
Les multiplications surnaturelles de saint Yves pour les pauvres (+1303)
Yves Hélory de Kermartin est un prêtre breton du XIIIe siècle. Il possède le don extraordinaire de multiplier à volonté les choses dont il a besoin pour exercer la charité. Mais il paye fort cher ce don par une vie de privation et de prières.Yves meurt le 19 mai 1303 après avoir prédit la date de son décès. Sept siècles plus tard, la dévotion à saint Yves est encore vivace. Chaque 19 mai, à Tréguier, le pardon de la Saint-Yves constitue l’une des grandes fêtes religieuses bretonnes.
Les raisons d'y croire
La source principale qui permet de connaître la vie de Yves Hélory de Kermartin est l’enquête, entamée en 1330 – seulement vingt-sept ans après sa mort –, qui a abouti à sa canonisation. Trois cents témoins sont entendus sur ce que fut sa vie et sur les miracles qui lui sont attribués. Nous disposons aussi du testament du saint, écrit de sa main.
Une fois ordonné prêtre et nommé curé d’une paroisse, Yves commence à obtenir des grâces exceptionnelles à force de prières, de pénitences et de jeûnes. L’on constate rapidement que le jeune prêtre, qui nourrit à ses frais des étudiants pauvres et des orphelins, réussit à sustenter tout ce monde avec très peu d’argent. En effet, alors que lui-même se prive de tout, les aliments se multiplient à sa demande. Il s’agit là d’un miracle très fréquent et bien attesté dans la vie de nombreux saints.
Il est cependant rarissime que les objets se multiplient. Or, comme en témoigneront au procès de canonisation les deux femmes qui l’accompagnent ce jour-là, il est arrivé à Yves de se voir rendre de façon surnaturelle l’objet qu’il vient de donner. En effet, ayant fait l’aumône d’un capuchon neuf, et tandis que le pauvre est encore visible sur la route, les femmes voient sur la tête du saint un autre capuchon tout à fait identique à celui qui vient d’être donné, mais rayonnant de lumière, ce dont Yves est embarrassé au point de leur interdire d’en parler.
Il fait encore un autre miracle, bien plus éclatant, en faveur d’un homme qui risque de regretter sa générosité. Le sire de Rostrenen, après l’avoir autorisé à couper dans ses bois les arbres nécessaires à la reconstruction de la cathédrale de Tréguier, se plaint ensuite que le saint lui a fait grand tort en en abattant beaucoup trop. Yves lui assure alors qu’il n’en est rien. L’on constate le lendemain qu’à l’emplacement de chaque chêne abattu, il en a poussé trois.
En savoir plus
Yves Hélory de Kermartin naît près de Tréguier (Côtes-d’Armor, France) le 17 octobre 1253. Il avait été prédit à sa mère qu’elle mettrait au monde un grand saint. Aussi fait-elle donnerà son fils l’éducation la plus pieuse, pour en faire un philosophe et un théologien. Il apparaît très vite que cet enfant n’est pas comme les autres. Ainsi Dieu bénit-il les parents chrétiens qui travaillent à la sanctification de leur enfant. Très doué, Yves étudie les lettres, la théologie et le droit à l’université de Paris, puis à celle d’Orléans. Au lieu de vouloir progresser dans la carrière ecclésiastique, Yves préfère retourner dans sa région natale et prendre une charge de curé de campagne. Il abandonne même son rôle de juge ecclésial, qu’il avait honoré par son sens de la justice et son discernement.
Un proverbe en a gardé le souvenir : « Sanctus Yvo erat brito, advocatus sed non latro, res miranda populo » (« Saint Yves était breton, avocat mais pas voleur, chose étonnante pour le peuple »). On dit de lui qu’il n’accepta jamais d’argent pour juger un litige et qu’il payait lui-même les frais de justice des plaignants pauvres dont il avait reconnu le bon droit. Toute sa vie est tissée de sacrifices et de pénitences extraordinaires. Sa charité est inépuisable.
Après sa mort, son corps est transporté à la cathédrale de Tréguier, où de nombreuses personnes se déplacent pour toucher sa dépouille, et sa réputation de sainteté grandit encore : les pèlerins qui affluent à son tombeau voient les miracles se multiplier : « Après saint Martin, écrira dom Guéranger, il est le plus fécond thaumaturge de France. »
Spécialiste de l’histoire de l’Église, postulateur d’une cause de béatification, journaliste pour de nombreux médias catholiques, Anne Bernet est l’auteur de plus d’une quarantaine d’ouvrages, pour la plupart consacrés à la sainteté.
Au delà
Saint Yves est le patron de toutes les professions juridiques.
Aller plus loin
Jean-Paul Le Guillou, Saint Yves de Tréguier : enquête canonique sur la vie et les miracles d’Yves Hélory de Kermartin qui fut instruite à Tréguier en l’an 1330, L’Harmattan, 2015.
En complément
Benoît Le Roux, Saint Yves, Via Romana, 2012.
Henri Queffelec, Saint Yves, Ramsay, 1987.
Jean-Christophe Cassard, Saint Yves de Tréguier : un saint du XIIIe siècle, Beauchesne, 1992
François-Christian Semur, Saint Yves, patron des Bretons, des avocats, magistrats, juristes et universitaires, Éditions Hugues de Chivré, 2019.
Le documentaire de KTO TV : « Saint Yves, patron de la Bretagne ».
La notice du diocèse de Saint-Brieuc et Tréguier, disponible en ligne .