
L’athlète Eric Liddell place Dieu devant les Jeux (1924)
Eric Liddell grandit en Écosse, où il devient un sprinter de haut niveau. En raison de sa foi chrétienne, il refuse de courir le 100 mètres aux Jeux olympiques de Paris, en 1924, car les séries ont lieu un dimanche, le 6 juillet 1924. Il s’aligne alors sur le 400 mètres, une épreuve dont il est moins spécialiste, mais qu’il remporte en battant le record olympique. Après ce succès fracassant, il choisit de quitter sa carrière sportive pour devenir missionnaire en Chine. Cette succession de décisions d’Eric Liddell ne peut être comprise que dans le cadre de l’ensemble de sa vie, façonnée par sa foi. Marié à une infirmière canadienne, il poursuit son engagement en Chine malgré les tensions liées à la guerre sino-japonaise. Interné par les Japonais en 1943, il meurt dans un camp de détention en 1945.
Les raisons d'y croire
Eric Liddell a refusé de participer à l’épreuve olympique du 100 mètres, sa discipline de prédilection, par respect pour le jour du Seigneur, montrant ainsi qu’il plaçait sa foi au-dessus de la gloire sportive.
Bien que le 400 mètres ne soit pas sa discipline de prédilection, Eric Liddell le dispute et arrive premier : il court avec un rythme qui semble au départ trop rapide, mais il réussit à maintenir cette vitesse jusqu’au bout. Contre toute attente, non seulement il remportela médaille d’or, mais il bat aussi le record du monde(47,6 secondes).
Une telle issue est très étonnante, car les profils physiologiques des coureurs, les entraînements et les qualités nécessaires pour le 100 et le 400 mètres sont très différents. Dans le premier cas, la durée de l’effort est d’une dizaine de secondes, contre quarante-cinq dans le second. Eric Liddell est donc entraîné pour fournir un type d’effort « explosif », mais ne sait a priori pas gérer un effort et une endurance musculaire sur 400 mètres.
À la suite de son triomphe olympique, il devient une figure nationale en Grande-Bretagne. Mais, au lieu de poursuivre une carrière sportive ou médiatique, il choisit de se consacrer à l’œuvre missionnaire et de mener une vie de service dans un pays lointain. Ce n’est pas par désintérêt du sport : il aime énormément la course, mais il aime davantage encore le Christ.
Interné dans un camp japonais en 1943, affaibli et malade, il continue à se dévouer aux autres. Il meurt deux ans plus tard dans ce camp, en exprimant sa confiance en Dieu, en dépit des épreuves qu’il a subies.
En savoir plus
Eric Henry Liddell est né le 16 janvier 1902 à Tianjin, en Chine, dans la concession britannique où ses parents, missionnaires écossais, sont engagés au service de la London Missionary Society. Dès son enfance, il bénéficie d’un environnement familial très pieux, marqué par une foi profonde et un engagement missionnaire. À l’âge de six ans, Eric et son frère Robert sont envoyés en Écosse pour y poursuivre leur scolarité, conformément à une pratique courante chez les familles de missionnaires. Il étudie à Eltham College, puis à l’université d’Édimbourg, où il excelle autant dans les sciences naturelles que dans le sport. Dès ses années universitaires, Eric Liddell se distingue par ses performances athlétiques, particulièrement dans les courses de sprint, et il remporte de nombreuses compétitions en Écosse.
Il est finalement sélectionné pour représenter la Grande-Bretagne aux Jeux olympiques de Paris (1924). Cependant, un événement imprévu survient. Liddell découvre que les séries du 100 mètres, sa discipline de prédilection, ont lieu un dimanche, jour consacré à Dieu. Il prend alors la décision de sacrifier cette épreuve pour préserver le jour du Seigneur. Repositionné sur l’épreuve du 400 mètres, pour laquelle il n’était pas initialement favori, Liddell réalise une performance exceptionnelle. Le 11 juillet 1924, il remporte la médaille d’or en établissant un nouveau record olympique avec un temps de 47,6 secondes. Quelques jours auparavant, il avait également remporté la médaille de bronze au 200 mètres.
Ces exploits olympiques font de lui une figure nationale en Grande-Bretagne, mais il refuse d’en tirer profit pour sa gloire personnelle. Dès l’année suivante, il quitte l’athlétisme de haut niveau pour retourner en Chine comme missionnaire, fidèle à la vocation qui l’anime depuis l’enfance. De retour à Tianjin, Eric Liddell enseigne la science et la morale chrétienne dans une école pour enfants chinois. Il se marie en 1934 avec Florence Mackenzie, une infirmière canadienne, avec qui il a trois filles. Avec l’invasion japonaise, le contexte politique et militaire en Chine devient de plus en plus instable. Tandis que la guerre s’intensifie, Liddell prend la décision difficile d’envoyer sa famille au Canada, pour sa sécurité, mais lui-même reste en Chine, convaincu que son devoir est de servir la population locale.
En 1943, il est interné par l’armée japonaise dans le camp de concentration de Weihsien, dans la province du Shandong, avec plusieurs centaines de ressortissants alliés. Malgré les conditions de détention éprouvantes, Liddell se montre infatigable dans son service aux autres : il enseigne, organise des activités sportives, soutient les plus vulnérables.
Il meurt dans ce camp le 21 février 1945, des suites d’une tumeur cérébrale inopérable, quelques mois seulement avant la libération du camp. Ses derniers mots, rapportés par un camarade interné, auraient été : « Je m’abandonne complètement », une ultime profession de foi exprimant sa totale confiance en Dieu.
David Vincent , doctorant en histoire des religions et anthropologie religieuse à l’École Pratique des Hautes Études.
Au delà
En 1981, le film d’Hugh Hudson, Les Chariots de feu, a popularisé son histoire en insistant sur sa victoire aux Jeux olympiques.
Aller plus loin
David McCasland, Eric Liddell: Pure Gold. The Olympic Champion Who Inspired Chariots of Fire, Discovery House Publishers, 2004.