
Le docteur José Gregorio Hernandez unit science, foi et charité
La vie de José Gregorio Hernandez (1864 – 1919), médecin vénézuélien et homme de foi, montre l’unité possible entre science et christianisme. Brillant chercheur et professeur, il met ses talents avant tout au service des pauvres, qu’il soigne gratuitement, voyant en eux le visage du Christ. En 1899, il fait profession dans le tiers ordre franciscain. Le « médecin des pauvres » meurt percuté par une voiture à Caracas, le 29 juin 1919, alors qu’il rendait service à un patient. Il est béatifié en 2021 et sa canonisation a été annoncée.
Les raisons d'y croire
José Gregorio Hernandez est un scientifique reconnu, diplômé en médecine, professeur d’université et auteur de travaux de biologie et de microbiologie. Il introduit notamment le microscope au Venezuela et fonde le premier bureau de bactériologie des Amériques. Or, pour cet homme brillant, la science n’est absolument pas en opposition avec la foi chrétienne, bien au contraire : la vérité scientifique confirme la sagesse divine. La vie de cet homme démontre que la foi chrétienne s’accommode pour le mieux avec l’intelligence critique et scientifique.
José Gregorio est mû par un authentique désir de sainteté. Sa foi pénètre tous les aspects de sa vie, en particulier sa vocation médicale. Sa façon d’être auprès des malades est un véritable témoignage évangélique : il refuse des positions prestigieuses afin de garder du temps pour soigner gratuitement les démunis. Il paie lui-même leurs médicaments et les visite personnellement avec régularité. Cet amour désintéressé pour son prochain découle de la charité chrétienne et incarne le commandement de Jésus : « Ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait» ( Mt 25,40 ).
En 1919, la population de Caracas est émue par son décès, et sa tombe devient instantanément un lieu de pèlerinage. Peu à peu, nombreuses sont les personnes à témoigner de protections providentielles, de consolations dans l’épreuve, de conversions ou de guérisons inexpliquées reçues par son intercession, ce qui fait encore grandir sa renommée.
Il est proclamé bienheureux en 2021 après qu’une guérison qui lui était attribuée a fait l’objet d’une enquêtée et a été reconnue miraculeuse. Blessée gravement à la tête en 2017 lors d’un cambriolage, une fillette de Caracas, Yaxury Solorzano Ortega, subit une lourde opération chirurgicale du crâne (une partie de l’os crânien pariétal est retirée). Les médecins préviennent qu’il y aura des conséquences neurologiques et que la petite fille présentera un handicap. Mais la mère prie le vénérable José Gregorio Hernandez et la jeune fille sort indemne de l’hôpital quelques jours plus tard.
En savoir plus
José Gregorio naît le 26 octobre 1864 dans le petit village d’Isnotu, dans l’État de Trujillo, au Venezuela. Son père et sa mère, de modestes commerçants, lui transmettent dès l’enfance une éducation centrée sur le travail, la foi et la générosité. Très jeune, il se distingue à la fois par sa curiosité intellectuelle et son intérêt pour la science, mais aussi par sa ferveur religieuse. Orphelin de mère à l’âge de huit ans, il développe une sensibilité profonde à la souffrance humaine. C’est dans ce contexte que naît sa vocation : devenir médecin pour servir les plus démunis.
À dix-sept ans, José Gregorio part étudier la médecine à Caracas. En 1888, à seulement vingt-quatre ans, il obtient son doctorat en médecine. Déjà, ses collègues le décrivent comme un homme brillant et humble, d’un engagement moral irréprochable.
Soucieux d’approfondir ses connaissances, il part ensuite à Paris pour se spécialiser en microbiologie, histologie et pathologie. Il y découvre les avancées médicales européennes. Il apprend aussi plusieurs langues : le français, l’allemand, l’anglais, l’italien, le portugais, et approfondit sa maîtrise du latin. Il étudie également la musique, la philosophie et la théologie. Ce bagage culturel impressionnant servira toute sa vie son travail et sa mission.
Là où d’autres s’abandonnent aux mondanités, José Gregorio ne se laisse pas emporter par les plaisirs frivoles de la Belle Époque. Il mène une vie très sobre, rythmée par l’étude, la prière et la charité.
