
Première lecture
Israël était une vigne luxuriante, qui portait beaucoup de fruit. Mais plus ses fruits se multipliaient, plus Israël multipliait les autels ; plus sa terre devenait belle, plus il embellissait les stèles des faux dieux. Son cœur est partagé ; maintenant il va expier : le Seigneur renversera ses autels ; les stèles, il les détruira. Maintenant Israël va dire : « Nous sommes privés de roi, car nous n’avons pas craint le Seigneur. Et si nous avions un roi, que pourrait-il faire pour nous ? » Ils ont disparu, Samarie et son roi, comme de l’écume à la surface de l’eau. Les lieux sacrés seront détruits, ils sont le crime, le péché d’Israël ; épines et ronces recouvriront leurs autels. Alors on dira aux montagnes : « Cachez-nous ! » et aux collines : « Tombez sur nous ! » Faites des semailles de justice, récoltez une moisson de fidélité, défrichez vos terres en friche. Il est temps de chercher le Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne répandre sur vous une pluie de justice.
Psaume
Recherchez sans trêve la face du Seigneur.
Chantez et jouez pour lui, redites sans fin ses merveilles ; glorifiez-vous de son nom très saint : joie pour les cœurs qui cherchent Dieu !
Cherchez le Seigneur et sa puissance, recherchez sans trêve sa face ; souvenez-vous des merveilles qu’il a faites, de ses prodiges, des jugements qu’il prononça.
Vous, la race d’Abraham son serviteur, les fils de Jacob, qu’il a choisis, le Seigneur, c’est lui notre Dieu : ses jugements font loi pour l’univers.
Évangile
Alléluia. Alléluia. Le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. Alléluia.
En ce temps-là, Jésus appela ses douze disciples et leur donna le pouvoir d’expulser les esprits impurs et de guérir toute maladie et toute infirmité. Voici les noms des douze Apôtres : le premier, Simon, nommé Pierre ; André son frère ; Jacques, fils de Zébédée, et Jean son frère ; Philippe et Barthélemy ; Thomas et Matthieu le publicain ; Jacques, fils d’Alphée, et Thaddée ; Simon le Zélote et Judas l’Iscariote, celui-là même qui le livra. Ces douze, Jésus les envoya en mission avec les instructions suivantes : « Ne prenez pas le chemin qui mène vers les nations païennes et n’entrez dans aucune ville des Samaritains. Allez plutôt vers les brebis perdues de la maison d’Israël. Sur votre route, proclamez que le royaume des Cieux est tout proche. »
Méditer avec les carmes
Jésus n’a pas eu peur de la diversité lorsqu’il a choisi ses douze apôtres. Avec Pierre et André, compagnons de la première heure, il a appelé leurs deux associés pour la pêche, Jacques et Jean, les deux « fils du tonnerre », mais aussi Matthieu, l’homme de bureau, et Simon, un homme connu pour ses liens avec la résistance, et même Judas Iscariote, dont il appréciait sans aucun doute les qualités de gestionnaire.
Ce qui unissait à ce moment tous ces hommes, en dépit de leurs différences de culture, de tempérament et d’options politiques, c’était leur engagement inconditionnel à la suite de Jésus Messie et la certitude d’avoir trouvé en lui celui qui allait donner sens pour toujours à leur vie et à leur cheminement. Mais désormais un lien plus fort encore allait les rapprocher : l’envoi par Jésus pour une même mission.
Pour ce premier envoi, Jésus les ménage encore : ils n’auront pas à dépasser les frontières d’Israël. La mission au grand large, parmi les nations, sera pour plus tard, quand l’Esprit Paraclet les aura ouverts à l’intelligence des Écritures, mais déjà Jésus leur délègue à tous une part de ses pouvoirs messianiques, car ils devront, en son nom, non seulement annoncer que le Règne de Dieu est tout proche, mais faire reculer la souffrance, la mort et le pouvoir du mal.
Depuis les débuts de la vie religieuse dans l’Eglise, les communautés ont trouvé dans la vie des Douze auprès de Jésus la charte de leur vie fraternelle :
les frères, ou les sœurs, ne se sont pas choisis, mais se trouvent frères ou sœurs par le choix du Seigneur ; - leurs différences, assumées par Jésus, utilisées par Jésus, loin de les paralyser, doit leur apparaître comme une richesse pour la mission et le témoignage ;
et enfin, plus encore que les pesanteurs humainement inévitables, les frères ou les sœurs doivent regarder, même quand les années les ont marqués, la grandeur et l’urgence de la mission confiée par Jésus.
Le centenaire de la petite Thérèse a été pour nous tous l’occasion de méditer sur l’impact missionnaire de la vie en communauté. Vivre en commun l’appel de Jésus et partager joyeusement le poids du jour et de la chaleur, c’est en effet déjà proclamer au monde que le règne de Dieu est advenu et qu’il advient. Repartir sans cesse en sœurs de Jésus et retrouver envers chacune le chemin du pardon, c’est entrer dans l’œuvre de guérison de Jésus Messie. N’accepter pour agir et réagir que les seules armes de la lumière, c’est déjà vaincre avec Jésus les forces du mal.
Puisque, aujourd’hui encore, le Christ nous rassemble au tour de sa table et qu’il regarde toutes et chacune comme il suivait des yeux ses douze amis, si différents et si enthousiastes, demandez-lui, mes sœurs, de vous révéler la force du lien qui vous réunit, la présence, dans les cœurs, de son Esprit Saint.