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Guérisons miraculeuses
États-Unis
Nº 466
2002

Le grand miracle de Luigi Guanella (2002)

En 2002, William Glisson, jeune Américain de vingt et un ans, catholique mais très peu pratiquant, originaire de Springfield, dans l’archidiocèse de Philadelphie, fait du patin à roulettes sur un terrain dédié à cette activité. Comme d’habitude, il ne porte pas de casque. Après quelques tours d’échauffement, William monte au sommet de la piste pour entamer une descente vertigineuse à grande vitesse. Soudain, c’est l’accident. Après avoir heurté de plein fouet une bosse du parcours, le jeune homme est projeté en l’air, à près de cinq mètres de hauteur, diront les témoins. La chute est terrible ; sa tête heurte le sol bitumé de plein fouet. Les premiers examens révèlent des lésions cataclysmiques. Les chances de survie de William sont quasi nulles et, s’il s’en sort, les séquelles seront si épouvantables qu'elles entraîneront inévitablement de lourds handicaps.


Les raisons d'y croire

  • L’accident de William Glisson est arrivé dans un lieu public. De nombreux témoins peuvent en relater les circonstances et décrire la terrible violence du choc. Le traumatisme dont il est victime est d’une extrême gravité.

  • Radios et scanners révèlent l’étendue du désastre : en heurtant le sol, son crâne a explosé comme une noix, certains morceaux de la boîte crânienne, détruits, devront être reconstitués. Le pire est qu’à l’intérieur, le cerveau du jeune homme a été comme arraché et s’est déplacé, subissant des dommages qui semblent aux neurochirurgiens irrécupérables. Sa jambe droite et sa main gauche, ainsi que le côté droit de sa nuque, ont subi des blessures telles qu’il paraît improbable de l’en voir récupérer un jour un usage normal.

  • Depuis l’accident, William est dans un coma profond dont il n’émerge pas. Il subit plus de cinq interventions chirurgicales très lourdes afin de reconstituer son crâne, lui rendre un aspect humain et tenter de replacer convenablement son cerveau. Rien ne laisse cependant espérer une amélioration après ces opérations.

  • Son coma dure cinq semaines. D’ordinaire, une si longue période ne laisse rien présager de bon en ce qui concerne les chances de récupération du patient et la gravité de ses séquelles.

  • Infirmière, sa mère est parfaitement consciente de la gravité de l’état de son fils et comprend que la médecine ne peut pas grand-chose pour lui. Très pieuse, elle active tous ses réseaux et des chaînes de prière pour implorer du Ciel un miracle en faveur de William.

  • Le 19 mars, alors que les médecins viennent d’avouer leur impuissance, un ami de Mrs Glisson lui apporte deux reliques d’un prêtre italien peu connu en dehors de son pays, don Luigi Guanella, mort le 24 octobre 1925, et lui conseille d’en attacher une au poignet de William, ce qu’elle fait, attachant l’autre à son propre poignet.

  • Don Luigi a consacré une grande partie de sa vie à s’occuper de jeunes, spécialement de jeunes handicapés – sort qui menace William s’il échappe à la mort ; il est donc bien placé pour se préoccuper de son cas.

  • Le 9 avril, cinq semaines après l’accident, William sort du coma et les examens démontrent qu’il n’en conserve pas de séquelles. Transporté dans un centre de soins pour grands accidentés, il récupère totalement, en très peu de temps et de manière si spectaculaire que les médecins n’y comprennent rien et admettent la guérison inexpliquée. William rentre très vite chez lui et, un mois et demi plus tard, reprend ses activités. Une telle issue était totalement inespérée.

  • Le dossier est transmis au Dicastère pour la cause des saints, dont la commission médicale reconnaît le caractère miraculeux en 2009. Luigi Guanella est canonisé à Rome le 23 octobre 2011 en présence de William Glisson, qui s’est marié en 2008. Il admet volontiers que son manque de piété ne faisait pas de lui le candidat idéal pour bénéficier d’un miracle, mais que la foi de sa mère a tout obtenu.


En savoir plus

Luigi Guanella est né le 19 décembre 1842 à Campodolcino, dans la région de Côme, en Italie du Nord. Il est le neuvième des treize enfants d’une famille de paysans pieux. À douze ans, il entre au petit séminaire. Il est ordonné prêtre à Côme en 1866 et nommé vicaire à Prosto, puis curé à Savogno.

