
Première lecture
En ces jours-là, Anne se leva, après qu’ils eurent mangé et bu à Silo. Le prêtre Éli était assis sur son siège, à l’entrée du sanctuaire du Seigneur. Anne, pleine d’amertume, se mit à prier le Seigneur et pleura abondamment. Elle fit un vœu en disant : « Seigneur de l’univers ! Si tu veux bien regarder l’humiliation de ta servante, te souvenir de moi, ne pas m’oublier, et me donner un fils, je le donnerai au Seigneur pour toute sa vie, et le rasoir ne passera pas sur sa tête. »
Tandis qu’elle prolongeait sa prière devant le Seigneur, Éli observait sa bouche. Anne parlait dans son cœur : seules ses lèvres remuaient, et l’on n’entendait pas sa voix. Éli pensa qu’elle était ivre et lui dit : « Combien de temps vas-tu rester ivre ? Cuve donc ton vin ! » Anne répondit : « Non, mon seigneur, je ne suis qu’une femme affligée, je n’ai bu ni vin ni boisson forte ; j’épanche mon âme devant le Seigneur. Ne prends pas ta servante pour une vaurienne : c’est l’excès de mon chagrin et de mon dépit qui m’a fait prier aussi longtemps. » Éli lui répondit : « Va en paix, et que le Dieu d’Israël t’accorde ce que tu lui as demandé. » Anne dit alors : « Que ta servante trouve grâce devant toi ! » Elle s’en alla, elle se mit à manger, et son visage n’était plus le même.
Le lendemain, Elcana et les siens se levèrent de bon matin. Après s’être prosternés devant le Seigneur, ils s’en retournèrent chez eux, à Rama. Elcana s’unit à Anne sa femme, et le Seigneur se souvint d’elle. Anne conçut et, le temps venu, elle enfanta un fils ; elle lui donna le nom de Samuel (c’est-à-dire : Dieu exauce) car, disait-elle, « Je l’ai demandé au Seigneur. »
Psaume
Mon cœur exulte à cause du Seigneur : il donne le salut.
Mon cœur exulte à cause du Seigneur ; mon front s’est relevé grâce à mon Dieu ! Face à mes ennemis, s’ouvre ma bouche : oui, je me réjouis de ton salut !
L’arc des forts est brisé, mais le faible se revêt de vigueur. Les plus comblés s’embauchent pour du pain, et les affamés se reposent.
Le Seigneur fait mourir et vivre ; il fait descendre à l’abîme et en ramène. Le Seigneur rend pauvre et riche ; il abaisse et il élève.
De la poussière il relève le faible, il retire le malheureux de la cendre pour qu’il siège parmi les princes et reçoive un trône de gloire.
Évangile
Alléluia. Alléluia. Accueillez la parole de Dieu : pour ce qu’elle est réellement : non pas une parole d’hommes, mais la parole de Dieu. Alléluia.
Jésus et ses disciples entrèrent à Capharnaüm. Aussitôt, le jour du sabbat, il se rendit à la synagogue, et là, il enseignait. On était frappé par son enseignement, car il enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme les scribes. Or, il y avait dans leur synagogue un homme tourmenté par un esprit impur, qui se mit à crier : « Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais qui tu es : tu es le Saint de Dieu. » Jésus l’interpella vivement : « Tais-toi ! Sors de cet homme. » L’esprit impur le fit entrer en convulsions, puis, poussant un grand cri, sortit de lui. Ils furent tous frappés de stupeur et se demandaient entre eux : « Qu’est-ce que cela veut dire ? Voilà un enseignement nouveau, donné avec autorité ! Il commande même aux esprits impurs, et ils lui obéissent. » Sa renommée se répandit aussitôt partout, dans toute la région de la Galilée.
Méditer avec les carmes
Cette question du possédé, le monde plus que jamais la pose à Celui qui nous a aimés et s’est livré pour nous, car la prophétie du vieillard Syméon continue de s’accomplir sous nos yeux : l’Enfant né de Marie continue d’être « un signe en butte à la contradiction, afin que soient révélées les pensées des cœurs ».
Avec Jésus Messie la lumière est entrée dans le monde, une lumière qui est vie, et, dans l’histoire de l’humanité comme dans le cœur de chaque homme, cette lumière trace une frontière mouvante entre ce qui appartient déjà au monde futur et ce qui reste emprisonné dans les ténèbres du refus, de la tristesse et de la haine.
Non, le Messie de Dieu n’est pas venu « pour notre perte » ; il est venu au contraire « pour le relèvement d’un grand nombre dans l’Israël de Dieu », mais rien ni personne ne l’empêchera d’être à jamais ce qu’il est : le Saint de Dieu, le Dieu trois fois saint venu sanctifier les hommes. Nous savons que la sainteté de notre Dieu est à la fois :
une distance infinie par rapport à tout ce que nous connaissons de limité, de fini, de souillé et de périssable ;
une majesté fascinante, ou si l’on veut une emprise souveraine sur le cosmos et sur le cœur humain ;
une extraordinaire densité d’être et d’amour qui s’ouvre, par grâce, à la communion des hommes.
Ce Jésus, Saint de Dieu, Dieu saint venu dans notre chair, rien ni personne ne l’empêchera de parler avec l’autorité qu’il tient de son Père, et de révéler ce Père aux petits et aux humbles.
Ce Christ, tel que vous l’avez reçu dans la bonne nouvelle de l’Évangile, tel que vous avez appris à le connaître dans le cœur à cœur de l’oraison et dans la louange communautaire, c’est en lui qu’il vous faut marcher, parce qu’il est votre vie, et tout ce que vous avez à dire ou à faire doit être puisé dans l’amour du Christ par les racines de la prière ; c’est en lui qu’il vous faut bâtir, parce qu’il est la pierre d’angle choisie par le Père, et que toute pierre vivante qui vient s’ajouter à la construction s’aligne nécessairement sur cette première pierre pour trouver la dimension verticale et horizontale de la charité.
Ainsi, en vous appelant à entrer toutes ensemble dans la construction du Temple saint, Jésus le Christ vous a étroitement rapprochées dans l’amour, dans la joie fraternelle et par le signe certain de la présence de l’Esprit. Vous avez expérimenté combien ce rapprochement des cœurs a facilité l’épanouissement de votre intelligence spirituelle, et vous a aidées à pénétrer le mystère de Dieu, « le Christ parmi vous, espérance de la gloire ».
Une fois de plus ce sacrifice de louange et cette Eucharistie vous rassemblent toutes dans le Christ, Sagesse de Dieu venue converser avec les hommes, et par la communion au Corps de Jésus vous allez avoir accès aux mêmes trésors de sagesse spirituelle et de connaissance. « Pour le bel ordre qui règne chez vous », pour la solidité de votre foi au Christ, débordez d’action de grâces et prenez la coupe du Seigneur, coupe de passion et coupe de joie.