
Jour nº5 - Jeudi 26 septembre 2024
Sous le manteau de la Vierge Marie
La Vierge Marie dans la vie de Thérèse
Thérèse carmélite
Tout le carmel est marial : il est « l’Ordre de la Bienheureuse Vierge Marie du Mont-Carmel ». Thérèse prend l’habit le 10 janvier 1889, la dernière fête à laquelle son père peut participer avant les années douloureuses de sa maladie et de son internement au Bon Sauveur de Caen. Après le noviciat qu’elle effectue « entièrement cachée sous le voile de la Sainte Vierge »,Thérèse s’engage définitivement par les vœux de la profession perpétuelle le 8 septembre 1890. « Quelle belle fête que la nativité de Marie pour devenir l’épouse de Jésus ! C’était la petite Sainte Vierge d’un jour qui présentait sa petite fleur au petit Jésus... Ce jour-là tout était petit excepté les grâces et la paix que j’ai reçues, excepté la joie paisible que j’ai ressentie le soir en regardant les étoiles scintiller au firmament, en pensant que bientôt le beau Ciel s’ouvrirait à mes yeux ravis et que je pourrais m’unir à mon Époux au sein d’une allégresse éternelle. »
Prier Marie avec Thérèse
Aujourd’hui, nous vous proposons de prier les strophes 11 à 14 du magnifique poème de la petite Thérèse : Pourquoi je t’aime, ô Marie.
11. Je t'aime te mêlant avec les autres femmes
Qui vers le temple saint ont dirigé leurs pas
Je t'aime présentant le Sauveur de nos âmes
Au bienheureux Vieillard qui le presse en ses bras,
D'abord en souriant j'écoute son cantique
Mais bientôt ses accents me font verser des pleurs.
Plongeant dans l'avenir un regard prophétique
Siméon te présente un glaive de douleurs.
12. Ô Reine des martyrs, jusqu'au soir de ta vie
Ce glaive douloureux transpercera ton cœur
Déjà tu dois quitter le sol de ta patrie
Pour éviter d'un roi la jalouse fureur.
Jésus sommeille en paix sous les plis de ton voile
Joseph vient te prier de partir à l'instant
Et ton obéissance aussitôt se dévoile
Tu pars sans nul retard et sans raisonnement.
13. Sur la terre d'Égypte, il me semble, ô Marie
Que dans la pauvreté ton cœur reste joyeux,
Car Jésus n'est-Il pas la plus belle Patrie,
Que t'importe l'exil, tu possèdes les Cieux ?...
Mais à Jérusalem, une amère tristesse
Comme un vaste océan vient inonder ton cœur
Jésus, pendant trois jours, se cache à ta tendresse
Alors c'est bien l'exil dans toute sa rigueur !...
14. Enfin tu l'aperçois et la joie te transporte,
Tu dis au bel Enfant qui charme les docteurs :
« Ô mon Fils, pourquoi donc agis-tu de la sorte ? »
« Voilà ton père et moi qui te cherchions en pleurs. »
Et l'Enfant Dieu répond (oh quel profond mystère !)
À la Mère chérie qui tend vers lui ses bras :
« Pourquoi me cherchiez-vous ?... Aux œuvres de mon Père »
« Il faut que je m'emploie ; ne le savez-vous pas ? »
Méditation
Thérèse insiste et prend le temps de méditer la vie de Marie quand celle-ci traverse des épreuves. Thérèse désire ainsi nous inviter à laisser la Vierge nous accompagner quand nous-mêmes nous traversons l’épreuve.
Marie se mêle à nos vies et rencontrera la souffrance pour nous aider à la vivre. Or les souffrances de Marie sont intimement liées à celles de son Fils Jésus : fuite en Égypte car c’est bien Jésus que l’on veut assassiner dès sa petite enfance jusqu’à la Passion et la Croix ; Marie veut nous apprendre à offrir nos souffrances au Christ pour le laisser les emplir de sa présence et de son amour sauveur pour nous personnellement et pour les autres. La souffrance nous pousse souvent au repli sur nous-mêmes ou à la fuite pour chercher des compensations. Marie est là au pied de nos croix pour nous inviter à suivre le Christ, à lui offrir nos petites et nos grandes épreuves pour qu’à travers elles notre communion avec lui grandisse.
La vie de Marie est un exode intérieur. Elle se laisse conduire et n’offre aucune résistance car elle croit que Dieu dirige profondément sa vie sous le voile parfois bien épais des événements. Marie a vécu tout cela pour être aujourd’hui avec nous sur nos chemins de foi. Nous pensons bien souvent que c’est le changement en mieux de nos conditions de vie intérieures et extérieures qui va nous apporter la paix. Nous recevons la paix quand nous choisissons de vivre ce que nous vivons avec Jésus, centré sur lui comme Marie.
Parfois nous expérimentons le sentiment de l’absence de Jésus. Demandons à Marie de nous aider à la patience et à l’espérance car cette épreuve creuse en nous un espace plus vaste et profond pour recevoir le temps voulu par Jésus une communion encore plus intime avec lui. L’expérience de l’absence est au service d’un accueil de la présence de Jésus d’une manière plus intense. Ce qui est difficile, c’est que nous ne maîtrisons pas la durée d’une telle épreuve qui attise en nous le désir d’une rencontre plus profonde avec le Christ. La Vierge Marie et l’Esprit Saint sont toujours là pour nous aider à persévérer dans la confiance. Jésus est toujours en effet aux œuvres du Père qui consistent à incarner en nous plus profondément sa vie filiale. Notre réponse essentielle est toujours la confiance au-delà même de ce que nous sentons ou pensons.
Prière à Marie proposée par le saint pape Paul VI dans sa lettre encyclique sur le mois de Marie de 1965
Ainsi donc, vénérables frères, nous invoquerons la Sainte Vierge en ce mois qui lui est consacré et nous implorerons avec un regain de ferveur et de confiance ses grâces et ses dons. Et si les fautes si lourdes des hommes pèsent dans la balance de la justice divine et provoquent de justes châtiments, nous savons aussi que le Seigneur est « le Père des miséricordes et le Dieu de toute consolation », et qu’il a fait de Notre-Dame la généreuse dispensatrice des richesses de sa Miséricorde.
Elle a connu les peines et les tribulations de la Terre, le poids du labeur quotidien, la gêne et les inconvénients de la pauvreté, les douleurs du Calvaire : qu’elle vienne au secours de l’Église et de l’humanité. Qu’elle écoute avec bonté les invocations qui de partout lui demandent la paix. Qu’elle éclaire ceux qui dirigent la marche des peuples.
Et qu’elle obtienne du Seigneur, Maître des vents et des tempêtes, qu’il apaise les tempêtes où s’opposent les cœurs des hommes, et « qu’il accorde la paix à notre temps », la paix véritable, celle dont les fondements fermes et durables sont la justice et l’amour ; justice rendue au plus faible autant qu’au plus fort ; amour qui bannisse les errements causés par l’égoïsme ; de manière que la sauvegarde des droits de chacun ne dégénère pas en oubli ou en négation des droits d’autrui.