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© CC0 / Détail de La Vocation de Louis de Gonzague par Le Guerchin, vers 1650, The Metropolitan Museum of Art, New York.
Les saints
Castiglione (Italie)
Nº 672
1568 – 1591

Saint Louis de Gonzague : la grâce de Dieu plutôt que la gloire du monde (+1591)

Chef d’une illustre famille princière italienne du XVIe siècle, Ferdinand de Gonzague destine son fils aîné à une carrière militaire et politique. Cependant, dès son plus jeune âge, Louis choisit une autre voie : il montre une piété et une dévotion exceptionnelles. Malgré les tentatives de son père pour l’en dissuader, il persévère dans sa décision de se consacrer à Dieu et renonce totalement à son héritage et à ses titres pour entrer en religion dans la Compagnie de Jésus. De sa naissance providentielle à sa mort au chevet des pestiférés, le 21 juin 1591, l’œuvre de la grâce divine est visible dans cette vie totalement abandonnée à Dieu.


Les raisons d'y croire

  • La vie de Louis est un signe visible de la Providence dès avant sa naissance : sa mère implore le Ciel pour avoir un enfant et elle est exaucée peu de temps après. Mais l’accouchement se présente très mal ; aussi promet-elle de se rendre en pèlerinage à la Santa Casa de Lorette si l’enfant est sauvé, et de le consacrer à Dieu dans le secret.

  • Lorsque Louis a huit ans, il se retrouve dans une église au milieu d’une foule présente pour écouter un religieux réputé pour sa piété et ses dons surnaturels, de passage à Castiglione. Ce dernier l’interpelle en criant : « Voyez-vous celui-là, il ira au Ciel et sera comblé de gloire. » Deux témoins oculaires ont attesté sous serment cette révélation.

  • De fait, dès sa jeunesse, des signes exceptionnels annoncent les grâces mystérieuses dont Louis est comblé. À neuf ans, il prononce secrètement un vœu de virginité dans l’église de l’Annunziata, en cadeau à la Sainte Vierge. Il décide vers treize ans de céder son titre d’héritier à son frère car, dit-il, « mieux vaut servir Dieu que de régner sur toute la terre » (témoignage direct de son serviteur Ghisoni). Ces choix manifestent sa foi profonde en un Royaume qui dépasse infiniment les biens terrestres, en cohérence avec l’Évangile.

  • Avant même d’être religieux, alors qu’il n’est que jeune adolescent, Louis s’afflige de multiples pénitences par pur amour du Christ ; un comportement étonnamment précoce qui consterne son entourage. Il souhaite de cette façon s’unir aux souffrances du Christ et réparer les blasphèmes et outrages qui lui sont faits, estimant toutefois que cela ne sera jamais suffisant. Une telle radicalité et maturité spirituelle ne s’atteignent pas sans une inspiration divine.

  • Les quatre confesseurs qui l’ont suivi tout au long de sa vie attestent qu’il n’a jamais commis de péché mortel et qu’il a été préservé de l’impureté, alors que le naturel de son tempérament sanguin et ardent laissait augurer des choses différentes.

  • Un jour, en pleine oraison et après de nombreuses demandes au Seigneur quant à l’ordre à rejoindre, il entend très distinctement une voie lui dire de choisir la Compagnie de Jésus, abandonnant de fait tout honneur ecclésiastique auquel il aurait pu prétendre dans d’autres ordres, et donc en opposition avec les souhaits de son père.

  • Il patientera deux années avant de rejoindre les Jésuites, pendant lesquelles son père fait tout ce qu’il peut pour le détourner de son dessein, notamment en l’envoyant à la cour de Florence et de Madrid. Mais Louis ne fléchit pas.

