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Les saints
Pologne
Nº 468
1833-1913

Celina Chludzinska, une vie entre les mains de Dieu (+1913)

« Seigneur, que voulez-vous que je fasse de ma vie ? », telle est la question que pose vers 1850 dans l’oraison la jeune Celina Chludzinska, fille de riches propriétaires terriens polonais. Pour elle, la réponse ne peut être que la vie consacrée à laquelle elle se sent appelée, mais il en ira tout autrement. Avant de prononcer ses vœux de religion, elle devra avoir expérimenté tous les états de vie, en restant toujours, au milieu des épreuves et des drames, entièrement abandonnée à la volonté divine, comme le Vatican le soulignera lors de sa béatification en 2007.


Les raisons d'y croire

  • À 18 ans, Celina Chludzinska est persuadée que Dieu l’appelle à la vie religieuse et c’est de tout cœur qu’elle s’apprête à se donner à lui en entrant au couvent. Cependant, malgré son jeune âge, elle est consciente qu’il est possible de confondre ses propres souhaits avec la volonté divine. Preuve d’une grande maturité spirituelle et d’une piété véritable, elle demande au Ciel dans la prière de l’éclairer : « Que votre volonté soit faite et non la mienne. »

  • Celina ne se paie pas de mots quand elle affirme s’en remettre à Dieu de l’orientation future de sa vie. Tout va s’ingénier à systématiquement contrarier ses désirs ou bouleverser son existence : la remise en cause de sa vocation, les morts de son mari et de plusieurs de ses enfants, les pressions pour fermer la congrégation religieuse qu’elle va fonder... Pourtant elle accepte les changements souvent catastrophiques de sa vie. Il faut de très grandes grâces pour parvenir à un tel détachement et accepter, plusieurs fois, de tout remettre en question, tout recommencer, sans jamais se plaindre ni se révolter. Pareil oubli de soi et de sa volonté propre, vient de Dieu.

  • En 1853, quand elle informe ses parents et son confesseur de son désir d’entrer au couvent, elle se heurte à un refus définitif. Bien qu’elle n’éprouve aucun sentiment envers Josef Bozerski et ne soit pas attirée par le mariage, Celina obéit et épouse le jeune homme. Pendant vingt et un ans, elle s’appliquera à être une épouse et une mère chrétienne irréprochable. Elle finit par s’attacher profondément à Josef et voit dans cet amour conjugal qui n’allait pas de soi, un effet du sacrement de mariage.

  • Un accident, en 1869, laisse Josef paralysé, diminué physiquement et intellectuellement. Celina consent tous les sacrifices pour tenter d’améliorer sa santé pendant les cinq ans qui restent à vivre à son mari, jusqu’en 1874. Elle accepte ensuite la mort de son époux comme elle a accepté celle de deux de ses enfants. Celina n’est cependant ni indifférente ni insensible à ces épreuves et il lui a fallu sans cesse prendre sur elle pour ne pas se révolter contre le sort qui était le sien.

  • En 1875, posant un nouvel acte de foi, Celina part pour Rome avec ses deux filles, attendant un signe du Ciel lui indiquant ce qu’elle doit faire de sa vie désormais. Ses prières sont exaucées puisqu’elle rencontre un prêtre polonais, Piotr Semenenko, fondateur des Résurrectionnistes, congrégation masculine dont le charisme est la méditation de la Résurrection et de la gloire éternelle. Or, il cherche depuis longtemps une femme susceptible de l’aider à doter sa congrégation d’une branche féminine. Célina sait que sa mission est là. Elle fonde cette branche féminine en 1882.

  • Juste avant sa mort, le 26 octobre 1913, les dernières paroles de Célina : « En Dieu il y a le bonheur pour toujours » témoignent de sa profonde vie spirituelle et de son lien étroit avec Dieu. Depuis son retour à Dieu, les religieuses de la Congrégation qu’elle a fondée, les Sœurs de la Résurrection, sont convaincues que la Mère Fondatrice prend soin de sa communauté depuis le Ciel et intercède pour obtenir les grâces divines.

