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Les saints
Portugal
Nº 370
1271 – 1336

Sainte Élisabeth du Portugal, une rose en royauté (+1336)

Sainte Élisabeth naît en 1271 en Espagne. Très jeune, elle montre une fervente piété et s’attache à la pratique spirituelle avec discipline. Mariée à douze ans, elle sera la proie, pendant la majeure partie de son mariage, des incartades et sévérités de son mari, qu’elle supporte sans jamais se plaindre, ne cessant jamais de prier pour sa conversion. Elle est une reine exemplaire, modèle parfait d’humilité et de charité envers les pauvres. Élisabeth vit aussi pour rétablir la paix entre les peuples et, jusqu’à sa mort, elle s’attache à parlementer avec les gens de sa famille pour éviter les rivalités et les conflits. Elle décède le 4 juillet 1336, ayant renoncé à entrer au couvent, préférant le tiers ordre franciscain, qui lui permet de continuer ses œuvres de charité dans le monde.


Les raisons d'y croire

  • Élisabeth supporte pendant plus de trente ans les infidélités de son mari, avec patience et sans jamais se plaindre, certaine que, grâce à ses prières et ses témoignages de dévouement et d’affection, il reviendra dans le droit chemin. Elle lui dit : « Certes, vous m’offensez et j’en pleure. Pourtant, c’est le divin amour que vous bafouez. Devant lui, nous sommes unis à jamais. » De fait, ils vivront un bonheur conjugal sans tache les dix dernières années de leur mariage. Le roi se repend et, converti, s’applique dès lors à réparer ses erreurs passées.

  • Non seulement Élisabeth endure sans plainte les incartades de son mari, mais elle éduque aussi les enfants illégitimes de son mari comme les siens, s’évertuant à leur fournir la meilleure éducation. « Ces bâtards du roi sont des petits innocents. Je leur procure donc bonnes nourrices et chrétienne éducation. »

  • Prenant en modèle le Christ, Élisabeth fait de sa vie entière une dévotion à la charité et à la paix. Elle réconcilie les peuples et les individus et sera même félicitée par le pape.

  • Accusée de dépenser trop d’argent pour les nécessiteux et interdite d’aumône par son royal époux, Élisabeth continue cependant. Lorsqu’elle est surprise par son mari en train de faire la charité, un jour d’hiver, des roses apparaissent miraculeusement dans ses bras. Le roi, y reconnaissant lui-même un acte surnaturel, laissa ensuite sa femme libre de faire l’aumône comme elle l’entendait. Le « miracle des roses » est recensé par plusieurs biographes dès sa mort.

  • En s’occupant des pauvres, Élisabeth opère plusieurs miracles de guérison, dont au moins deux sont recensés de son vivant : la rémission d’une femme atteinte d’un ulcère et celle d’un lépreux guéri simplement par le soin qu’elle lui apporte.

  • Le corps de la sainte est transféré deux cent soixante-seize ans après sa mort. On remarque à cette occasion que son visage, remarquablement bien conservé, affiche un sourire radieux et qu’une fragrance douce et fleurie émane de son corps, connue chez les saints comme «  odeur de sainteté  ».


En savoir plus

Élisabeth naît en 1271 à Saragosse. Elle est nommée ainsi en l’honneur d’Élisabeth de Hongrie, qui était sa grand-tante et qui fut, elle aussi, sainte. Elle est la fille de Pierre d’Aragon, dit le Grand, roi d’Aragon et de Sicile, et de Constance de Sicile. Dès l’âge de huit ans, Élisabeth montre une piété exemplaire en récitant l’office divin chaque jour, une pratique qu’elle conserve jusqu’à sa mort.

Elle épouse à l’âge de douze ans Denys Ier, roi du Portugal – un roi musicien, poète et volage. Elle fuit les divertissements, méprise le luxe, multiplie les jeûnes et s’attache à soulager les pauvres. En dehors de la prière et du soin des pauvres, elle consacre son temps à ornementer les autels. Dans son mariage avec Denys, elle fait preuve d’une patience exemplaire face aux épreuves imposées par son époux. En réponse aux infidélités qu’elle endure, elle ne manifeste qu’une amabilité croissante, une douceur empreinte d’affection et un dévouement sans bornes, qui viendront peu à peu à bout des incartades de son royal époux. Elle se charge même de l’éducation des enfants illégitimes de son mari.