  • La prière persévérante de Louis porte des fruits : son père finit par se raviser. Plus qu’un changement d’avis, c’est une conversion totale et inattendue : Ferdinand cesse totalement les jeux d’argent, se met à prier avec les psaumes, se confesse régulièrement et exprime de sincères regrets : « Mon fils, tu m’as frappé au cœur [...]. J’avais placé en toi toutes mes espérances et celles de notre maison ; mais, puisque Dieu t’appelle, comme tu me l’assures, je ne veux pas te retenir. Va, mon fils, où il te plaît d’aller : je te donne ma bénédiction.»

  • Lors d’un voyage avec des frères jésuites, son ange gardien lui apparaît sous la forme d’un jeune homme, le temps de montrer le meilleur endroit où traverser à gué une rivière grossie par l’orage.

  • La voix de Dieu révèle à Louis sa mort prochaine et l’invite à vivre ces derniers moments dans un détachement total des choses de ce monde. Il reçoit ensuite la certitude et la précision de la date du jour de sa mort, le 21 juin 1591, veille de la Fête-Dieu, comme il l’avait souhaité. Il partage cette connaissance avec son entourage, qui a du mal à le croire, trouvant que sa santé, au contraire, s’améliore.

  • Dès sa béatification par le pape Paul V, en 1604, au moins trente et un miracles sont examinés pour soutenir sa cause canonique, et reconnus authentiques. Ils sont recensés et, parmi ceux-ci, le premier, la guérison de sa mère, est particulièrement célèbre.


En savoir plus

Né de famille royale espagnole par sa mère et princière italienne par son père, Aloys ou Louis de Gonzagua naît le 9 mars 1558 à Castiglione delle Stiviere (Brescia, Italie). Sur son certificat de baptême, il est le seul pour qui est ajoutée cette phrase en latin : « Qu’il soit heureux et cher à Dieu trois fois bon, trois fois grand et pour le bien des hommes qu’il vive éternellement !»

Il est éduqué pieusement par sa mère et on retient de son enfance qu’il aime très tôt se cacher pour prier, et qu’il est naturellement rempli de compassion pour les pauvres. Il ne cherche qu’une chose : trouver comment rester uni au Christ à toute heure, chaque jour. À l’âge de huit ans, dix-huit mois durant, il est atteint de fièvres chroniques : pendant tout ce temps, il ne diminue pas les prières qu’il aime réciter quotidiennement, notamment les sept psaumes de la pénitence et les prières à Notre Dame.

Il n’aime pas du tout prendre part aux conversations mondaines ou aux démonstrations de richesse, au grand dam de son père, Ferdinand. Celui-ci, au contraire, souhaite développer chez Louis un esprit militaire et une attitude courageuse, car il veut qu’il sache manier les armes et se montrer vaillant. On peut comprendre qu’à cette époque, il soit difficilement concevable pour son père que Louis cède ses titres et ses droits d’héritier. Néanmoins, pendant des années, celui-ci ne fait rien pour voir ce qui se passe dans le cœur de Louis. Absorbé par ses projets et ses vices, Ferdinand ne veut pas voir la soif spirituelle de son aîné.

Doué d’une grande sensibilité d’âme, Louis verse régulièrement des larmes, pendant la messe, à l’élévation du Corps du Christ. Son entourage remarque ses attentions envers les pauvres. Louis est profondément charitable et associe cette vertu à celle de la pauvreté en bannissant toute distinction sociale le liant à son rang : « Les cendres d’un prince ne se distinguent pas de celles d’un pauvre.»

Pourtant, Ferdinand nie toute possibilité de voir son fils dans les ordres. Face à ce refus total, Louis, quinze ans, obéit et patiente pendant près de deux ans. Ferdinand de Gonzague fait tout ce qu’il peut pour détourner Louis de son dessein, mais « je suis prêt à mourir mille fois plutôt que d’abandonner ma ferme résolution de servir Dieu», exprime-t-il au père Claude Aquaviva, général de la Compagnie de Jésus.