  • En 1999 les Sœurs de la Résurrection sont appelées à prier une neuvaine pour la guérison d'Andrzej Mecherzyński-Wiktor (arrière-petit-fils de Celina Chludzinska au cinquième degré) qui a été victime d’un accident grave lors d'une séance d'escalade. Le traumatisme crânien qu’il a subi met sa vie en danger. De façon inattendue, le dernier jour de la neuvaine, Andrzej est sorti de l'hôpital complètement rétabli, sans même avoir besoin d’une longue rééducation. Andrzej et ses parents ont remis les documents relatifs à son accident et à sa guérison qui a été reconnue miraculeuse par Benoît XVI en 2006 après une enquête approfondie.


En savoir plus

Celina Chludnzinska est née le 20 octobre 1833 à Antrowil, alors en Pologne, aujourd’hui au Belarus. Au sein d’une famille de la noblesse catholique polonaise, elle est élevée dans l’amour de la foi et de la Pologne.

À 20 ans, contre sa vocation, elle épouse Josef Borzecki, jeune homme de son milieu amoureux fou d’elle avec qui elle vivra plus de vingt ans, lui donnant quatre enfants, dont deux sont morts en bas âge. Celina voit son quotidien de grande dame fortunée partagée entre sa famille et ses activités caritatives bouleversé avec la mort de son mari. Après son veuvage en 1879, Celina rencontre un prêtre fondateur de la Congrégation des Résurrectionnistes et accepte de fonder la branche féminine. Elle lui donne pour devise : « Par la croix et la mort à la résurrection et la gloire. » Elle accepte ainsi d’avance les souffrances à venir.

En 1886, le Père Semenenko décède subitement et l’on tente de convaincre Celina de dissoudre la maison, ou, si elles veulent persister dans la vie religieuse, choisir une nouvelle communauté. Dans la certitude de se trouver enfin à sa place, Celina refuse afin de demeurer fidèle aux vues de Dieu. Tenant ferme, elle ouvre une première école de filles à Rome l’année suivante et obtient la reconnaissance officielle de l’Église en 1891. Elle peut alors enfin prononcer ses vœux de religion en même temps que sa fille cadette, Hedwige. Les fondations se succèdent : à Wadowice en Pologne, en Bulgarie, aux USA où les sœurs s’occuperont spécialement des nombreux émigrés polonais.

En 1907, alors qu’elle souhaitait laisser le supériorat à sa fille, Hedwige décède et Mère Celina doit demeurer à son poste. Toujours abandonnée à Dieu, elle répond ainsi aux condoléances : « on peut tout endurer pour l’amour de Jésus », ce qui est un bon résumé de sa vie.

Élue supérieure générale à vie en 1911, elle s’éteint deux ans plus tard, le 26 octobre 1913 à Cracovie. Quand on l’interrogeait au soir de sa vie sur son parcours, elle disait, lucide : « Dieu ne m’a pas appelée aux choses extraordinaires, peut-être pour me préserver des tentations d’orgueil. Ma vocation est d’accomplir fidèlement la volonté de Dieu », ce qui n’est pas spectaculaire mais terriblement exigeant.

Spécialiste de l’histoire de l’Église, postulateur d’une cause de béatification, journaliste pour de nombreux médias catholiques, Anne Bernet est l’auteur de plus d’une quarantaine d’ouvrages pour la plupart consacrés à la sainteté.


Au delà

La Congrégation des Sœurs de la Résurrection encourage à prier par l'intercession de la Bienheureuse Céline et de demander un miracle par son intercession afin que toute l'Église puisse de réjouir de sa canonisation.


Aller plus loin

Sur le site Internet du Dicastère pour la cause des saints, la notice biographique de la bienheureuse Celina Chludzinska et l’homélie du Cardinal José Saraiva Martins à l'occasion de sa béatification le 27 octobre 2007. Disponibles en plusieurs langues.


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