
Le Seigneur guérit à travers le père Émilien Tardif (+1999)
Un message et un langage simples, des gestes sobres, l’accent canadien chaleureux : Émilien Tardif est un prêtre québécois qui n’a pas pour habitude de jouer sur la corde de l’émotion, mais s’inscrit plutôt dans l’action, sans peur de laisser le Christ vivant à l’œuvre. Il part du principe, vécu, que « tous ont besoin de faire une rencontre personnelle avec Jésus, les yeux ouverts ». Ce missionnaire est un exemple de foi en la toute-puissance de Dieu. « Par les guérisons que le Seigneur faisait, notre groupe ressemblait au banquet du royaume des Cieux : les invités étaient les boiteux, les sourds, les muets et les pauvres », témoigne-t-il. Au cours de sa vie, ce sont en effet des milliers de malades du corps ou de l’âme qui se retrouvent guéris par son intermédiaire. Profondément transformés par l’expérience de l’amour du Christ, ils changent ensuite totalement de vie, dans une foi renouvelée.
Les raisons d'y croire
Enfant, Émilien fait un rêve dans lequel il enseigne une foule et guérit des gens au nom de Jésus, ce qui le décide à devenir prédicateur.
Atteint soudainement, le 14 juin 1973, d’une tuberculose pulmonaire aiguë, il guérit instantanément de manière inexpliquée, avant toute tentative efficace de traitement, grâce à la prière simple et désintéressée d’un groupe de chrétiens venus le visiter à l’hôpital. En sentant une grande chaleur l’envahir dans ses poumons, il entend une voix lui dire avec force : « Je ferai de toi un témoin de mon amour. »
Depuis ce jour, son ministère est transformé. Fort du témoignage de sa guérison miraculeuse, il se met à prêcher la miséricorde du Seigneur. En mission en République dominicaine, il est témoin chaque semaine de guérisons lors des prières spéciales prononcées pour les malades. Il reçoit aussi le don de prononcer des paroles de connaissance sur les personnes que Jésus guérit. Les miraculés sont nombreux à témoigner et confirment les paroles de connaissance que le père Tardif reçoit de façon inspirée.
Ces charismes sont des dons spirituels reconnus et mentionnés dans le Nouveau Testament ( 1 Co 12 ) : la guérison, la prophétie, la glossolalie (prière en langues), l’interprétation des langues, les paroles de sagesse et de connaissance, la foi, les miracles, le discernement des esprits, l’enseignement, l’exhortation, etc.
Des foules de personnes se pressent donc pour entendre le père Tardif ou espérer une guérison (jusqu’à 70 000 personnes !) Cependant, cela n’altère jamais son humilité ni son émerveillement devant les œuvres de Dieu. Il rappelle toujours que « c’est le Seigneur qui guérit » et insiste sur le pouvoir de la prière de guérison et d’intercession, et sur celui des sacrements de l’Église : l’Eucharistie et la confession, comme lieux de rencontre avec la grâce divine.
Les guérisons bouleversent non seulement physiquement la vie du malade, mais aussi leur âme, les rendant confiantes en Dieu, remplies d’amour pour lui et courageuses pour changer de vie, parfois même au prix de grands sacrifices.
Les témoignages ne manquent pas. Le père Tardif reçoit de nombreuses lettres de personnes guéries miraculeusement ou concernées par des paroles de connaissances. Plusieurs sont retranscrites dans son livre Jésus a fait de moi un témoin. Dieu guérit aujourd’hui ! À Pimentel, c’est par exemple Mercedes Dominguez, aveugle depuis dix ans, qui recouvre la vue lors d’une réunion de prière, à l’occasion de laquelle plus de 20 000 personnes participent à la messe, attirées par le simple témoignage du père Émilien.
On peut donner aussi donner l’exemple d’une prostituée, qui, atteinte d’un cancer de l’utérus, se rend un jour à la messe du père Émilien à Nagua, ville de République dominicaine tristement réputée pour sa prostitution. La femme l’entend prononcer une parole de guérison la concernant. Honteuse de sa condition, elle ne retourne que le lendemain témoigner qu’il s’agissait bien d’elle, car elle avait ressenti alors une forte chaleur dans son ventre au moment où le père Émilien avait prononcé ces paroles. Elle est de fait totalement guérie de son cancer.
« Nagua était la ville de la prostitution, mais maintenant c’est la ville de la prière. » Sur les vingt et une maisons closes de la rue Mariano-Perez, dix-sept ont fermé et sont devenues des maisons de prière et de repentir. Sur cinq cents maisons recensées dans la ville, 80 % ont définitivement fermé leurs portes, non pas sous la contrainte, pour suivre une législation, mais grâce à la conversion sincère des habitants. L’exemple de la transformation générale de cette ville illustre parfaitement que les miracles et prodiges « ne sont pas des ornements accidentels, mais des véhicules d’évangélisation », écrit le père Tardif.
En savoir plus
Émilien Tardif, surnommé Emiliano, naît à Saint-Zacharie de Beauce, au Québec, le 6 juin 1928. Il arrive au monde dans une grande fratrie – ils seront quatorze enfants. La santé de sa mère est très fragile (il lui avait d’ailleurs été conseillé de ne plus avoir d’enfant) ; aussi s’attend-on au pire à l’accouchement de ce neuvième enfant, qui s’annonce difficile, pour la maman comme pour le bébé. Deux médecins et le prêtre de la paroisse sont présents, ce qui témoigne de la gravité de la situation pour l’époque. Malgré le danger pour la vie d’Anna Tardif, cette dernière décide de donner naissance à l’enfant, déclarant : « Il vaut mieux mourir en état de grâce que mourir en état de péché. Je préfère me sacrifier et donner naissance à l’enfant. » Et Émilien naît sans aucune difficulté ni séquelle.