Louis goûte à la privation dans le vœu d’obéissance à ses supérieurs : chaque renoncement est un réel élan d’amour pour le Christ et non une recherche de perfection ou d’abnégation pour sa propre gloire. Il reste, malgré sa profondeur, quelqu’un d’affable et d’agréable à écouter. Il n’est pas un « saint triste » et sa compagnie est recherchée.

Le 25 février 1588, on applique la tonsure à Louis en l’église Saint-Jean-de-Latran. Il est désormais entièrement donné au Seigneur. Ses supérieurs reconnaissent rapidement sa ferveur spirituelle, sa pureté, sa charité et sa grande intelligence.

En 1591, une grave épidémie de peste frappe Rome. Louis, alors étudiant au Collège romain, se dévoue corps et âme au service des malades et des mourants dans les hôpitaux jésuites. Il surmonte son propre dégoût et la peur de la contagion pour porter et soigner les pestiférés. C’est en accomplissant ce service de charité qu’il contracte lui-même la maladie. Sur son lit de mort, il reçoit la communion, conservant contre son cœur un crucifix, pour ne pas risquer d’oublier Jésus dans les moments de douleurs de sa fin de vie. Il n’est jamais laissé seul un instant tant on veut se recommander à lui, ce qui permet une transcription exacte des détails de sa mort.

Il est transporté au Ciel le 21 juin 1591, son visage éclairé par un sourire angélique. Lors de la préparation de son corps pour l’enterrement, on découvre des cales sur ses genoux, formées par les nombreuses heures passées à prier à genoux. On traite son corps comme une relique en le disposant dans un cercueil à la demande du supérieur, contre l’habitude des jésuites d’être enterrés à même la terre, car tous s’accordent à dire que sa vie était exemplaire en sainteté. Des reliques sont conservées spontanément par les fidèles et par ses frères. Il est inhumé dans une chapelle de l’église du Collège romain des Jésuites.

Le pape Benoit XIII le canonise le 26 avril 1726 et il est ajouté au martyrologe romain à la date du 21 juin, jour de son entrée au Ciel. « Maintenant, ô mon âme, contemple la beauté de ces citoyens du Ciel, étoiles du matin, brillants soleils de la cité de Dieu, purs miroirs qui réfléchissent les perfections infinies du Créateur » (méditation de saint Louis de Gonzague sur les saints anges).

Saint Louis de Gonzague est souvent représenté avec un lys (symbole de pureté), une croix (symbole de sacrifice et de piété) et un crâne (rappel de sa mort précoce et de la vanité du monde).

Étant donné les innombrables miracles obtenus dès sa mort par saint Louis de Gonzague, on a l’habitude de l’invoquer dans des situations très variées. Il est particulièrement sollicité pour la jeunesse et les étudiants, mais aussi, en raison de son sacrifice et de sa compassion face à la maladie, pour les malades, en particulier ceux atteints du Sida. Il obtient aussi des grâces pour ceux qui souhaitent progresser spirituellement et renoncer au monde, pour embrasser une vie plus parfaite.

Élisabeth de Sansal, diplômée de bioéthique à l’université pontificale Regina Apostolorum.


Au delà

On retrouve après sa mort des écrits spirituels qui apportent des conseils précieux, en particulier sur l’humilité, l’obéissance, la pauvreté et la charité, qui éclairent encore sur la profondeur de son âme.


Aller plus loin

Père Charles Clair, S.J., La Vie de Saint Louis de Gonzague, d’après Virgile Cépari, son premier historien.


En complément

  • L’article d’Aleteia : « Louis de Gonzague, le pestiféré et l’"agere contra" ».

  • Acta Sanctorum, t. IV, Junii, Bollandistes (livres d’hagiographie critique conservés par les Jésuites).

  • Père Virgile Cépari (son premier biographe), Vie de Saint louis de Gonzague, en latin Vita beati Aloysii Gonzagae Societatis Iesu, Rome, 1606.

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