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Les saints
France (diocèse de Mende)
Nº 467
540

Hilaire de Mende, un saint évêque thaumaturge (+540)

Contemporain des rois mérovingiens, Hilaire, ou Illier, évêque du Gévaudan, passe une large part de son existence sur le territoire actuel du diocèse de Mende. Les nombreux miracles qui jalonnent sa vie sont restés présents dans la mémoire collective des habitants du Gévaudan, et bien au-delà. Les générations successives ont honoré la qualité humaine, pastorale et intellectuelle du saint, qui n’hésita pas à mettre sa vie en danger pour le salut de ses fidèles. Évêque, thaumaturge et moine, saint Hilaire de Mende est de surcroît un immense évangélisateur qui parvient à ancrer la foi chrétienne au sein des populations païennes de la région.


Les raisons d'y croire

  • Depuis le VIe siècle, les chrétiens conservent fidèlement le récit de plusieurs miracles d’Hilaire, bien documentés. Contrairement à ce que d’aucuns imaginent, les traces documentaires des prodiges remontant aux temps mérovingiens ne sont pas si nombreuses, prouvant que les récits portant sur ceux de l’évêque du Gévaudan ont été très tôt crus et transmis de génération en génération.

  • Sa popularité dès son vivant est incontestable ; c’est en partie le fruit de ses dons de thaumaturge. Plusieurs prodiges et guérisons humainement impossibles ont été recensés. C’est pourquoi, depuis le VIe siècle, son culte est demeuré vivant dans la vallée du Tarn. Une chapelle lui est dédiée dans le cirque des Baumes, où il est l’objet d’un pèlerinage.

  • Saint Hilaire est aussi un immense évangélisateur qui parvient à ancrer la foi chrétienne parmi les populations de la région, encore loin d’avoir rompu avec les pratiques du paganisme héritées de leurs ancêtres. Les miracles qui surviennent autour de lui ne sont pas étrangers aux conversions massives qu’il a suscitées avec l’aide de Dieu.

  • Hilaire possède le don de prophétie. Alors qu’il se trouve à Marseille, vers 532, il est prévenu en vision que la ville va être gravement touchée par une épidémie de peste. Quelques heures à peine après son départ pour Mende, la maladie s’abat sur la cité phocéenne, tuant des centaines d’habitants.

  • Un domestique de l’hôte qui l’avait logé est atteint par ce fléau. Or, Hilaire ayant laissé son manteau et le maître des lieux se souvenant de la sainteté de son invité, le vêtement est mis sur le malade, qui est guéri sur-le-champ. Les jours suivants, les autres personnes de la maison, atteintes à leur tour de la peste, sont sauvées par ce même geste.

  • Prenant deux moines avec lui, il se rend un jour sur le lieu d’une célébration païenne, au bord du Tarn. Là, en apercevant les quatre hommes, les gens rassemblés s’enfuient en courant. Hilaire apprendra ultérieurement que ces païens ont cru voir une « armée nombreuse » s’avancer contre eux. En découvrant la réalité des faits, plusieurs d’entre eux se convertissent.

  • En 534, Théodebert Ier, roi d’Austrasie, marche avec son armée vers le Gévaudan. Hilaire, ayant appris son arrivée en Auvergne, part à sa rencontre pour calmer son ardeur guerrière. Chemin faisant, il s’arrête pour se reposer, une nuit, au lieu-dit « Arisencus ». Pendant la nuit, le tribun Léon, qui accompagne le saint et assure sa sécurité, aperçoit une grande lumière près de la tente d’Hilaire et entend distinctement des « personnages mystérieux » qui s’entretiennent avec l’évêque. Au réveil, Hilaire lui dit : « Ne faites rien connaître de ce que vous avez vu ; je vous dirai seulement ceci : le Seigneur m’a révélé que ce voyage sera heureux et que nous rentrerons bientôt chez nous. » En effet, à la grande surprise de tous, saint Hilaire est accueilli avec les plus grands égards par Théodebert.


En savoir plus

Saint Hilaire (ou Ilère, voire Yles ou Chély), évêque du Gévaudan (France), commence par s’installer comme ermite au-dessus de la ville de Mende en compagnie de trois jeunes gens désireux comme lui de se retirer du monde pour servir Dieu. La nuit venue, afin d’éviter de rencontrer du monde, le petit groupe se rend à la crypte de Saint-Privat, où il prie et lit la Parole de Dieu.

