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Numéro 192

Lanciano (Italie) : l’hostie est devenue un morceau de chair !

Nous sommes en 750. Ansanum, qui deviendra Lanciano, est alors un modeste village des Abruzzes (Italie). Une communauté de moines grecs basiliens accueillent les fidèles dans leur chapelle dédiée aux saints Légontien et Domitien.

Un jour, l’un de ces pères célèbre la messe selon le rite latin, avec une hostie de pain azyme de forme circulaire. Il prononce les paroles de la consécration dans une atmosphère de recueillement.

Mais soudain, un doute l’envahit : le Christ est-il réellement présent ? La présence réelle dans l’eucharistie, confessée par l’Église, ne serait-elle pas une invention humaine ?

A peine ce doute s’était-il immiscé en lui que l’impensable se produit : l’hostie tenue dans ses mains, qui, une seconde avant, était encore du pain, est devenue un morceau de chair sanglant.

Le moine, d’abord terrifié, reprit ses esprits et montre le prodige aux fidèles, qui se mettent à prier, à pleurer, à hurler...

L’événement est rapidement connu dans la région. Les moines basiliens conservent cette précieuse « relique » de chair et de sang en un lieu sûr où les fidèles puissent la vénérer. Elle va rester dans leur chapelle jusqu’en 1258, date à laquelle elle est transférée dans la nouvelle cathédrale Saint-François de Lanciano, fraîchement bâtie.

Placée dans un reliquaire en argent massif, un ostensoir accueille le morceau de chair; les cinq caillots de sang séchés reposent dans un calice en cristal. Des franciscains conventuels sont chargés de sa conservation.

L’Église catholique a reconnu l’origine surnaturelle des faits. En 1515, Léon X fait de Lanciano un siège épiscopal que son successeur Pie IV (+ 1565) érige en archevêché. Le 17 février 1574, Mgr Rodriguez, évêque du lieu, promulgue une première reconnaissance canonique du miracle. Une seconde est établie en 1637. Le 25 juin 1672, Clément X déclare l’autel des reliques de la cathédrale, « autel privilégié », décision entérinée le 14 octobre 1751 par Benoît XIV. Le 23 octobre 1770, l’archevêque Gervasone reconnaît les faits pour la troisième fois. En 1887, Mgr Petrarca obtient de Léon XIII l’indulgence plénière à perpétuité pour les pèlerins visitant la cathédrale de Lanciano pendant les huit jours précédant la fête du miracle (le dernier dimanche d’octobre). Le 5 août 1889, le père Scanna Solaro, président de la Société italienne ‘Fasti Eucaristia’ indique à l’archevêque de Lanciano qu’une bannière fabriquée à Turin portant l’inscription : « Hommage de l’archevêque, du clergé et de la population de Lanciano » va être offerte à Paray-le-Monial. Le 4 octobre 1904, Mgr Angelo Della Cioppa, archevêque diocésain, désigne à son tour l’autel des reliques comme lieu d’adoration perpétuelle. Du 23 au 25 septembre 1921, Lanciano devient le siège du premier congrès eucharistique de la région des Abruzzes sous la présidence du cardinal Oreste Giorgi, légat pontifical.

Les analyses scientifiques de 1970 (confirmées en tous points par celles de 1981) défient l’entendement. Voulus par Mgr Pacifico Perantoni, archevêque de Lanciano, elles sont menées par le docteur Odoardo Linoli, chef de service à l’hôpital d’Arezzo, épaulé par le docteur Ruggero Bertelli, professeur à l’université de Sienne. Les protocoles scientifiques, tant en ce qui concerne le prélèvement des échantillons que pour leurs analyses, sont d’une rigueur infaillible. 

Les conclusions des tests, remises le 4 mars 1971, se passent de commentaires : l’hostie conservée, comme au jour du miracle au VIIIe siècle, est constituée de chair humaine (tissus du myocarde), et les caillots sont formés de sang humain de groupe AB (identique au sang identifié sur le Linceul de Turin).

Patrick Sbalchiero, Enquête sur les miracles dans l’Eglise catholique, Artège, 2019, p. 205-208.

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