
Bienheureuse Josefa Naval Girbés (+1893)
Josefa Naval Girbés s’est consacrée à Dieu sans se retirer dans un couvent, mais en demeurant dans le monde, au sein de son village espagnol natal d’Algemesi, au XIXe siècle. Elle mène dans sa paroisse une intense activité apostolique et charitable en se dévouant particulièrement à l’instruction et à la formation humaine et spirituelle des jeunes filles. Tout au long de son existence, Josefa vit dans l’amour de Dieu et elle le partage en dédiant sa vie aux autres.
Les raisons d'y croire
La vie et l’œuvre de charité de Maria Josefa Naval Girbés sont bien connues. Bernardo Asensi y Cubells (1889 – 1962), contemporain de Josefa, est également originaire d’Algemesi. Inspiré par la vie qu’elle a menée, il rédige une biographie détaillée à son sujet. De plus, à partir de 1950, dans le cadre du procès de béatification, Mgr Marcelino Olaechea Loizaga, archevêque de Valence, reçoit une quinzaine de dépositions sous serment concernant Josefa Naval.
La dépouille de Josefa Naval, exhumée en 1946, est retrouvée dans un état inhabituel et inexplicable. Plus de cinquante ans après sa mort, le corps ne présente aucune trace de décomposition organique, alors qu’aucun soin d’embaumement n’a été dispensé en 1893. La dépouille de Josefa est alors transférée dans une châsse d’acier et de verre dans la basilique San Jaime d’Algemesi, où elle est vénérée par les fidèles.
Après enquête, un miracle attribué à l’intercession de Josefa a été reconnu par l’Église le 1er septembre 1988 ; le pape Jean-Paul II a béatifié Josefa Naval Girbés quelques semaines après. Depuis, un second miracle fait l’objet d’une enquête scientifique et théologique.
La bienheureuse ne se marie jamais car, à l’âge de dix-huit ans, elle décide de se consacrer au Christ dans le monde. « Son divin Époux a accompli en elle ce qu’il avait déclaré : "Qui demeure en moi et moi en lui porte beaucoup de fruits" (Jn 15,5) » (Jean-Paul II, Discours de béatification, 1988). En effet, en se mettant au service de l’Église et au service des personnes qui en ont besoin autour d’elle, Josefa est une source très particulière de fécondité spirituelle.
Consciente du fait que, comme l’affirmera plus tard le concile Vatican II, « la vocation chrétienne est, par nature, une vocation à l’apostolat », Josefa s’est faite toute à tous, pour le salut ( 1 Co 9,22 ). C’est ce qui explique l’empreinte indélébile laissée par Josefa à Algemesi dans l’exercice de sa charité.
Son attention héroïque vis-à-vis de ceux qui ont été touchés par l’épidémie de choléra en 1885 est l’un des exemples les plus expressifs. Toute sa vie, elle assiste les malades et les aide à mourir dans la grâce de Dieu. À partir de 1850, elle transforme sa maison en école et en atelier où elle apprend gratuitement aux jeunes filles à lire, à écrire, à broder, etc. Elle associe à cela une formation spirituelle poussée, « les colloques du jardin ».
De nombreuses vocations religieuses ont éclos grâce à Josefa Naval.
Sa vie de prière est profonde. Des témoins ont rapporté qu’à plusieurs reprises, lors de la prière quotidienne, Josefa a connu des moments d’extase. À ce sujet, elle a humblement gardé le silence.
En savoir plus
Josefa Naval Girbés est née le 11 décembre 1820 à Algemesi, un petit village agricole de 8 000 habitants, dans la province de Valence, en Espagne. Elle est l’aînée de six enfants. Ses parents lui transmettent une grande piété et la petite fille développe en particulier une forte dévotion et un grand amour pour la Vierge Marie. À l’école, Josefa apprend à lire et à écrire, ainsi qu’à broder. Mais, le 19 juin 1833, sa mère décède prématurément et Josefa, qui n’a que treize ans, prend en charge les tâches de la maison et l’éducation de ses frères et sœurs. Lorsque la famille déménage, à cause de soucis financiers, dans la maison de sa grand-mère maternelle, Josefa prodigue aussi les soins nécessaires à sa grand-mère et à son oncle qui sont malades. La jeune fille s’occupe de toute sa famille avec amour, sans se plaindre. Pour elle, c’est une tâche reçue du Ciel pour donner un sens profond et authentique à sa vie.
