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Les visionnaires
Italie
Nº 661
1769 – 1837

La précognition surnaturelle d’Anna Maria Taigi (+1837)

Les perceptions sensorielles de certains saints ne sont pas les nôtres. Ainsi l’Église signale-t-elle plusieurs mystiques capables de sentir, non les odeurs corporelles mais celles de la vertu, ou du péché. Ce fut le cas d’Anna Maria Taigi, mère de famille et mystique italienne décédée le 9 juin 1837 à 68 ans. Les étonnants charismes dont elle bénéficie (guérisons, prophéties, lecture des cœurs…) seront autant de preuves manifestes de l’existence de Dieu apportées aux incroyants.


Les raisons d'y croire

  • Nous sommes parfaitement renseignés sur la vie et les charismes d’Anna Maria grâce aux personnes de son entourage qui prirent en notes, elle-même ne sachant pas écrire, l’ensemble des événements extraordinaires, prophéties et précognitions dont sa vie fut tissée. On a parfois accusé les ecclésiastiques d’outrance et d’exagérations mais les enquêtes romaines des procès de béatification et canonisation ne laissent aucun doute sur leur bonne foi et la réalité des faits. Ils sont de surcroît confirmés par des témoins laïcs, parfois de haute naissance et par la fille de la bienheureuse, Sofia.

  • Jusqu’à son mariage, en 1790, la vie d’Anna Maria Giannetti est tout à fait ordinaire : une jeune fille de vingt ans comme les autres, coquette, parfois imprudente, d’une piété normale. Tout change un an après, lorsque le Christ lui révèle qu’il veut faire d’elle une sainte et l’a choisie pour expier et réparer les péchés et les drames de son temps. Peu à peu, Anna Maria, en en discutant avec son mari, renonce à ses parures, ses bijoux, ses distractions et ses petits plaisirs.

  • Sans jamais cesser d’être une épouse et une mère exemplaire pour ses sept enfants, elle consacre désormais son temps à la prière et à la charité, vivant dans la présence de Dieu, souvent ravie en extase, ce dont elle se plaint, disant : « Cela suffit, Seigneur ! Je suis mère de famille. » Notre-Dame lui expliquera qu’elle doit ainsi montrer qu’il est possible de se sanctifier dans tous les états de vie.

  • Elle reçoit de Dieu la vision constante d’un globe de lumière dont la clarté augmentera tandis qu’elle avance en sainteté, couronné d’épines et dans lequel siège une femme qui représente la Sagesse divine. Dans cette clarté, Anna Maria aura désormais jusqu’à sa mort la vision parfaite et détaillée de nombreux événements passés, présents ou futurs à travers le monde, la connaissance des pensées de ceux qui l’approchent, la révélation des complots qui se trament contre l’Église et la connaissance du sort éternel des âmes. Ainsi pourra-t-elle décrire par le menu des événements géographiquement lointains, tels l’incendie de Moscou en 1812, la mort de Napoléon ou la chute de Charles X, à l’instant même où ils se produisent et avec maints détails. Elle annonce aussi la mort de Pie VI, les élections de ses successeurs, les malheurs de Pie IX, la guerre de 1870, celles de 1914 et 1939, et bien d’autres choses.

  • Jamais elle ne se servira de ce don merveilleux pour jouer les diseuses de bonne aventure ou gagner de l’argent alors qu’elle est très pauvre.

  • Cette connaissance miraculeuse lui est une source de souffrance, non seulement parce qu’elle est l’objet des moqueries du voisinage qui la traite de sorcière, de la méfiance de certains prêtres qui lui refusent parfois la communion mais aussi parce qu’elle prend une conscience exacerbée du péché dont elle éprouve physiquement les effets : cela lui cause une douleur indicible et constante, sa bouche est presque toujours emplie d’un goût de fiel et l’air qui l’entoure, trop souvent empesté. Elle perçoit donc le vrai parfum des choses et des gens.

  • Anna Maria devine par exemple à l’odorat quand elle entre dans une église dans quel tabernacle se trouve la réserve eucharistique, et sait si l’hostie qu’on lui donne est consacrée ou pas ; elle ne se trompe jamais.