Modèle d’humilité, Élisabeth s’attache à rétablir la paix entre tous, notamment à deux reprises, lorsque leur fils Alphonse prend les armes contre son père Denys. La nouvelle étant arrivée aux oreilles du pape Jean XXII, ce dernier la félicite : « Vous êtes admirable d’avoir pu réconcilier votre époux et votre fils, tellement montés l’un contre l’autre ! »

Mais Élisabeth ne s’arrête pas là, elle fait tout son possible pour être aimée de ses sujets, qui l’appellent « leur mère », tant elle pourvoit à leurs besoins avec une charité assidue. Jamais les pauvres ne sortent du palais sans avoir rien reçu. Les monastères qu’elle sait être dans le besoin reçoivent abondamment de la généreuse reine. Elle prend aussi les orphelins sous sa protection, sert les malades et dote les jeunes filles indigentes.

Les vendredis de carême, elle lave les pieds des hommes pauvres, qu’elle baise ensuite, et elle revêt ces hommes d’habits neufs. Les jeudis, elle fait de même avec les femmes indigentes. Un jour, une femme avec une blessure particulièrement répugnante au pied vient la voir. Élisabeth, malgré l’odeur nauséabonde et l’aspect repoussant du pied, en panse l’ulcère, le lave, l’essuie, le baise et la femme s’en va guérie miraculeusement. Un lépreux malmené par un garde est aussi soudainement guéri par Élisabeth.

Mais l’entourage du roi l’avait dénoncée comme dépensant inutilement les biens du royaume en faisant l’aumône. « Vous en faites trop, Majesté, certains vous comparent à une bonne poire que l’on savoure à volonté. » Le roi lui interdit de dépenser ainsi son argent. Mais Élisabeth ne tient pas compte des ordres de son mari. Un jour qu’elle se promène en ville à faire l’aumône, elle croise son mari, qui lui demande avec autorité ce qu’elle dissimule sous son manteau : « Ouvrez votre tablier, Madame, et découvrez votre fardeau. » Élisabeth répond que ce sont des roses afin de décorer l’autel de la chapelle. Mais le roi lui rétorque que c’est le mois de janvier et que les roses ne poussent pas en hiver : il lui ordonne d’ouvrir son manteau. Devant la suite royale, Élisabeth ouvre alors son manteau et un magnifique bouquet de roses apparaît. Le roi reconnaît alors le caractère surnaturel de cet événement, se repent et laissera dès lors sa femme gérer ses actes de charité jusqu’à la fin de sa vie. « Je croyais bien trouver de l’argent destiné aux gueux. J’ai trouvé une brassée de belles fleurs, largement épanouies en plein hiver. Mon épouse serait-elle une sainte ? »

Lorsque le roi Denys rend l’âme, en 1325, Élisabeth se retire dans un couvent de clarisses, à Coimbra. Mais elle préfère continuer dans le monde son œuvre de charité, prend finalement l’habit du tiers ordre franciscain et vit à côté du monastère des clarisses. Elle secourt les pauvres et travaille continuellement à rétablir la paix. Elle décède le 4 juillet 1336 à Estremoz, au cours d’un voyage visant à réconcilier son fils et son petit-fils, non sans avoir vu la Sainte Vierge qui venait la chercher.

Le corps de la sainte est transféré au monastère, où de nombreux fidèles viennent la vénérer. En 1612, soit deux cent soixante-seize ans après sa mort, on ôte de son tombeau de marbre le corps d’Élisabeth : le visage de la sainte reine est encore souriant, et son corps est intact et en odeur de sainteté. L’évêque de Coimbra édifie une splendide chapelle, dans laquelle sont déposés les restes de la souveraine, dans une magnifique châsse en argent massif. Elle est canonisée par Urbain VIII en 1625 et suscite encore une grande dévotion. Les miracles sont nombreux après sa mort.

Camille Mino di Ca, récemment baptisée, s’est convertie à cinquante ans. Passionnée par les récits de conversion et les vies de saints, elle rédige pour Hozana et d’autres supports. Elle pratique l’écriture sous différentes formes, y compris la biographie, le théâtre, la poésie et la chanson.


Aller plus loin

L’émission de CNews « Les belles figures de l’histoire », du 15 juin 2024 : sainte Élisabeth du Portugal, une reine exemplaire .


En complément

  • Jean-François Godescard, Vie de sainte Élisabeth, reine de Portugal, 1863. Réédition Hachette 2013.

  • Pierre-Antoine de Moucheron, Sainte Élisabeth d’Aragon, reine de Portugal, et son temps, 1896. Réédition Hachette 2013.

  • Sur le site Internet 1 Œuvre, 1 Histoire, la description d’un retable du XVIe siècle représentant le miracle des roses.

  • Régine Pernoud, Les Saints au Moyen Âge : La sainteté d’hier est-elle pour aujourd’hui ?, 1989.

  • L'article de l'Encyclopédie Mariale du site Internet Marie de Nazareth : «  Sainte Elisabeth, Reine de Portugal (1271-1336) ».

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