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Miracles eucharistiques
Bordeaux (France)
Nº 553
1822

Jésus se penche hors de l’ostensoir et bénit les priants (1822)

Le 3 février 1822, à la fin d’un temps d’adoration dans une chapelle bordelaise, se produit une apparition eucharistique collective de Jésus. Une vingtaine de personnes peuvent longuement contempler le Christ en train de les bénir depuis l’ostensoir posé sur l’autel. L’ostensoir du miracle a été précieusement conservé jusqu’à nos jours.


Les raisons d'y croire

  • L’abbé Delort, qui est au plus près de l’ostensoir, voit que Jésus n’est plus sous la forme habituelle de l’hostie : il est humain, présent, son visage et son buste visibles dans la lunule. Devant cette vision, l’abbé ne s’enflamme pas : il poursuit les prières et, prudent, craignant d’être victime d’une illusion, demande à l’enfant de chœur ce qu’il voit.

  • L’on pourrait argumenter, si une seule personne était impliquée, qu’elle puisse délirer ou mentir, mais, en l’occurrence, l’événement s’est produit sous les yeux de plus d’une vingtaine de personnes. Nous disposons de quatorze témoignages concordants écrits indépendamment dans les jours qui suivent l’événement. Ces témoins sont des hommes comme des femmes, d’âges très divers et de différents états de vie.

  • Cette documentation a été compilée dans un livre qui peut être consulté en ligne  : Miracle eucharistique, récit et témoignages des événements de Bordeaux, 1822, de Bernard Peyrous (Éditions de l’Emmanuel, 2004).

  • Voici par exemple le témoignage du jeune enfant de chœur, très factuel : « Je vis que l’ostensoir était tout brillant, là où l’on met l’hostie : l’hostie n’y était plus mais, à sa place, je vis un buste et une tête qui s’approchaient de la vitre […]. J’étais tout tremblant. »

  • Ces personnes ne sont jamais revenues sur leur témoignage, y compris les plus jeunes.

  • Comme l’image du Christ est animée, mouvante, la vision ne peut pas être le résultat d’une image, gravure ou teinture qui aurait été habilement placée sur la lunule de l’ostensoir.

  • Un artifice, quel qu’il soit, aurait eu beaucoup de mal à tromper tant de personnes, réparties à différents endroits de la chapelle, pendant vingt minutes.

  • Avec la prudence normale des responsables de l’Église, monseigneur d’Aviau, archevêque de Bordeaux, entreprend une minutieuse enquête concernant les événements. Le miracle est finalement reconnu par les autorités ecclésiastiques.

  • Au début du XIXe siècle, Bordeaux, comme la France entière, est encore marquée par les conséquences de la Révolution française, aussi bien sur le plan politique et social que psychologique et spirituel. Dans ce contexte, en rappelant la présence réelle de Jésus auprès de nous, dans l’hostie consacrée, cette manifestation porte des fruits spirituels manifestes, notamment auprès de la toute jeune communauté religieuse de la Sainte-Famille de Bordeaux, fondée à peine quelques mois plus tôt.


En savoir plus

L’apparition de 1822 se déroule à Bordeaux, dans la chapelle de l’association de la Sainte-Famille. Celle-ci vient à peine de naître. Le fondateur, l’abbé de Noailles, souhaitait répondre à une intuition qui le travaillait depuis déjà plusieurs années : faire revivre l’esprit de la Sainte Famille dans l’Église.

Le 3 février, le père de Noailles est retenu ailleurs et c’est l’abbé Delort, un prêtre docteur en théologie et doyen de la faculté de théologie de Bordeaux, qui le remplace. Il est chargé du temps d’adoration qui se déroule à la chapelle, comme tous les dimanches après-midi. La communauté des Dames de Notre-Dame de Lorette assiste à l’adoration : treize religieuses et cinq élèves, dont deux orphelines de quinze et dix-sept ans. Se trouvent aussi dans la chapelle une paroissienne de dix-huit ans, un enfant de chœur de quinze ans et l’abbé Delort. À ces vingt et une personnes identifiées s’ajoutent quelques autres paroissiens.