En savoir plus

Née à Sienne le 29 mai 1769, Anna Maria Giannetti arrive à Rome à l’âge de dix ans après la faillite de son père, un pharmacien fainéant. Ses parents vont beaucoup souffrir de leur déchéance sociale et s’en venger sur leur fille qui n’y peut pourtant rien, mais tout en comptant sur sa beauté pour les enrichir.

Après de très courtes études - elle sait à peine lire - Anna, devenue femme de chambre chez une mondaine, choisit d’épouser un portefaix qui travaille au palais voisin, Domenico Taigi. C’est un brave garçon dont elle adoucira le caractère emporté et violent par sa patience et son amour. Toute sa vie, elle devra composer avec ses parents aigris demeurés à sa charge, son mari coléreux, ses sept enfants, ses brus... Sa vie de famille pénible sera pour elle un puissant moyen de sanctification.

En 1790, Dieu l’appelle à devenir sainte pour expier les péchés et les crimes de la période révolutionnaire et devenir « le rempart de l’Église ». Puis il lui demande si elle veut servir le Christ triomphant ou souffrant. Anna répond qu’elle « veut embrasser la croix ». Elle sera exaucée. Aux difficultés financières et familiales, à la mort de quatre de ses enfants et au mépris de ses voisins s’ajoutent une longue nuit de l’âme où elle se sent abandonnée de Dieu. Elle endure également d’innombrables et pénibles maladies et de violentes persécutions démoniaques pour le salut du pape, la purification de la catholicité et le salut des pécheurs.

Les étonnants charismes dont Anna Maria Taigi bénéficie seront autant de preuves manifestes de l’existence de Dieu apportées aux incroyants. Elle est par exemple capable de sentir, non les odeurs corporelles mais celles de la vertu, ou du péché. Alors qu’elle se rend chaque jour à l’hôpital San Giacomo pour réconforter les malades, elle y retrouve une malheureuse atteinte d’une maladie vénérienne transmise par son mari dont la syphilis a détruit si horriblement le visage qu’elle doit le cacher sous un voile. Cette femme dégage par ailleurs une odeur si pestilentielle que personne ne veut l’approcher. À sa fille Sofia qui se plaint du temps passé au chevet de cette malade et demande à sa mère comment elle peut y rester, Anna Maria répond : « C’est que tu ne sens pas le parfum de son âme » et elle précise que la vénérienne « passera directement de son lit de douleur au paradis », ce qui est fort rare.

Anna Maria Taigi meurt à Rome le 9 juin 1837 en odeur de sainteté. Elle a été béatifiée en 1906. Son corps, parfaitement conservé jusqu'en 1920, repose à Rome dans la Basilique San Crisogono.

Spécialiste de l’histoire de l’Église, postulateur d’une cause de béatification, journaliste pour de nombreux médias catholiques, Anne Bernet est l’auteur de plus d’une quarantaine d’ouvrages pour la plupart consacrés à la sainteté.


Au delà

Anna Maria Taigi a prophétisé un temps de ténèbres et de persécutions suivi par une renaissance miraculeuse de la foi, la conversion des juifs et des musulmans et le triomphe de l’Église


Aller plus loin


En complément

  • Mgr Chaillot, Analecta juris pontificii, 1864-1877.

  • Mgr Luquet,  Anna Maria Taigi, Putois Cretté, 1849.

  • Calixte de la Providence, Anna Maria Taigi, 1876. Disponible en ligne .

  • Décret de béatification du Cardinal Salotti  : Beata Anna Maria Taigi, 1922. En italien 1922.

  • Gabriel Bouffier, Anna Maria Taigi, 1935.

  • Albert Bessières, La bienheureuse Anna Maria Taigi, mère de famille, DDB, 1936.

  • Sergio Lorit, La sainte aux sept enfants, Nouvelle Cité, 1964.

  • Les notices biographiques proposées par le site La Porte Latine ou du Guides des Saints Hozana .

  • Le site anglais dédié à la bienheureuse Anna Maria Taigi : taigivision.com .

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