
Première lecture
Consolez, consolez mon peuple, – dit votre Dieu – parlez au cœur de Jérusalem. Proclamez que son service est accompli, que son crime est expié, qu’elle a reçu de la main du Seigneur le double pour toutes ses fautes.
Une voix proclame : « Dans le désert, préparez le chemin du Seigneur ; tracez droit, dans les terres arides, une route pour notre Dieu. Que tout ravin soit comblé, toute montagne et toute colline abaissées ! que les escarpements se changent en plaine, et les sommets, en large vallée ! Alors se révélera la gloire du Seigneur, et tout être de chair verra que la bouche du Seigneur a parlé. »
Monte sur une haute montagne, toi qui portes la bonne nouvelle à Sion. Élève la voix avec force, toi qui portes la bonne nouvelle à Jérusalem. Élève la voix, ne crains pas. Dis aux villes de Juda : « Voici votre Dieu ! » Voici le Seigneur Dieu ! Il vient avec puissance ; son bras lui soumet tout. Voici le fruit de son travail avec lui, et devant lui, son ouvrage. Comme un berger, il fait paître son troupeau : son bras rassemble les agneaux, il les porte sur son cœur, il mène les brebis qui allaitent.
Psaume
Bénis le Seigneur, ô mon âme ; Seigneur mon Dieu, tu es si grand !
Revêtu de magnificence, tu as pour manteau la lumière ! Comme une tenture, tu déploies les cieux, tu élèves dans leurs eaux tes demeures.
Des nuées, tu te fais un char, tu t’avances sur les ailes du vent ; tu prends les vents pour messagers, pour serviteurs, les flammes des éclairs.
Quelle profusion dans tes œuvres, Seigneur ! Tout cela, ta sagesse l’a fait ; la terre s’emplit de tes biens. Voici l’immensité de la mer, son grouillement innombrable d’animaux grands et petits.
Tous, ils comptent sur toi pour recevoir leur nourriture au temps voulu. Tu donnes : eux, ils ramassent ; tu ouvres la main : ils sont comblés.
Tu caches ton visage : ils s’épouvantent ; tu reprends leur souffle, ils expirent et retournent à leur poussière. Tu envoies ton souffle : ils sont créés ; tu renouvelles la face de la terre.
Deuxième lecture
Bien-aimé, la grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes. Elle nous apprend à renoncer à l’impiété et aux convoitises de ce monde, et à vivre dans le temps présent de manière raisonnable, avec justice et piété, attendant que se réalise la bienheureuse espérance : la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur, Jésus Christ. Car il s’est donné pour nous afin de nous racheter de toutes nos fautes, et de nous purifier pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien.
Lorsque Dieu, notre Sauveur, a manifesté sa bonté et son amour pour les hommes, il nous a sauvés, non pas à cause de la justice de nos propres actes, mais par sa miséricorde. Par le bain du baptême, il nous a fait renaître et nous a renouvelés dans l’Esprit Saint. Cet Esprit, Dieu l’a répandu sur nous en abondance, par Jésus Christ notre Sauveur, afin que, rendus justes par sa grâce, nous devenions en espérance héritiers de la vie éternelle.
Évangile
Alléluia. Alléluia. Voici venir un plus fort que moi, proclame Jean Baptiste ; c’est lui qui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. Alléluia.
En ce temps-là, le peuple venu auprès de Jean le Baptiste était en attente, et tous se demandaient en eux-mêmes si Jean n’était pas le Christ. Jean s’adressa alors à tous : « Moi, je vous baptise avec de l’eau ; mais il vient, celui qui est plus fort que moi. Je ne suis pas digne de dénouer la courroie de ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. »
Comme tout le peuple se faisait baptiser et qu’après avoir été baptisé lui aussi, Jésus priait, le ciel s’ouvrit. L’Esprit Saint, sous une apparence corporelle, comme une colombe, descendit sur Jésus, et il y eut une voix venant du ciel : « Toi, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. »
Méditer avec les carmes
Aux gens ordinaires de la foule, Jean répond simplement : « partagez ! » ; et il vise en particulier le vêtement et la nourriture. Aux collecteurs d’impôts, le Baptiste n’impose pas de quitter leur travail, mais ils ne doivent pas chercher à s’enrichir en faisant payer aux gens plus que l’occupant ne demande. Les soldats non plus n’auront pas à renoncer à leur métier ; mais ils ne devront pas profiter de leur force et de leurs armes pour vivre aux dépens des habitants du pays ni pour calomnier et dénoncer sans scrupule.
C’est l’ascèse de tous les jours, au niveau de l’avoir et du pouvoir, mais ce n’est qu’une des facettes de la spiritualité du Précurseur, car son désir de probité et de générosité s’enracine, en profondeur, dans une humilité radicale devant Dieu, devant le plan de Dieu et devant Celui qui va le mettre en oeuvre : « lui vous plongera dans l’Esprit Saint ».
La toute première ascèse du Baptiste est de rester à sa place dans le dessein de Dieu, à sa place de précurseur du Messie ; mais pour lui, nous le savons, c’était beaucoup plus une joie qu’un effort : « il faut qu’Il croisse, et que moi je diminue ! ».
La grandeur d’âme du Baptiste sera de garder cette humilité et ce réflexe d’effacement même quand il verra Jésus choisir un style d’action tout différent du sien. Pour l’instant il se représente le Messie un peu à sa propre image : vannant le blé à la grande pelle et brûlant la menue paille dans un feu jamais éteint. En réalité ce Messie « plus fort que lui » mettra tous ses disciples à l’école de sa douceur.
Avec saint Paul notre ascèse de l’Avent, sans cesser d’être pratique et réaliste, va descendre dans notre cœur jusqu’à la racine de nos décisions et de nos comportements.
Ce sera avant tout l’ascèse de la joie, de la joie ancrée dans la Pâque de Jésus et maintenue courageuse-ment, en dépit des épreuves et des incertitudes, familiales ou communautaires, en dépit également de nos désarrois personnels devant la maladie, l’incompréhension ou la solitude. Une sœur joyeuse, une maman joyeuse, joyeuse malgré tout, quel soleil dans la communauté, quelle espérance dans le cœur des enfants ! « Réjouissez-vous sans cesse dans le Seigneur, je vous le redis, insiste saint Paul, réjouissez-vous ! »
Et il ajoute, pour faire bonne mesure : « n’entretenez aucun souci ». Ce sera l’ascèse de la confiance, si onéreuse pour nous qui voulons tout garder en mains, notre propre destin et celui de notre communauté. Le secret, selon saint Paul, est de tout demander, et de faire de Dieu le confident de tous nos besoins et de toutes nos craintes. Car nous passons notre vie à craindre, alors que « le Seigneur est proche », à portée de foi, à portée de prière.
Au fond, l’une des ascèses les plus nécessaires, pour notre cœur inquiet et trop souvent triste, est de laisser venir la paix de Dieu, cette paix qui, selon saint Paul, va « monter la garde » à l’entrée de notre cœur et maintenir nos pensées « dans le Christ Jésus ». Tant de négatif pénètre dans nos sentiments, dans nos souvenirs, dans notre regard sur demain ; tant de lassitude ou d’amertume se glisse parfois dans nos gestes ou dans nos paroles ; tant de retours sur le passé nous paralysent ou dévitalisent notre prière !
Le Seigneur est proche, le Seigneur vient.
Déjà il nous a choisis, déjà il nous a appelés.
Déjà chaque jour il nous ouvre sa vie.
Comment pourrions-nous oublier d’être heureux ?