
Le visage irradiant d’un homme apparaît dans l’ostensoir
Ce samedi 2 juin 1668, deux cents fidèles sont venus à la paroisse des Ulmes (France, Maine-et-Loire), près de Saumur, pour l’adoration du Saint-Sacrement.
Vers 19 heures, le curé, l’abbé Nicolas Nezan, en présence de son vicaire, encense l’ostensoir. On chante l’hymne Pange lingua : « Verbum caro Panem verum »...
A cet instant, apparaît dans l’ostensoir le visage d’un homme aux cheveux longs, « tombant sur les épaules », « les mains croisées l’une sur l’autre », le visage irradiant une douce et belle lumière, le « corps revêtu d’une robe blanche en forme d’une aube ».
Le prodige dure un quart d’heure. On chante le Salve Regina. Au moment des paroles « Et Jesum ostende », une sorte de « petit nuage » recouvre subitement le Saint-Sacrement. Aussitôt, l’image mystérieuse disparaît en un éclair.
Des témoins racontent que le curé et son vicaire ont échangé des paroles, ne sachant que faire. Au bout d’un moment, le père Nezan se met à pleurer et invite les paroissiens à s’approcher pour constater le miracle. La figure de l’homme couvrant l’hostie est ainsi observée tant sur le tabernacle que sur l’autel où le curé a déposé l’ostensoir.
Le 13 juin suivant, l’abbé Nezan adresse un rapport circonstancié à l’évêque d’Angers, Mgr Henri Arnaud. Celui-ci envoie sur place un prêtre oratorien. Après avoir entendu les conclusions positives de ce dernier, le prélat se rend lui-même aux Ulmes, avec un théologien, un chanoine et son secrétaire laïc. Il examine le tabernacle pendant un long moment et interroge séparément quatorze témoins oculaires.
Le 25 juin 1668, l’évêque promulgue une lettre pastorale reconnaissant les faits : « Dieu se plaît à donner de temps en temps des marques visibles de sa toute-puissance en opérant des miracles par le sacrement adorable du Corps et du Sang de son Fils […], pour réveiller la foi des fidèles et renouveler en eux le respect qu’ils doivent à sa Majesté infinie […]. »
Persuadé que ce prodige eucharistique montre la vérité de la Présence réelle, ils appellent les protestants de son diocèse à « révérer la divinité enfermée dans cette hostie redoutable […] puisqu’ils ne peuvent prétendre désormais que le très auguste sacrement de l’autel ne soit qu’une figure et un simple signe, après que la majesté de Jésus-Christ a fait voir, par une forme visible, qu’elle est renfermée invisiblement sous les images des Espèces saintes. »
Avant de conclure : « Il y a lieu de croire que le Sauveur du monde s’est visiblement manifesté dans cette paroisse. »
Mgr Arnaud demande ensuite que l’hostie miraculeuse soit conservée dans la paroisse pour être montrée aux fidèles, avec son autorisation. On la place dans un ostensoir bientôt installé dans une niche protégée par une grille de fer, sur le mur nord du chœur de l’église. Une messe annuelle est célébrée sur place, le samedi de l’octave de la Fête-Dieu. Dès la fin de l’été 1668, Mgr Arnaud, âgé de 71 ans, effectue le pèlerinage depuis Angers… à pied !
En juillet 1933, le congrès eucharistique national a consacré une séance complète à ce miracle.
D’après Gautier de Bruslon, Considérations sur la merveilleuse apparition de Notre Seigneur Jésus-Christ arrivée en la paroisse des Ulmes…, Angers, Jean Le Boulanger, 1668 ; abbé Jean Ladame, Prodiges eucharistiques, du VIIIe siècle à nos jours, Autun, Familles et Eucharistie, 1981, p. 34-39.