Très tôt, Émilien ressent une vocation religieuse inspirée par les sermons d’un missionnaire au Japon. Il entre à l’école apostolique en 1949 et est ordonné prêtre Missionnaire du Sacré-Cœur en 1955. Il part l’année d’après pour la République dominicaine, où il passe « beaucoup de temps à des tâches matérielles » dans la construction de chapelles, de séminaires et la recherche d’argent, comme il l’écrira plus tard. S’épuisant à la tâche, ne comptant pas ses heures, il tombe gravement malade, contractant une tuberculose aiguë, et il doit être rapatrié au Québec en 1973. Il pense vraiment qu’il va mourir et dit ne plus rien contrôler. À l’hôpital, un groupe de laïcs lui rend visite et lui propose de dire une prière de guérison avec lui. À ce moment-là, Émilien s’intéresse peu aux actions du renouveau charismatique : « Avant ma guérison d’une tuberculose pulmonaire aiguë, en 1973, et ma conversion au renouveau charismatique, j’étais un prêtre sérieux, provincial de ma congrégation à Saint-Domingue, président de la Conférence des religieux. Je trouvais toutes ces choses comme « parler en langues » ou imposer les mains bien ridicules », plaisante-t-il. Il se sent donc gêné par la proposition. Il accepte par politesse plus que par conviction… Et c’est l’événement qu’il considère comme le tournant essentiel de son ministère qui s’opère : « Vous êtes parfaitement guéri, mais cela va à l’encontre de toutes nos théories médicales. Nous ne savons pas ce qui s’est passé », lui disent les médecins interloqués en le laissant partir de l’hôpital. Désormais guéri, il ne peut garder cela pour lui. « Jésus vivant était en train de donner la vie non seulement à mes poumons, mais aussi à mon sacerdoce, à tout mon être. »
Après cela, le père Émilien exerce son ministère de guérison et d’évangélisation en République dominicaine, d’abord à Nagua, puis à Pimentel. Il se déplace dans plus de soixante-douze pays, où il est appelé pour témoigner. Il fonde aussi une école d’évangélisation et écrit des livres.
Le 8 juin 1999, à Cordoba, en Argentine, alors que le père Tardif prêche une retraite pour des prêtres, il meurt subitement d’un arrêt cardiaque. En peu de temps, il est devenu une figure marquante du renouveau charismatique catholique, reconnu pour son charisme de guérison, priant pour les malades par l’imposition des mains au nom du Seigneur. Un procès en vue de sa béatification est ouvert en 2007. Son héritage spirituel se poursuit aujourd’hui à travers l’École d’évangélisation Père Émilien Tardif et à travers les nombreuses personnes touchées par son ministère.
Le renouveau charismatique catholique naît pour la première fois en 1967 lors d’une retraite d’étudiants catholiques à l’université Duquesne, à Pittsburgh, en Pennsylvanie (États-Unis). Ces étudiants, après avoir prié pour une effusion de l’Esprit Saint, vivent des expériences qu’ils interprètent comme un « baptême dans l’Esprit », marquant le début du mouvement au sein de l’Église catholique. Il se répand rapidement à travers le monde et donne naissance à de nombreux groupes de prière, communautés nouvelles et initiatives d’évangélisation. Le 15 septembre 1993, au cours d’une réunion qui se tient à Collevalenza (Italie), le père Émilien et le père Michele Vassallo décident de donner un nom à l’association qui s’inscrit dans ce mouvement du renouveau charismatique. Ils choisissent de l’appeler « Association charismatique des serviteurs du Christ vivant ». Le 20 avril 1994, des éminences ainsi que le père Tardif remettent aux quarante premiers animateurs de l’association la flamme de la nouvelle évangélisation. Le 13 mai 1996, l’association obtient le décret de reconnaissance diocésaine. Le 21 janvier 2009, le Conseil pontifical pour les laïcs décrète la reconnaissance de l’Association internationale des serviteurs du Christ vivant comme association internationale de fidèles.
Élisabeth de Sansal, pigiste, a étudié la bioéthique pendant quatre ans à Rome.
Au delà
Le père Tardif rappelle qu’il est primordial d’annoncer le kérygme (du grec κήρυγμα, qui signifie « proclamation » ou « prédication »), c’est-à-dire le message essentiel et urgent que le Christ est venu nous annoncer.
– Il est mort sur la Croix et ressuscité d’entre les morts pour nous sauver du péché. – Il aime chacun de nous d’un amour incommensurable et inconditionnel, sans distinction. – Par la résurrection et l’ascension de Jésus, l’Esprit Saint nous inonde de sa grâce, donnant de la puissance aux croyants et inaugurant une nouvelle vie dans le Christ.
Bien compris, le kérygme est l’étincelle qui allume la foi dans le cœur de l’homme et le convainc totalement. Ce message exige une réponse : se repentir de ses péchés, croire en Jésus-Christ et lui confier sa vie. C’est pourquoi accepter ce message mène à une nouvelle vie, à la réconciliation avec Dieu et à l’intégration dans le Corps du Christ, l’Église.
Aller plus loin
Émilien Tardif, Jésus a fait de moi un témoin. Dieu guérit aujourd’hui !, Éditions de l’Emmanuel, 2018.
En complément
Émilien Tardif, Guérissez les malades, collection « Paroles de vie », Éditions Le Livre Ouvert, 2010.
Émilien Tardif, Dans le feu de l’amour, Stock, 1994.
Le site officiel de la Communauté des serviteurs du Christ vivant (CSCV).