Le 28 janvier 1772, des voleurs enlèvent du tabernacle de l’église Saint-Pierre, du village de Patierno (près de Naples, Italie), deux ciboires remplis d’une centaine d’hosties consacrées. Les recherches organisées juste après le vol sacrilège sont vaines. Mais, un mois après, le 24 février, dans des circonstances prodigieuses, les hosties sont retrouvées enterrées et en parfait état.

• Les actes de l’enquête ordonnée par l’autorité ecclésiastique rassemblent bon nombre de témoignages reçus sous serment. Ces documents sont conservés dans les archives de l’archevêché de Naples. Nous disposons donc de moult détails sur ces événements avérés. Par exemple, nous savons que le pied d’un des ciboires volés a été retrouvé dans du fumier près de la ferme de monsieur Pascal Capozzi. Cette trouvaille a entraîné la fouille des champs environnants, sans succès.

• Plusieurs semaines après le vol, le 18 février, le jeune Joseph Orefice emprunte très tôt le matin la route qui relie Naples à Patierno. Il passe près d’un champ du duc de Grottelle, où une étrange lueur attire son attention. Il y retourne à plusieurs reprises les jours suivants, à différents moments de la journée, et accompagné par plusieurs personnes, afin de s’assurer de ce qu’il voit. L’étrange phénomène lumineux se reproduit et est constaté, non par tous, mais par plusieurs autres témoins.

• Ces informations parviennent à la connaissance de deux prêtres de Naples, Jérôme et Jacques Guarino. Le 24 février, à l’endroit des signes lumineux, sous les mottes d’herbe, ils trouvent un bon nombre d’hosties très bien préservées. Le reste du terrain est fouillé pour retrouver toutes les hosties manquantes.

• Les hosties retrouvées proviennent effectivement de l’église Saint-Pierre, car le moule employé pour les faire et le diamètre correspondent exactement.

• Les voleurs, le jeune homme qui voit en premier les signes lumineux, les prêtres qui décident de creuser, les personnes qui poursuivent les recherches, les témoins de chacune de ces étapes… : cette histoire implique un grand nombre de protagonistes, dont certains ne se connaissent même pas : on peut difficilement suspecter une conspiration. L’acte de malveillance commis en volant les hosties avait pour but évident de profaner ce qui est sacré. La suite des événements – les lumières et la découverte extraordinaire des hosties – ne pouvait pas faire partie du plan des voleurs. On peut aussi penser qu'un croyant ou un prêtre n’aurait pas mis sous terre des hosties ; une duperie touchant à ce sujet est très grave.

• Les scintillements aperçus n’ont rien d’un signal lumineux qui aurait pu être produit par une bougie, une torche ou des miroirs. C’est plus étrange que cela. Les lumières n’ont d'ailleurs pas été vues par tous.

• Les hosties ont disparu pendant un mois. Cachés dans le sol humide, pendant l’hiver, des morceaux de pain sec ordinaires se seraient dégradés. On retrouve pourtant les hosties en parfait état de conservation, blanches, sèches, intactes, à peine tâchées par la terre.

• Au cours du mois de février, un muletier nommé François Jodice emprunte souvent la route vers Naples. Dans le champ où seront ensuite découvertes les hosties, il aperçoit plusieurs fois une dame. Il s’enhardit à lui demander ce qu’elle fait : « Je suis là pour veiller à la garde de mon fils ! » Ce témoignage fait partie des dépositions réunies lors de l’enquête.

• Il y a aussi les témoignages de trois hommes de sciences. Domenico Cotugno, de l’université de Naples, s’exprime ainsi : « L’extraordinaire apparition des lumières, changée en tant de manières, et la conservation intacte des hosties déterrées ne peuvent s’expliquer par des principes physiques et dépassent les forces naturelles. Par conséquent, on doit les considérer miraculeuses. »

• La nouvelle du fait prodigieux attire l’attention de saint Alphonse Marie de Liguori qui, depuis 1762, est évêque de Sainte-Agathe-des-Goths, petit diocèse non loin de Naples. Il prend intérêt pour le miracle, qu’il décrit d’une façon détaillée.

• Les hosties miraculeusement retrouvées ont été exposées à la vénération des fidèles dans deux récipients transparents scellés. Elles ont été conservées jusqu’en 1978, pendant plus de deux cents ans, jusqu’à ce que le reliquaire soit volé.

Le soir du 19 février, un jeune homme de dix-sept ans, Joseph Orefice, rentre de Naples à Patierno quand, de la route royale qui va de Capodichino à Casoria, il aperçoit dans un des champs un scintillement de lumières. Le lendemain soir, après avoir vu le même spectacle, il prend peur et en avertit ses parents, qui, incrédules, l’écoutent en souriant. Le lendemain matin, Joseph, accompagné de son père Ange et de son petit frère Jean, se met à nouveau en route pour Naples. Quand ils passent près du champ, l’apparition de lumières se renouvelle. Joseph et Jean les voient, mais leur père ne distingue rien.

Le 24 février, tard le soir, deux prêtres de Naples, Jérôme et Jacques Guarino, avec le curé du village de Patierno, les deux frères Orefice et un autre enfant, Thomas Piccini, se rendent sur les lieux des apparitions lumineuses. On suit les trois jeunes vers la place qu’ils désignent, mais sans rien découvrir qui puisse indiquer la cause de cet étrange phénomène.

Un autre prêtre, Joseph Lindinier, se joint à eux le lendemain, avec quatre autres enfants du village. C’est à deux heures du matin que la première hostie est découverte, avec beaucoup d’émotion. Puis, en creusant avec précaution, c’est une quarantaine d’hosties qui sont retrouvées. Mais les deux ciboires renfermaient près d’une centaine d’hosties au moment du vol. Quarante ont été retrouvées : que sont devenues les autres ? Les fouilles se poursuivent. Sous une grande motte de terre, on découvre plus de cinquante hosties, entières, blanches, aussi parfaitement conservées que celles qu’on a découvertes auparavant.

Avoir retrouvé les hosties, et de façon si extraordinaire, provoque de grands transports de joie, une ferveur et une piété renouvelées à Patierno.

L’enquête du diocésain sur ces événements dure deux ans, de 1772 à 1774. Dans les procès-verbaux, on peut lire la conclusion : « Ladite apparition des lumières et la conservation intacte des hosties sacrées pendant tant de jours sous terre ont été et sont un authentique miracle opéré par Dieu. »

En 1967, à l’occasion de l’élévation de l’église Saint-Pierre en sanctuaire diocésain eucharistique, le cardinal-archevêque Corrado Ursi écrit : « Le prodige de Saint-Pierre à Patierno est un don et un avertissement divin pour tout notre archidiocèse. Sa voix ne doit pas s’affaiblir, mais doit pousser efficacement les fidèles à considérer le message concernant le "Pain de la vie pour le salut du monde, lancé par Jésus à Capharnaüm". »

Solveig Parent

Ce miracle eucharistique rappelle les événements du matin de la résurrection de Jésus . Le jeune homme sort de bon matin, comme Marie-Madeleine, et il voit la lumière du Christ sans d'abord la reconnaître pour ce qu’elle est, ce qu’elle signifie. Les hosties ont été enterrées dans un champ, au milieu du fumier, ce qui renvoie à la volonté de piétiner l’Église et sa source, l’Eucharistie. Mais la vérité du Christ ne peut pas rester cachée ; l’humidité et la boue n’ont rien pu contre elle.