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Une vague de charité unique au monde
Royaume-Uni
Nº 583
1805 – 1898

George Müller adresse ses demandes à Dieu seul (+1898)

George Müller (1805 – 1898), d’origine allemande, s’installe en Angleterre en 1829. Il devient pasteur et ouvre son premier orphelinat à Bristol en 1836. Sans jamais solliciter de dons, il reçoit toujours, en réponse à la prière, tout ce qui est nécessaire à l’entretien des 2 000 orphelins qu’il a chaque année à sa charge, jusqu’à sa mort. À soixante-dix ans, il entreprend des voyages missionnaires, prêchant dans plus de quarante pays pour encourager les croyants à vivre par la foi et à témoigner que Dieu répond à la prière. Sa vie est un témoignage extraordinaire de la fidélité de Dieu ; il laisse derrière lui un héritage spirituel et humanitaire immense.


Les raisons d'y croire

  • George Müller a vécu une conversion radicale et soudaine à l’âge de vingt ans. Après une jeunesse marquée par la frivolité, le mensonge et le vol, il rencontre Dieu grâce à un groupe de prière chrétien. À la suite de cela, il change totalement de vie.

  • À partir de 1836, il fonde et assume la gestion de cinq grands orphelinats près de Bristol, qui accueilleront plus de 10 000 enfants pendant la vie du fondateur.

  • Cette action est d’autant plus singulière qu’elle fut menée à bien sans aucun appel à dons. Le seul coût de la construction des cinq maisons s’élevait à plus de 100 000 livres sterling ! George Müller ne sollicitait pourtant jamais d’argent et ne s’est pas endetté. Les orphelinats n’étaient pas non plus subventionnés par l’État…  L’homme pieux se contentait de présenter ses besoins à Dieu dans la prière.

  • Les comptes financiers étaient tenus avec beaucoup de soin. Nous sommes ainsi parfaitement renseignés sur les dépenses de l’organisation et sur les dons non sollicités reçus – financiers comme en nature. George Müller reçut pour ses œuvres l’équivalent de 150 millions d’euros sans jamais rien demander autour de lui, simplement en priant avec ferveur et confiance pour chaque besoin.

  • Parmi des milliers d’exemples, l’un d’eux, bien documenté, illustre comment Dieu répondait à la prière de George Müller. Un matin, les enfants et lui remercient Dieu pour le petit déjeuner, bien qu’il n’y ait rien à manger. Quelques instants plus tard, un boulanger toque à la porte et explique avoir été réveillé avec l’intuition que l’orphelinat avait besoin de pain : il leur en apporte suffisamment pour nourrir tout le monde. Juste après, un livreur de lait dont la charrette a cassé devant l’orphelinat propose de leur donner son lait, car il ne pourra pas le livrer à temps.

  • La confiance en la providence divine que George Müller a appliquée jusqu’à sa mort, le 10 mars 1898, a permis des réalisations qui semblaient a priori impossibles, démontrant aussi que Dieu répond aux prières qui lui sont adressées.


En savoir plus

George Müller (1805 – 1898) est né en Prusse. Il mène une jeunesse dissolue, marquée par des vols et des mensonges. En 1825, il assiste à une réunion chrétienne qui provoque en lui un changement radical. Il se convertit et décide de consacrer sa vie à Dieu.

En 1829, George Müller quitte l’Allemagne pour s’installer en Angleterre, à une époque où le pays connaît de fortes inégalités sociales. Il intègre la Société missionnaire de Londres, une organisation vouée à la formation et à l’envoi de missionnaires. Cependant, il se détache rapidement de cette institution, car il préfère une approche plus libre du ministère et ne veut pas dépendre d’un salaire fixe.

En 1830, il devient pasteur d’une petite église à Teignmouth, dans le sud-ouest de l’Angleterre. C’est là qu’il adopte une pratique qui marquera toute sa vie : il décide de ne jamais solliciter d’argent ni de parler de ses besoins financiers à qui que ce soit, convaincu que Dieu pourvoira par d’autres moyens. Il refuse également, encore une fois, le salaire fixe que lui offre l’Église, préférant vivre uniquement de dons.

En 1832, Müller et son épouse Mary s’installent à Bristol, où il prend en charge deux églises. C’est dans cette ville qu’il constate l’extrême pauvreté de nombreux enfants abandonnés et livrés à eux-mêmes, notamment à cause des épidémies et des guerres. Touché par cette situation, il commence par organiser des écoles pour les enfants pauvres. Ceux-ci reçoivent alors une éducation gratuite et un enseignement biblique.