À son retour au Venezuela, il mène une carrière universitaire brillante. Dans cet environnement fondamentalement matérialiste, il professe ouvertement sa foi catholique. Il refuse ensuite des offres prestigieuses, préférant enseigner à l’université de Caracas et soigner les plus pauvres. Il révolutionne la pratique médicale du pays en y introduisant les méthodes modernes d’analyse scientifique. Il fonde également le premier laboratoire de bactériologie d’Amérique et participe à la création de l’Académie nationale de médecine du Venezuela.
Mais, ce qui frappe le plus ses contemporains, c’est la gratuité avec laquelle il exerce sa profession. Nombreux sont les témoignages de patients soignés sans qu’il demande un centime, notamment dans les quartiers les plus défavorisés de Caracas. Pour beaucoup, il n’est pas seulement un médecin, mais un ami, un « ange envoyé par Dieu ». Sa foi chrétienne, vivante et incarnée, est le cœur de sa vocation.
José Gregorio ressent depuis sa jeunesse l’appel à une vie plus radicalement donnée à Dieu. En 1899, il entre dans le tiers ordre franciscain, adoptant un mode de vie austère, fait de prières, de jeûnes et de services. Se sentant appelé à la vie consacrée contemplative, il entre à la chartreuse de Farneta (Lucques, Italie) en 1908, puis au séminaire de Sainte-Rose-de-Lima, et suit des cours de théologie à Rome, à l’école pontificale d’Amérique latine. Mais sa santé fragile l’empêche chaque fois de mener à bien ces engagements (pleurésie, puis début de tuberculose…). Il revient donc à Caracas, non pas découragé, mais avec une ardeur renouvelée pour servir les pauvres : il décide d’exercer sa vocation chrétienne en tant que laïc, auprès de ses malades.
Le 29 juin 1919, alors qu’il sort d’une pharmacie où il a acheté des médicaments pour une personne malade, José Gregorio est violemment percuté par une voiture. Transporté en urgence à l’hôpital, il meurt peu après, à l’âge de cinquante-quatre ans, en murmurant : « Ô Sainte Vierge !»
Dès le lendemain, une foule immense se rend à son domicile, puis à sa tombe. Les journaux titrent : « Un saint est mort. » Ses funérailles sont célébrées en présence des autorités religieuses, politiques, universitaires et de milliers d’anonymes. À mesure que des grâces sont reçues par son intercession, son image devient omniprésente dans les foyers vénézuéliens. On lui attribue une proximité particulière avec les malades, les étudiants et les médecins.
En 1986, le pape Jean-Paul II le déclare vénérable, reconnaissant l’héroïcité de ses vertus. En 2020, un miracle est officiellement reconnu, ouvrant la voie à la béatification de José Gregorio, qui est célébrée le 30 avril 2021 à Caracas, suscitant une profonde émotion nationale. Le décret de canonisation est signé le 25 février 2025 par le pape François.
Solveig Parent
Au delà
Plus qu’un médecin ou un scientifique, il incarne une figure d’unité nationale. Aujourd’hui, sa mémoire suscite toujours un immense engouement populaire, bien au-delà des sphères catholiques, et même bien au-delà du Venezuela.
Aller plus loin
Francisco Javier Dupla et Axel Capriles M., His Name was Jose Gregorio Hernandez. A Venerable Servant of God, 2018. Cet ouvrage en anglais souligne le mariage entre science, vertu et piété .
En complément
Maria Matilde Suarez et Carmen Bethencourt, José Gregorio Hernandez: del lado de la luz, Fundacion Bigott, 2000. Biographie en espagnol, appuyée sur des archives et témoignages.
Yahvé Marcelo Alvarez Maza, Doctor José Gregorio Hernandez. Redescubriendo al venerable que ya es beato, 2023 (approche centrée sur sa béatification, avec témoignages modernes et éclairage sur les miracles attribués).
L’article Zenit : « Causes des saints : un miracle dû à J. Gregorio Hernandez, médecin du Venezuela ».
L’article de VaticanNews : « Jose Gregorio Hernandez bientôt saint, joie au Venezuela ».