À 16 heures, l’abbé Delort commence le salut du saint sacrement, qui clôture le temps d’adoration. C’est à ce moment que surgit l’extraordinaire vision, au centre de l’ostensoir. Pendant vingt minutes, les personnes qui étaient venues adorer Jésus-Hostie contemplent, se substituant à l’hostie exposée pour l’adoration, le buste d’un homme jeune, au visage lumineux, très beau, s’inclinant et bénissant l’assemblée, qui est demeurée recueillie et paisible. Quelques personnes entendent aussi Jésus leur dire : « Je suis celui qui est. »

Voici le témoignage du père Delort, signé à Bordeaux le 5 février 1822 : « La figure était très blanche et représentait un jeune homme d’environ trente ans, extraordinairement beau. Il était revêtu d’une écharpe de couleur rouge foncé. Il s’inclinait de temps en temps à droite et devant. Frappé par ce prodige, et ne pouvant en croire mes yeux, je crus d’abord que ce n’était qu’une illusion, mais, le miracle continuant, et ne pouvant plus rester dans cette incertitude, je fis signe à l’enfant qui tenait l’encensoir de s’approcher de moi. Je lui demandai s’il n’apercevait rien d’extraordinaire. Il me répondit qu’il avait déjà aperçu le même prodige et qu’il l’apercevait encore. Je l’engageai alors à faire prévenir la supérieure. Il en parla à la sacristine qui, frappée elle-même de ce spectacle et ab­sorbée par les sentiments qu’il lui inspirait, ne put s’acquitter de la commission qui lui était donnée.

Pour moi, anéanti et prosterné contre terre, je ne levais les yeux que pour m’anéantir davantage en la présence du Seigneur. Je versais des larmes de joie, de reconnaissance et de confusion. Le prodige subsista durant tout l’hymne du Saint-Sacrement, le « Domine, salvum fac regem », le cantique, les oraisons. Et lorsque le cantique fut fini, montant à l’autel, je ne sais comment, je pris l’ostensoir dans mes mains, et donnai la bénédiction, contemplant toujours notre divin Sauveur, que je tenais visiblement entre mes mains. Ayant donné aux Dames de Lorette cette bénédiction, qui sera sans doute bien efficace pour leur établissement, je posai l’ostensoir sur l’autel ; mais, lorsque je l’ouvris, je ne vis plus que les saintes espèces dont Notre Seigneur venait de s’envelopper dès que la bénédiction eut été donnée. Tout tremblant et versant encore des larmes, je sortis de la chapelle, étonné du calme qui s’y était observé durant un prodige si long…

À peine fus-je hors de la chapelle que toutes les personnes de la maison m’environnèrent, me demandant si j’avais vu moi-même le prodige qui les avait frappées, et me faisant plusieurs questions à ce sujet. Je ne pus leur dire que ces mots : "Vous avez vu Notre Seigneur, c’est une faveur insigne qu’il vous a accordée, afin de vous rappeler qu’il est réellement avec vous, de vous porter à l’aimer davantage et à pratiquer toutes les vertus qui vous ont attiré une si grande grâce."

Je me retirai chez moi et, durant toute la nuit, je ne pus que songer au prodige dont je venais d’être témoin. Le lendemain, lundi, étant allé à la paroisse Sainte-Eulalie et y ayant trouvé monsieur l’abbé Noailles, je lui fis part, ainsi qu’à quelques autres personnes, de ce miracle, quoique j’eusse résolu de n’en parler à qui que ce fût. Mais l’enfant qui encensait et quelques personnes étrangères qui se trouvaient dans la chapelle de Lorette ayant rendu compte de ce qu’ils y avaient vu, ainsi que moi, j’ai pensé que le Seigneur voulait que j’appuyasse leur témoignage... 

Je déclare ce que j’ai vu, ce que j’ai, pour ainsi dire, touché de mes propres mains, et quoique mon témoignage soit de peu de poids, je me regarderais comme le plus ingrat et le plus coupable des hommes si je le refusais pour attester la vérité. »

Depuis la reconnaissance officielle par l’Église de cette manifestation eucharistique de Jésus, l’exposition du saint sacrement et un salut solennel a lieu chez les sœurs de la Sainte-Famille le jour anniversaire du prodige, le 3 février, en souvenir du signe accordé par le Seigneur aux premiers membres de leur congrégation.

Solveig Parent


Au delà

Jean-Paul II, lors de sa visite en France en 1980, a tenu ces propos : « Le problème de l’absence du Christ n’existe pas. Le problème de son éloignement de l’histoire de l’homme n’existe pas. Le silence de Dieu à l’égard des inquiétudes du cœur et du sort de l’homme n’existe pas. Il n’y a qu’un seul problème qui existe toujours et partout : le problème de notre présence auprès du Christ. »


Aller plus loin

Bernard Peyrous, Miracle eucharistique : récit et témoignages des événements de Bordeaux en 1822, Éditions de l’Emmanuel, 2004.


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