Josefa participe aussi activement à la vie de sa paroisse. Elle va à la messe et communie tous les jours. L’abbéGaspar Sylvestre est son directeur spirituel pendant une trentaine d’années. Au fil du temps, son amour pour Jésus et la Vierge Marie ne cesse de croître. Inspirée par un passage de la Bible – « Celle qui n’est pas mariée s’inquiète des choses du Seigneur, afin d’être sainte de corps et d’esprit » ( 1 Cor 7,32-34 ) –, Josefa fait vœu de chasteté à dix-huit ans, le 4 décembre 1838. Ce faisant, elle choisit Jésus comme époux et lui consacre sa virginité pour toujours.
À partir de 1850, Josefa propose aux jeunes filles pauvres une éducation pour qu’elles puissent gagner de quoi vivre. Josefa organise gratuitement dans sa maison une école et un atelier dans lesquels on apprend à lire, à écrire et divers travaux manuels, comme la broderie. Elle associe à cela une formation spirituelle complète avec catéchèses, lectures de l’Évangile, prières, oraisons, etc. Bientôt, la maison de Josefa devient un centre de vie communautaire où des femmes de tout âge, de tout état de vie et de toutes les couches sociales se rassemblent avec assiduité et enthousiasme.
Josefa visite également les malades et s’occupe des pauvres en leur apportant des vêtement de rechange. À deux reprises, elle recueille chez elle des enfants orphelins. Déjà, de son vivant, il est largement reconnu que les actions de Josefa sont extrêmement bénéfiques pour la société : c’est pourquoi elle est très estimée, aussi bien par le clergé que par les habitants d’Algemesi.
Le message répété de Josefa est : « Prière, prière… Priez un peu chaque jour et la vie sera plus facile et plus supportable. Apprenez à parler avec Dieu sans paroles et pratiquez ainsi la prière de méditation. Soyez fidèles et respectueux devant le Seigneur dans la Sainte Eucharistie. »
La dévotion de Josefa pour la Vierge Marie et pour son scapulaire la décide à demander de devenir membre du tiers ordre séculier de Notre-Dame-du-Mont-Carmel et de Sainte-Thérèse-de-Jésus. Aujourd’hui, à Algemesi, il y a une grande image de la Vierge du Carmel qui a été brodée en or et en soie sous la supervision de Josefa.
La santé de Josefa décline et, le 24 février 1893, à l’âge de soixante-douze ans, elle meurt dans sa maison, après avoir reçu les derniers sacrements. À sa demande, elle est enterrée avec la tunique brune et le manteau blanc de l’habit carmélitain. En 1946, le corps de Josefa, anormalement bien conservé, est placé dans un cercueil de métal et de verre et transporté à l’église paroissiale, devenue une basilique, où il est depuis vénéré.
Après une enquête minutieuse sur sa vie, le pape Jean-Paul II approuve le décret sur les vertus héroïques de Josefa Naval Girbés le 3 janvier 1987. Le 1er septembre 1988, un miracle proposé pour sa béatification est officiellement reconnu. La cérémonie de béatification est célébrée dans la basilique Saint-Pierre le 25 septembre 1988.
Solveig Parent
Au delà
Josefa Naval Girbés avait compris le rôle missionnaire des laïcs. En tournant sa vie entière vers l’évangélisation et la formation spirituelle, elle s’est montrée en avance sur son temps, anticipant les déclarations du concile Vatican II (1962-1965) sur l’importance de l’apostolat des laïcs dans l’Église.
Jean-Paul II souligne ce chemin spirituel vers la sainteté : « Elle, dont les disciples rempliront les couvents, demeurera célibataire dans le monde, en vivant les conseils évangéliques et en étant un exemple de vertu chrétienne pour tous. »
Aller plus loin
La page dédiée à la bienheureuse sur le site Internet du Dicastère pour la cause des saints et la biographie du site Internet Santi e Beati .
En complément
L’homélie de Jean-Paul II, lors de la béatification de Josefa Naval Girbés, le 25 septembre 1988 est disponible en ligne en italien .
Sur le site Internet des carmélites déchaussées de Floride, Mary Queen of Carmel Community Clearwater, une notice biographique complète est disponible en anglais.
La vidéo en anglais : « Blessed Josefa Naval Girbes by Rev. Fr. Mariano Agruda, from the Carmelite Lecture Series of 2022 ».
En espagnol, le livre de Bernardo Asensi Cubells, Biografia de la Sierva de Dios Josefa Naval Girbés, Valence, Ed. La Candella, 1957 (réédité en 1962).