
Première lecture
Écoutez ce que déclare la Sagesse de Dieu : « Le Seigneur m’a faite pour lui, principe de son action, première de ses œuvres, depuis toujours. Avant les siècles j’ai été formée, dès le commencement, avant l’apparition de la terre.
Quand les abîmes n’existaient pas encore, je fus enfantée, quand n’étaient pas les sources jaillissantes. Avant que les montagnes ne soient fixées, avant les collines, je fus enfantée, avant que le Seigneur n’ait fait la terre et l’espace, les éléments primitifs du monde.
Quand il établissait les cieux, j’étais là, quand il traçait l’horizon à la surface de l’abîme, qu’il amassait les nuages dans les hauteurs et maîtrisait les sources de l’abîme, quand il imposait à la mer ses limites, si bien que les eaux ne peuvent enfreindre son ordre, quand il établissait les fondements de la terre. Et moi, je grandissais à ses côtés.
Je faisais ses délices jour après jour, jouant devant lui à tout moment, jouant dans l’univers, sur sa terre, et trouvant mes délices avec les fils des hommes. »
Psaume
Ô Seigneur, notre Dieu, qu’il est grand, ton nom, par toute la terre !
À voir ton ciel, ouvrage de tes doigts, la lune et les étoiles que tu fixas, qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui, le fils d’un homme, que tu en prennes souci ?
Tu l’as voulu un peu moindre qu’un dieu, le couronnant de gloire et d’honneur ; tu l’établis sur les œuvres de tes mains, tu mets toute chose à ses pieds.
Les troupeaux de bœufs et de brebis, et même les bêtes sauvages, les oiseaux du ciel et les poissons de la mer, tout ce qui va son chemin dans les eaux.
Deuxième lecture
Frères, nous qui sommes devenus justes par la foi, nous voici en paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ, lui qui nous a donné, par la foi, l’accès à cette grâce dans laquelle nous sommes établis ; et nous mettons notre fierté dans l’espérance d’avoir part à la gloire de Dieu. Bien plus, nous mettons notre fierté dans la détresse elle-même, puisque la détresse, nous le savons, produit la persévérance ; la persévérance produit la vertu éprouvée ; la vertu éprouvée produit l’espérance ; et l’espérance ne déçoit pas, puisque l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné.
Évangile
Alléluia. Alléluia.
Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit : au Dieu qui est, qui était et qui vient !
Alléluia.
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l’instant vous ne pouvez pas les porter. Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans la vérité tout entière. En effet, ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même : mais ce qu’il aura entendu, il le dira ; et ce qui va venir, il vous le fera connaître. Lui me glorifiera, car il recevra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. Tout ce que possède le Père est à moi ; voilà pourquoi je vous ai dit : L’Esprit reçoit ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. »
Méditer avec les carmes
Il y a tant de choses que Jésus depuis longtemps aurait voulu nous dire, et que nous sommes, aujourd’hui encore, incapables de porter !
Ce sont des flashes de lumière sur Dieu et la vie de Dieu, sur les chemins de Dieu en nous et nos chemins vers Dieu, sur la personne et le rôle de Jésus lui-même dans le dessein de Dieu pour le monde et pour nous : bref, tout ce que Jésus appelle la vérité. D’où vient que nous utilisons si pauvrement notre potentiel de vérité ? D’où vient que nous déchiffrons si mal le nom de grâce écrit sur notre caillou blanc ?
Probablement du fait que nous nous en tenons trop à nos propres ressources, que notre cœur se disperse et se fixe là où sont ses trésors. Il reste si peu de place en nous, non pas pour le « Dieu inconnu », mais pour l’inconnu de Dieu !
Mais surtout, ce qui nous manque, c’est que nous ne savons pas, que nous n’osons pas, « nous laisser à l’Esprit », comme on disait au grand siècle (Mr Olier). C’est lui, le Paraclet, qui doit et qui veut nous mener jusqu’à la « vérité tout entière » ; c’est lui qui dès aujourd’hui nous guide dans le pays de la vérité où Jésus nous a introduits.
Et comment nous enseigne-t-il toutes choses ? En nous remémorant ce que Jésus, déjà, nous a dit.
L’Esprit Paraclet est toujours lui-même en écho de ce qui se dit en Dieu et de ce que Dieu dit ; et il se fait en nous l’écho vivant de ce que Jésus a révélé. Il rend vivant en nous l’écho de sa parole. Cette parole de vérité qui est commune à Jésus et au Père et qui dit pour nous le passé de l’Alliance, le présent de l’amour et tout ce qui doit venir, le Paraclet l’entend en Dieu, la reçoit du Christ en gloire, et nous la communique pour nous acheminer nous aussi vers le Père. Et par cette anamnèse, l’Esprit Paraclet glorifie le Fils de Dieu : « Il me glorifiera, annonce Jésus, car il recevra de ce qui est à moi et il vous l’annoncera. »
Qu’est-ce, en effet, que la gloire pour Jésus, sinon le secret indicible de son intimité avec le Père, le mystère de l’amour partagé ? Pour l’Esprit Paraclet, glorifier Jésus, c’est ouvrir aux hommes cette intimité, leur donner part aux échanges du Père et du Fils. Et cela, il le fait de manière privilégiée lorsqu’il intériorise en nous la parole de Jésus. Partout dans l’Église et le monde où cette parole est annoncée, partagée, méditée, le Paraclet glorifie Jésus.
C’est le mystère qui s’accomplit en chaque liturgie de la parole ; c’est la recréation intérieure que nous vivons aux heures bénies de l’oraison, quand l’Esprit vient « illuminer les yeux de notre cœur » (E 1, 18). Cela passe par nous, cela se passe en nous, quand « Dieu, le Créateur de la lumière, brille dans nos cœurs pour y faire resplendir la connaissance de sa gloire, qui est sur la Face du Christ » (2 Co 4, 6).
Lorsque nous laissons la parole de Jésus résonner au plus profond, au plus vrai, au plus libre de nous-mêmes, nous laissons l’Esprit Paraclet glorifier le Fils de Dieu. C’est déjà le début de la vie éternelle.