Mais son engagement ne s’arrête pas là : voyant l’urgence du problème des orphelins sans-abri, il ouvre en 1836 sa première maison d’accueil pour orphelins dans sa propre demeure. L’objectif est simple mais ambitieux : offrir aux enfants un toit, de la nourriture, une éducation et un cadre familial, le tout sans jamais demander de financement direct aux hommes, mais uniquement en priant et en comptant sur Dieu. Cette première maison rencontre un grand succès, mais aussi des limites : très vite, l’espace manque face au nombre croissant d’enfants recueillis. Cela marque le début d’un projet bien plus vaste : la construction de plusieurs orphelinats qui transformeront des milliers de vies.

Au fil des années, George Müller développe son œuvre en faveur des orphelins avec une confiance totale en la Providence divine. Des orphelinats plus grands sont construits en périphérie de Bristol. Le projet est immense : il nécessite des terrains, des matériaux et une logistique importante, sans compter l’entretien quotidien des enfants. Fidèle à sa conviction, Müller refuse de lancer des campagnes de collecte de fonds. Il ne demande jamais d’argent aux hommes, mais prie simplement pour que Dieu pourvoie aux besoins. Providentiellement, les dons affluent spontanément au moment où ils sont nécessaires.

Un matin, dans l’un de ses orphelinats, les enfants sont rassemblés pour le petit déjeuner. Mais il y a un problème : il n’y a plus ni nourriture ni argent pour en acheter. Malgré cela, Müller demande aux enfants de s’asseoir à table et de prier pour remercier Dieu pour le repas… alors qu’aucune nourriture n’est encore arrivée ! Quelques instants plus tard, on frappe à la porte. C’est le boulanger du quartier, qui explique avoir été réveillé en pleine nuit avec l’intuition que Müller et ses orphelins avaient besoin de pain. Il leur apporte une grande quantité de pains frais. Juste après, un livreur de lait dont la charrette vient de tomber en panne devant l’orphelinat propose de leur donner son lait, car il ne pourra pas le livrer à temps.

Cet événement illustre bien la foi qui anime la vie de Georges Müller : une confiance absolue en Dieu pour subvenir aux besoins de son œuvre. Grâce à cette foi inébranlable, Müller a pu construire cinq grands orphelinats, capables d’accueillir plus de 2 000 enfants à la fois. En tout, au cours de sa vie, il aura pris soin de plus de 10 000 orphelins, sans jamais s’endetter ni solliciter directement d’argent.

En 1875, George Müller décide d’entreprendre une série de voyages missionnaires à travers le monde pour prêcher l’Évangile et encourager les croyants à vivre par la foi. Pendant dix-sept ans, il parcourt plus de 320 000 kilomètres, soit l’équivalent de plusieurs fois le tour de la Terre, visitant plus de quarante pays sur les cinq continents. Müller commence ses voyages par l’Europe, prêchant en France, en Allemagne et en Suisse, avant de se rendre en Amérique du Nord, où il visite les États-Unis et le Canada. Il poursuit ensuite son périple en Asie, avec des arrêts en Inde et en Chine, avant d’aller en Australie et même en Amérique du Sud et en Afrique.

Malgré son âge avancé, Müller donne des centaines de conférences, souvent devant des milliers de personnes. Son message est centré sur la puissance de la prière et la foi dans la Providence divine – les mêmes principes qu’il applique depuis des décennies avec ses orphelinats. Il insiste sur le fait que tout homme peut expérimenter la fidélité de Dieu s’il se confie totalement en lui.

Ses voyages lui permettent d’entrer en contact avec des responsables chrétiens de différentes confessions et d’encourager le réveil spirituel dans plusieurs pays. Son témoignage inspire de nombreux missionnaires, notamment ceux de la China Inland Mission, fondée par Hudson Taylor, qui partageait une vision similaire de la foi en Dieu pour les besoins matériels.

Müller cesse de voyager en 1892, à l’âge de quatre-vingt-sept ans. Il retourne alors à Bristol, où il continue de s’occuper de ses œuvres jusqu’à sa mort, le 10 mars 1898. Il laisse alors derrière lui un immense héritage spirituel et humanitaire.

David Vincent est doctorant en histoire des religions et anthropologie religieuse à l’École Pratique des Hautes Études.


Au delà

George Müller est l’un des plus grands philanthropes anglais du XIXe siècle. Après sa mort, en 1898, son œuvre se poursuit, influençant de nombreux missionnaires et initiatives humanitaires.


Aller plus loin

L’autobiographie de George Müller : A Million and a Half in Answer to Prayer, Vestavia Hills, Alabama, Solid Ground Christian Books, 2004.


En complément

  • La biographie rédigée par Orlando Boyer : « George Müller, apôtre de la foi et père des orphelins », disponible en ligne .

  • Irène Howat, Dieu pourvoira, la vie de George Müller, broché, Éditions de la Colline, 2021 (titre anglais original : The Children’s Champion).

  • Une comédie musicale a été réalisée sur sa vie, à voir sur la chaîne YouTube Fabricants de Joie : «  La fabuleuse histoire de George Muller  ».

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