquie). À la fin des années 1950, cette femme fait une crise cardiaque qui, sur le plan médical, ne lui laisse aucune chance. Pourtant, à la surprise de tous, elle se rétablit. Sa guérison inespérée doit être attribuée à l’intercession du père Solanus, qui est apparu en songe à l’évêque Gumbinger pour le prévenir que sa mère guérirait sans garder aucune séquelle.
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Ray McDonough a bien connu le père Casey lorsqu’il œuvrait comme bénévole lors des distributionspar le bienheureux de repas gratuits aux pauvres. Sa petite-fille, nommée Carol, est née avec un pied bot. Ray demande son aide au père Solanus : tenant le petit pied dans une main, le bienheureux le bénit. Quelques jours après, le médecin qui avait constaté le pied bot s’est « gratté la tête » en annonçant que le pied était désormais parfait !
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Arthur Rutledge, pompier à Detroit, est aussi bénévole aux soupes populaires du père Solanus. Il tombe malade : cancer de l’abdomen. Une opération de la dernière chance est programmée à l’hôpital de Detroit. Le jour venu, tandis qu’on l’amène jusqu’au bloc opératoire, le père Solanus passe dans le couloir emprunté par les infirmiers. « Hé ! Art, qu’est-ce qui se passe ? » Ce dernier lui dit qu’il est condamné en raison d’une tumeur. Devant le personnel surpris, le bienheureux pose une main sur l’abdomen du malade et déclare : « Demandez aux médecins de vous faire un dernier contrôle avant qu’ils n’opèrent. » Puis il s’éloigne comme si de rien n’était. Les spécialistes auscultent Arthur une ultime fois : la tumeur a disparu.
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Employé du quotidien Detroit News, John J. Regan reçoit dans l’œil du plomb en fusion utilisé dans l’impression des journaux. Hospitalisé à l’hôpital Harper de Detroit, John est déclaré par les médecins « définitivement aveugle ». Son épouse, apprenant la nouvelle, sollicite le père Solanus, qui lui promet que son mari recouvrera la vue. Elle informe le praticien qui assure que c’est impossible ! Au mieux, poursuit-il, John distinguera la lumière de l’obscurité. Deux semaines plus tard, lorsqu’on enlève les bandages des yeux de John, ce dernier dit au médecin : « Je vous vois. » Depuis, sa vision est excellente.
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À l’aube des années 1940, un agent immobilier, Luke Leonard, dit de lui-même qu’il est « un clochard alcoolique ». Vivant dans un hôtel miteux, il décide pourtant d’arrêter de boire d’un seul coup. Au bout de quelques heures d’abstinence, le delirium tremens (syndrome de sevrage alcoolique) lui cause des hallucinations monstrueuses. Tremblant de tous ses membres, il sort dans la rue et parvient avec peine à acheter une boisson non alcoolisée qu’il ne réussit pas à porter à sa bouche à cause des tremblements. Puis il se sent poussé à aller voir le père Solanus, qu’il ne connaît pas encore. Le bienheureux reçoit Leonard et devine tout de son alcoolisme et de sa récente décision. Le père bénit son visiteur. Quelques minutes plus tard, Luke est de retour dans la rue, mais il ne tremble plus et se sent « fortifié et avec un esprit libre ». Il n’a plus jamais pris un verre.
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À sa disparition, le 31 juillet 1957 à Detroit à l’âge de quatre-vingt-sept ans, il est déjà considéré comme un saint authentique. Puis, après plusieurs années d’enquête aux États-Unis et au Vatican, le frère capucin a été publiquement béatifié en 2017.
En savoir plus
Né dans le Wisconsin, Bernard Francis Casey est le sixième enfant d’une famille d’immigrés irlandais qui en compte seize. Son enfance et son adolescence sont marquées du sceau de la pauvreté et de la maladie : il contracte une diphtérie qui endommagera lourdement sa voix pour toute son existence.
À peine a-t-il fêté son quinzième anniversaire qu’il décide de quitter la maison familiale pour soulager ses parents, dont l’humble exploitation agricole suffit à peine pour nourrir les membres de la fratrie. Il décroche des petits emplois dans le Wisconsin, mais qui sont très peu payés. C’est une période difficile sur le plan matériel. Aussi tente-t-il sa chance dans l’État du Minnesota, où il est tour à tour employé comme bûcheron, aide-soignant, gardien de prison et conducteur de tramway.
