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Les martyrs
Empire romain
Nº 342
IIe siècle

Justin de Naplouse, apologète et martyr (+165)

Justin est né au tout début du IIe siècle dans une colonie romaine de Samarie. Très tôt passionné par la recherche de la vérité, il se met à voyager afin de rencontrer les maîtres des différentes écoles philosophiques de son temps. Après avoir visité des stoïciens, des aristotéliciens et des pythagoriciens, il s’attache finalement aux platoniciens. Tout en reconnaissant la grande valeur de cette philosophie, il se rend compte qu’il lui manque toujours quelque chose. Sa quête de vérité aboutit finalement à sa conversion au christianisme. Il met alors son talent et sa culture au service de la foi pour la défendre par la raison contre les différentes attaques qu’elle subit de la part des hérétiques, des juifs ou des païens. Il est finalement arrêté par les autorités romaines et scelle son témoignage par le martyre à la fin des années 160. Il est fêté le 1er juin.


Les raisons d'y croire

  • Dès sa jeunesse, Justin s’est mis en quête de la vérité. Avant de se convertir, il s’est intéressé aux autres courants qui s’opposaient au christianisme. Sa conversion est donc un choix fondé sur des convictions rationnelles solides.

  • Les œuvres conservées montrent que Justin a une très bonne connaissance des Écritures saintes. Il peut répondre aux objections rabbiniques et défendre la foi chrétienne à partir du texte biblique.

  • Le choix du christianisme est extrêmement difficile à cette époque, car il se fait au risque de sa vie. Justin lui-même a fini par mourir en martyr. Il préfère la mort au reniement, convaincu qu’il a trouvé la vérité.


En savoir plus

Justin est né au début du IIe siècle dans la colonie romaine de Flavia Neapolis, l’antique Sichem et l’actuelle Naplouse, en Samarie, au sein d’une famille païenne. Il s’intéresse très tôt à la philosophie, ce qui le conduit à voyager, probablement à Antioche et à Éphèse, et avec certitude à Rome.

Passionné dès son plus jeune âge par la recherche de la vérité, il visite les maîtres des différentes écoles philosophiques de son temps. Il entre d’abord en contact avec les stoïciens, avant de rencontrer les aristotéliciens et les pythagoriciens. C’est cependant aux platoniciens qu’il finit par s’attacher. Toutefois, il comprend qu’en dépit des progrès effectués grâce à cette philosophie, il lui manque quelque chose. Finalement, sa quête de vérité aboutit, avec sa conversion au christianisme au début des années 130.

Cette conversion se fait par l’intermédiaire d’un vieillard, qui lui montre les limites de toutes les philosophies humaines et la supériorité de la révélation chrétienne, mais aussi par le témoignage rendu par tous les chrétiens qui restent attachés au Christ, même lorsqu’ils sont menacés de mort, et qui préfèrent mourir plutôt que de renier la vérité qu’ils ont découverte.

Après sa conversion, Justin conserve cependant son manteau de philosophe — c’est le premier cas que nous connaissons – et s’engage à son tour dans la défense rationnelle de la foi chrétienne en répondant aux accusations de ses adversaires et en montrant la vérité de celle-ci. Justin a probablement participé à de nombreuses discussions orales, mais nous avons surtout conservé de lui plusieurs écrits importants. D’autres ont malheureusement été perdus.

Les œuvres qui ont été conservées nous montrent l’ampleur de sa culture, tant profane que biblique. Nous avons deux apologies adressées aux autorités romaines pour réfuter les critiques païennes, un Dialogue avec Tryphon, pour discuter des objections rabbiniques, et un Traité sur la Résurrection, car cette doctrine était très critiquée par la philosophie grecque.

La première apologie, aussi appelée Grande Apologie, est adressée à l’empereur Antonin, tandis que la seconde est une requête transmise au Sénat. Dans ces textes, Justin entreprend de réfuter les calomnies qui étaient répandues contre les chrétiens, puis démontre la supériorité du christianisme et de sa doctrine, visible notamment dans le comportement des chrétiens.

Dans son Dialogue avec Tryphon, qui met en scène le débat entre Justin et un rabbin nommé Tryphon, celui-ci fait preuve d’une grande connaissance des Écritures. Il n’hésite pas à citer de larges portions des textes bibliques, qui sont véritablement au cœur de sa démonstration. Les études menées par les chercheurs contemporains sur l’exégèse de Justin confirment cette première impression. Justin analyse finement les textes bibliques, ce qui lui permet de défendre les vérités essentielles de la foi chrétienne en répondant aux objections avancées par les juifs rabbiniques, représentés dans ce texte par le rabbin Tryphon.

Justin scelle finalement son témoignage à la fin des années 160, en acceptant de mourir, accompagné de plusieurs de ses disciples, pour la vérité qu’il avait cherchée depuis sa jeunesse et finalement trouvée dans le Christ.

David Vincent , doctorant en histoire des religions et anthropologie religieuse à l’École Pratique des Hautes Études.


Aller plus loin

Justin Martyr, Œuvres complètes, Paris, Migne, 1994.


En complément

  • Le 21 mars 2007, Benoît XVI a présenté la vie de saint Justin, philosophe et martyr, le plus important des Pères apologistes du IIe siècle, dans sa catéchèse .

  • Charles Munier, Justin martyr, apologie pour les chrétiens, Éditions du Cerf, 2006.

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