
Première lecture
Moi, Jean, l’ange me montra l’eau de la vie : un fleuve resplendissant comme du cristal, qui jaillit du trône de Dieu et de l’Agneau. Au milieu de la place de la ville, entre les deux bras du fleuve, il y a un arbre de vie qui donne des fruits douze fois : chaque mois il produit son fruit ; et les feuilles de cet arbre sont un remède pour les nations. Toute malédiction aura disparu. Le trône de Dieu et de l’Agneau sera dans la ville, et les serviteurs de Dieu lui rendront un culte ; ils verront sa face, et son nom sera sur leur front. La nuit aura disparu, ils n’auront plus besoin de la lumière d’une lampe ni de la lumière du soleil, parce que le Seigneur Dieu les illuminera ; ils régneront pour les siècles des siècles. Puis l’ange me dit : « Ces paroles sont dignes de foi et vraies : le Seigneur, le Dieu qui inspire les prophètes, a envoyé son ange pour montrer à ses serviteurs ce qui doit bientôt advenir. Voici que je viens sans tarder. Heureux celui qui garde les paroles de ce livre de prophétie. »
Psaume
Marana tha ! Viens, Seigneur Jésus !
Venez, crions de joie pour le Seigneur, acclamons notre Rocher, notre salut ! Allons jusqu’à lui en rendant grâce, par nos hymnes de fête acclamons-le !
Oui, le grand Dieu, c’est le Seigneur, le grand roi au-dessus de tous les dieux : il tient en main les profondeurs de la terre, et les sommets des montagnes sont à lui ; à lui la mer, c’est lui qui l’a faite, et les terres, car ses mains les ont pétries.
Entrez, inclinez-vous, prosternez-vous, adorons le Seigneur qui nous a faits. Oui, il est notre Dieu ; nous sommes le peuple qu’il conduit, le troupeau guidé par sa main.
Évangile
Alléluia. Alléluia. Restez éveillés et priez en tout temps : ainsi vous pourrez vous tenir debout devant le Fils de l’homme.
Alléluia.
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Tenez-vous sur vos gardes, de crainte que votre cœur ne s’alourdisse dans les beuveries, l’ivresse et les soucis de la vie, et que ce jour-là ne tombe sur vous à l’improviste comme un filet ; il s’abattra, en effet, sur tous les habitants de la terre entière. Restez éveillés et priez en tout temps : ainsi vous aurez la force d’échapper à tout ce qui doit arriver, et de vous tenir debout devant le Fils de l’homme. »
Méditer avec les carmes
Les années passent, au service du Seigneur ; et normalement notre vie toute donnée à la prière et au service fraternel devrait devenir de plus en plus libre et légère sous le regard de Celui qui nous aime. À cela tendent tous nos efforts spirituels et toutes nos conversions, et c’est bien le désir que fait monter en nous la parole de Jésus.
Pourtant, même quand nous cherchons loyalement notre chemin de fidélité, nous prenons conscience, de loin en loin, d’une pesanteur qui s’est installée en nous malgré nous, et qui nous empêche d’être heureux sans contrainte de l’appel et de la présence du Seigneur.
Pesanteur de l’intelligence, qui devient comme rétive aux choses de Dieu et aux approches de son mystère. Pesanteur de notre mémoire, qui demeure collée aux événements quotidiens et ne se nourrit plus des merveilles de la foi. Pesanteur de notre désir, qui ne vise plus, apparemment, que des joies immédiates ou des facilités à court terme.
« Tenez-vous sur vos gardes, nous dit Jésus aujourd’hui, de peur que vos cœurs ne s’appesantissent ». Et il mentionne les dangers de la débauche et de l’ivrognerie, dont par grâce, heureusement, nos sommes préservés ; mais il ajoute, comme cause d’appesantissement, « les soucis de la vie », les soucis pour la vie, qui habitent tous les cœurs humains, même au cloître.
Selon Jésus, un cœur appesanti est un cœur qui perd ses réflexes et sa présence aux êtres et aux événements. Un cœur immergé dans les soucis « biotiques » (mérimnai biôtikai) devient vulnérable à l’imprévu ; il se laisse surprendre et paralyser. Si nous ne restons pas sur nos gardes, « le Jour de Dieu fondra sur nous comme un filet » de chasseur, qui interdit tout mouvement, toute échappée, toute fuite.
Le remède est simple, et Jésus y revient souvent quand il parle de l’avenir et des événements ultimes qui accompagneront son retour : « Veillez et priez en tout temps ». C’est tout le programme spirituel de l’Avent qui va commencer : demeurer vigilants, quel que soit notre passé de louange et de service, et rester par la prière en dialogue d’amour avec le Seigneur de notre appel.
Le Jour du Seigneur n’est pas redoutable pour ceux qui l’attendent, le guettent et le préparent ; et la venue du Fils de l’Homme ne surprendra pas ceux qui chaque jour vivent dans sa lumière. Si nous veillons, debout, pour appeler et servir Celui qui vient, nous serons debout devant lui dès qu’il paraîtra. Non pas debout comme raidis dans notre fierté et notre triomphe, mais debout dans le respect et la confiance, pour accueillir le Seigneur en gloire et pour entrer, heureux, dans son accueil et sa gloire.
Vigilance et prière seront pour nous, durant l’Avent, comme deux visages de notre espérance. Ce seront aussi pour nous, au cœur de l’Église, deux manières de vivre d’amour et de porter le monde, à l’imitation de la Mère du Messie.