Élu évêque, il réalise non seulement l’évangélisation des habitants de Mende, mais, de surcroît, il est amené à étendre sa zone d’activité. Il se rend régulièrement dans les gorges du Tarn, où il fonde un monastère important dans le secteur de Burlatis, dont les vestiges ont malheureusement disparu au fil du temps. Il y envoie plusieurs moines de Mende. Il ne peut s’agir d’une communauté bénédictine (saint Benoît de Nursie, son exact contemporain, meurt en 547 ; sa fameuse règle ne deviendra la norme pour le monachisme occidental que sous Charlemagne). En revanche, une influence provenant de l’abbaye de Lérins, où Hilaire se rend à plusieurs reprises, est quasi certaine.

Le 8 novembre 535, il participe au concile de Clermont, où il signe plusieurs décrets de morale et de discipline ecclésiastique. Il y siège aux côtés d’une quinzaine d’autres évêques, dont saint Césaire d’Arles et saint Nizier de Trèves.

Dans un contexte militaire et dynastique très tendu (les Francs ont repoussé les Wisigoths en Septimanie), Hilaire s’oppose à quelques-uns de ces soldats francs qui ont mis le siège au Castel Merlet, au-dessus de La Malène. Il s’y impose par la douceur et l’intelligence. C’est un évêque respecté : d’éminentes personnalités viennent à lui afin d’obtenir prières et conseils. Il reçoit le roi des Francs Théodebert à Arisencus (aujourd’hui Arzenc-de-Randon) lors du siège militaire de La Malène.

Son courage physique ne s’arrête pas là. À Marseille (Bouches-du-Rhône), de retour du monastère Saint-Honorat de Lérins, il fait front avec succès à des païens qui s’apprêtent à célébrer publiquement des divinités anciennes. Il s’oppose encore aux cérémonies païennes sur les bords du lac Saint-Andéol, sur l’Aubrac, où les gens venaient jeter des offrandes dans les eaux pendant quatre jours, et en différents points de son diocèse. Finalement, Grégoire de Tours, dans son Histoire des Francs, explique qu’Hilaire est progressivement venu à bout de ces pratiques païennes dans un espace important, allant de Mende à l’extrémité méridionale de l’actuel département du Tarn.

Dieu lui a donné le don des miracles. Parmi ceux-ci, un événement provoqua un enthousiasme spirituel dans tout le Gévaudan : un jour qu’il méditait sur les rives du Tarn, il s’engagea dans un sentier très escarpé. Son pied glissa, il perdit l’équilibre et tomba au fond d’un trou dans lequel il demeura deux heures. Ne le voyant pas rentrer, plusieurs disciples partirent à sa recherche. Ils furent sidérés de l’apercevoir debout, sur les eaux du Tarn, célébrant la puissance de Dieu. Hilaire ne put pas donner d’explication : il ignorait comment il avait réussi à sortir de la fosse et à se retrouver là…

Une disparition inexplicable d’Hilaire, pendant trois jours, présente tous les traits d’une bilocation : tandis qu’il revient un soir de la crypte de Saint-Privat, il s’évanouit littéralement. Les autres religieux le retrouveront trois jours plus tard dans une clairière inaccessible, en train de prier.

La tradition rapporte également qu’il fit jaillir de l’eau d’une source tarie. Une pieuse femme, du nom de Marcianilla, possédait au milieu de sa petite propriété une fontaine qui était l’unique source d’eau près de son logement. Mais depuis sept ans, elle était asséchée sans que l’on sache pourquoi. Elle demanda à saint Hilaire de prier pour que l’eau revienne. L’évêque du Gévaudan l’accueillit avec bonté et lui dit : « Nous allons tous les deux prier auprès de cette fontaine, et il faut espérer que Dieu nous écoutera. » Ils y allèrent donc, et la source se remit à couler abondamment le jour même.

Une partie des reliques de saint Hilaire ont été retrouvées dans l’église lorraine de Salone. Les autres sont parvenues à l’abbaye de Saint-Denis, avec celles de saint Privat. Elles n’ont pas résisté aux pillages de 1793.

Patrick Sbalchiero, membre de l’Observatoire international des apparitions et des phénomènes mystiques.


Aller plus loin

Les différents éléments biographiques de Hilaire de Mende rassemblés sur le site Internet Réflexion chrétienne .


En complément

Acta Sanctorum, octobre, tome 11, p. 619.

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