Cette expérience pastorale lui fait prendre conscience des besoins des populations victimes de l’exode rural. La jeunesse est attirée par le mirage des grandes villes en pleine industrialisation, comme Milan et Turin, et menacée de succomber aux plaisirs et d’abandonner la foi et la pratique religieuse. Il constate le drame de l’émigration, qui saigne l’Italie de ses forces vives en partance pour l’Amérique ou la France. Ceux restés au pays se retrouvent dans des situations difficiles : vieux parents malades ou sans ressources, dont personne ne s’occupe plus, infirmes en tous genres, malades atteints de déficits mentaux (qui le touchent spécialement), adolescents que le départ du père laisse livrés à eux-mêmes…

À l’époque, nombreux sont les prêtres à s’émouvoir de ce tragique état des choses et la période voit, notamment à Turin, naître et fleurir des œuvres aussi impressionnantes que celles de Joseph Cottolengo, qui se donne pour fol objectif de soulager toutes les souffrances, sans exception, et de Jean Bosco,qui s’attache à l’éducation d’une jeunesse défavorisée en danger de se perdre.

En 1875, don Luigi demande à son évêque la permission de rejoindre Don Bosco et de s’associer à son œuvre. L’ayant obtenue, il pense avoir trouvé le bonheur dans cette vocation quand, en 1878, il est brutalement rappelé dans son évêché et doit reprendre une place de curé de campagne. S’il obéit, au prix d’un sacrifice immense, don Luigi conserve de son expérience turinoise un sens des réalités sociales qui lui interdit d’accepter sans rien dire les injustices des riches et des puissants, ce qui lui causera, comme à Don Bosco, maints ennuis. Souvent changé de paroisse car il déplaît, Guanella obéit, encore et encore, mais ne plie pas. Même ses amis disent qu’il est fou ; quant à ses ennemis, ils précisent qu’il est un fou dangereux à mettre hors d’état de nuire. Des années durant, il sera un prêtre errant et isolé. Finalement, la providence lui fait rencontrer une toute petite communauté religieuse de quelques sœurs, liées aux Ursulines, qui se consacrent à des personnes âgées aux facultés mentales très altérées et abandonnées. De cette petite congrégation, don Luigi fait les Filles de Sainte Marie de la Divine Providence, que rejoindra bientôt une branche masculine, les Serviteurs de la Charité. Il leur donne pour devise la sienne : « Prier et souffrir. » De nombreuses maisons de la Divine Providence naissent grâce à lui partout où la nécessité s’en fait sentir.

L’action de cet infatigable apôtre de la charité attire l’attention des papes successifs qui, de Pie IX à Benoît XV, ne cesseront de soutenir ses œuvres et de prendre conseil auprès de lui pour les questions sociales. En janvier 1915, alors qu’il est septuagénaire et malade, don Luigi s’illustre une dernière fois en se portant avec ses religieuses au secours des victimes du terrible séisme de la Marsica. L’admiration qui l’entoure est générale. Don Luigi meurt à Côme le 24 octobre de la même année ; il est enterré dans la basilique Notre-Dame-du-Sacré-Cœur.

Spécialiste de l’histoire de l’Église, postulateur d’une cause de béatification, journaliste pour de nombreux médias catholiques, Anne Bernet est l’auteur de plus d’une quarantaine d’ouvrages pour la plupart consacrés à la sainteté.


Au delà

Nous pouvons reconnaître dans la vie de don Luigi Guanella, riche d’humanité et d’attention pour les personnes défavorisées (pauvres, malades mentaux, handicapés, personnes âgées…), un signe lumineux de la présence et de l’action bénéfique de Dieu.


Aller plus loin


En complément

  • Luigi Guanella, Le vie della Provvidenza, autobiographie en italien, Ed. Nuove Frontiere, Roma, 1988.

  • L. Mazzucchi, La vita, lo spirito e le opere di Don Luigi Guanella, 1920. Réédition 2004.

  • A. Tamborini, Il servo della carità, il beato Luigi Guanella, 1964.

  • Sur le site Internet des Salésiens, l’article consacré à Luigi Guanella . Disponible en plusieurs langues.

  • Le film L’Abbé Luigi Guanella, le saint de la charité.

  • Sur la chaîne YouTube Don Guanella Media, le documentaire sur la vie de Luigi Guanella, en anglais.

  • Ann Ball, « Louis Guanella », tiré du livre Modern Saints, Their Lives and Faces, Tan Books and Publishers, 1991. En anglais. L’article est aussi disponible en ligne .

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