Mais le jeune homme sait que sa vocation est ailleurs. Depuis son plus jeune âge, il prie, médite, aide les nécessiteux et lit la Bible. Sentant que Dieu l’appelle à une vie consacrée, il frappe à la porte du séminaire Saint Francis de Milwaukee, où il est admis en 1892. Il a vingt et un ans et découvre l’étendue infinie de l’amour de Dieu. Ses études sont un moment difficile qu’il surmonte dans la prière. Il a peu de dispositions naturelles pour la philosophie et la théologie et, de surcroît, une partie des cours est dispensée en allemand, langue qu’il ignore totalement. Toutefois, il trouve dans l’oraison et les sacrements la force de tenir et même de s’épanouir sur le plan spirituel.
À l’image d’un de ses modèles spirituels, saint François d’Assise , il veut se faire pauvre pour donner aux pauvres. Alors il franchit le pas : en 1897, il est admis chez les Capucins et prend le nom de Solanus pour l’éternité, en référence à François Solano, grand missionnaire espagnol du XVIe siècle.
Le 24 juillet 1904 (il a alors trente-trois ans), le frère Solanus Casey est ordonné prêtre par Mgr Sebastian Gebhard Messmer, archevêque de Milwaukee. Commence pour le futur bienheureux une longue période de joie et d’intense apostolat auprès des pauvres. On l’envoie dans différents couvents, notamment à New York puis à Detroit en 1924, où il restera plus de vingt ans, laissant un souvenir ému et admiratif auprès des populations les plus délaissées.
Ses frères en religion s’interrogent : comment expliquer que ce modeste prêtre, qui n’a même pas le droit de confesser et de prêcher tant sa formation théologique a été médiocre, convertisse tant de gens ? En effet, ses conseils évangéliques lui assurent une renommée qui dépasse de loin les Capucins et même les États-Unis. Religieux exemplaire, il réussit grâce à Dieu à accueillir toutes les personnes qui viennent le voir, de jour comme de nuit.
Avec la permission de ses supérieurs, il met sur pied des collectes de nourriture et de vêtements au profit des sans-abri et des familles pauvres. Il organise des repas gratuits dans les quartiers les plus misérables, toujours dans la joie et l’espérance.
Tour à tour simple portier et desservant de paroisse, il n’aspire à aucune reconnaissance, aucun honneur. Les personnes venant à lui savent qu’elles s’adressent avant tout à un ami de Dieu. Profondément humble, absorbé par une prière continuelle, Solanus Casey, pauvre parmi les pauvres, devient un phare spirituel et, à sa disparition, le 31 juillet 1957 à Detroit à l’âge de quatre-vingt-sept ans, il est déjà considéré comme un saint authentique.
Son procès en béatification s’ouvre le 26 octobre 1983 à Detroit. Le 11 juillet 1995, le pape Jean-Paul II reconnaît l’héroïcité de ses vertus. Après la reconnaissance d’un miracle obtenu grâce à son intercession, il est béatifié le 18 novembre 2017 à Detroit par le cardinal Angelo Amato, envoyé du pape François.
Patrick Sbalchiero, membre de l’Observatoire international des apparitions et des phénomènes mystiques.
Au delà
Religieux fervent, humble et obéissant en tout à ses supérieurs, il est un modèle de vie communautaire jusqu’à son dernier souffle. Il vit avec une joie parfaite la pauvreté, matérielle et spirituelle, qu’il considère comme un chemin privilégié vers le Christ. Son objectif, aider ses contemporains à se convertir, est pleinement atteint, comme l’atteste le nombre invraisemblable de témoignages à cet égard.
Aller plus loin
Un site Internet officiel lui est dédié : About Blessed Solanus Casey .
En complément
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Un article de Catholic Exchange, en anglais : « The Many Miracles of Solanus Casey ».
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James Patrick Derum, The Porter of Saint Bonaventure’s: The Life of Father Solanus Casey, capuchin, 1968 : première biographie, publiée peu après la mort de Solanus Casey.
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Michael Crosby, Solanus Casey, The Official Account of a Virtuous American Life, 2000 : rédigée à partir du dossier officiel de la cause de béatification.
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Leo Wollenweber, Meet Solanus Casey : Miracle Worker and Spiritual Counselor : écrit par un frère qui a travaillé étroitement avec lui.