
Première lecture
Les impies ne sont pas dans la vérité lorsqu’ils raisonnent ainsi en eux-mêmes : « Attirons le juste dans un piège, car il nous contrarie, il s’oppose à nos entreprises, il nous reproche de désobéir à la loi de Dieu, et nous accuse d’infidélités à notre éducation. Il prétend posséder la connaissance de Dieu, et se nomme lui-même enfant du Seigneur. Il est un démenti pour nos idées, sa seule présence nous pèse ; car il mène une vie en dehors du commun, sa conduite est étrange. Il nous tient pour des gens douteux, se détourne de nos chemins comme de la boue. Il proclame heureux le sort final des justes et se vante d’avoir Dieu pour père. Voyons si ses paroles sont vraies, regardons comment il en sortira. Si le juste est fils de Dieu, Dieu l’assistera, et l’arrachera aux mains de ses adversaires. Soumettons-le à des outrages et à des tourments ; nous saurons ce que vaut sa douceur, nous éprouverons sa patience. Condamnons-le à une mort infâme, puisque, dit-il, quelqu’un interviendra pour lui. »
C’est ainsi que raisonnent ces gens-là, mais ils s’égarent ; leur méchanceté les a rendus aveugles. Ils ne connaissent pas les secrets de Dieu, ils n’espèrent pas que la sainteté puisse être récompensée, ils n’estiment pas qu’une âme irréprochable puisse être glorifiée.
Psaume
Le Seigneur est proche du cœur brisé.
Le Seigneur affronte les méchants pour effacer de la terre leur mémoire. Le Seigneur entend ceux qui l’appellent : de toutes leurs angoisses, il les délivre.
Il est proche du cœur brisé, il sauve l’esprit abattu. Malheur sur malheur pour le juste, mais le Seigneur chaque fois le délivre.
Il veille sur chacun de ses os : pas un ne sera brisé. Le Seigneur rachètera ses serviteurs : pas de châtiment pour qui trouve en lui son refuge
Évangile
Ta Parole, Seigneur, est vérité, et ta loi, délivrance. L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. Ta Parole, Seigneur, est vérité, et ta loi, délivrance.
En ce temps-là, Jésus parcourait la Galilée : il ne voulait pas parcourir la Judée car les Juifs cherchaient à le tuer. La fête juive des Tentes était proche. Lorsque ses frères furent montés à Jérusalem pour la fête, il y monta lui aussi, non pas ostensiblement, mais en secret.
On était déjà au milieu de la semaine de la fête quand Jésus monta au Temple ; et là il enseignait. Quelques habitants de Jérusalem disaient alors : « N’est-ce pas celui qu’on cherche à tuer ? Le voilà qui parle ouvertement, et personne ne lui dit rien ! Nos chefs auraient-ils vraiment reconnu que c’est lui le Christ ? Mais lui, nous savons d’où il est. Or, le Christ, quand il viendra, personne ne saura d’où il est. » Jésus, qui enseignait dans le Temple, s’écria : « Vous me connaissez ? Et vous savez d’où je suis ? Je ne suis pas venu de moi-même : mais il est véridique, Celui qui m’a envoyé, lui que vous ne connaissez pas. Moi, je le connais parce que je viens d’auprès de lui, et c’est lui qui m’a envoyé. »
On cherchait à l’arrêter, mais personne ne mit la main sur lui parce que son heure n’était pas encore venue.
Méditer avec les carmes
Dans les derniers mois de la vie publique de Jésus, l’acharnement de ses ennemis est allé croissant, et Jésus a senti se resserrer sur lui l’étau de la compréhension et de la haine.
Tout cela allait déboucher sur l’arrestation brutale, le procès et la mort de Jésus. C’est ce que l’Eglise nous rappelle dès aujourd’hui. En effet dans les deux textes il est question de la mort du juste.
Dans le livre de la Sagesse, il s’agit d’un homme intègre, fidèle à Dieu, et dont la droiture est comme un reproche perpétuel pour ceux qui renient le Seigneur ou en prennent à leur aise avec sa loi. Et ce juste appelle à son aide le Dieu qu’il sert et qu’il nomme son père.
Dans l’Évangile, le juste menacé n’est autre que Jésus, le propre fils de Dieu, qui est passé en faisant le bien, en guérissant les hommes, en illuminant les cœurs ; Jésus, qui nomme Dieu son Père non pas en un sens large, comme peut le faire tout ami de Dieu, mais en un sens qui n’appartient qu’à lui, puisqu’il est Fils, le Fils, de toute éternité, l’unique en qui le Père a mis toute sa complaisance.
« Je ne suis pas venu de moi-même », dit Jésus. J’ai été envoyé par celui que vous ne connaissez pas, que vous ne reconnaissez pas vraiment comme le Dieu qui sauve, puisque vous contestez son envoyé !
« Moi, je le connais », dit Jésus ; « je le connais parce que je viens d’auprès de lui ». Jésus est le seul qui puisse parler de Dieu et du monde de Dieu comme un voyageur qui raconte, et c’est lui que les hommes doivent écouter. Mais ses adversaires croient tout savoir de lui. Il croient savoir d’où il est parce qu’on l’appelle Jésus de Nazareth. Or, avant de venir de Nazareth, Jésus vient de Dieu. C’est là le mystère de sa mission, le mystère de sa personne : « il est Dieu, né de Dieu, lumière née ne de la lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu ». Et c’est pour cela qu’il est plus grand que nos limites d’hommes, qu’il est plus fort que toutes nos faiblesses, plus riche que toutes nos misères.
C’est parce qu’il vient du pays de Dieu que Jésus peut nous parler chaque jour de vie et d’espérance ; c’est parce qu’il vient de Dieu même qu’il peut faire de la joie avec toutes nos tristesses, nous redonner le goût de vivre, et nous rendre heureux dans le don de nous-mêmes.