
Première lecture
Je vous l’écris, petits enfants : Vos péchés vous sont remis à cause du nom de Jésus. Je vous l’écris, parents : Vous connaissez celui qui existe depuis le commencement. Je vous l’écris, jeunes gens : Vous avez vaincu le Mauvais. Je vous l’ai écrit, enfants : Vous connaissez le Père. Je vous l’ai écrit, parents : Vous connaissez celui qui existe depuis le commencement. Je vous l’ai écrit, jeunes gens : Vous êtes forts, la parole de Dieu demeure en vous, vous avez vaincu le Mauvais.
N’aimez pas le monde, ni ce qui est dans le monde. Si quelqu’un aime le monde, l’amour du Père n’est pas en lui. Tout ce qu’il y a dans le monde – la convoitise de la chair, la convoitise des yeux, l’arrogance de la richesse –, tout cela ne vient pas du Père, mais du monde. Or, le monde passe, et sa convoitise avec lui. Mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure pour toujours.
Psaume
Joie au ciel ! Exulte la terre !
Rendez au Seigneur, familles des peuples, rendez au Seigneur la gloire et la puissance, rendez au Seigneur la gloire de son nom.
Apportez votre offrande, entrez dans ses parvis, adorez le Seigneur, éblouissant de sainteté : tremblez devant lui, terre entière.
Allez dire aux nations : « Le Seigneur est roi ! » Le monde, inébranlable, tient bon. Il gouverne les peuples avec droiture.
Évangile
Alléluia. Alléluia. Aujourd'hui la lumière a brillé sur la terre. Peuples de l'univers, entrez dans la clarté de Dieu. Venez tous adorer le Seigneur ! Alléluia.
En ce temps-là, quand les parents de Jésus vinrent le présenter au Temple, il y avait aussi une femme prophète, Anne, fille de Phanuel, de la tribu d’Aser. Elle était très avancée en âge ; après sept ans de mariage, demeurée veuve, elle était arrivée à l’âge de 84 ans. Elle ne s’éloignait pas du Temple, servant Dieu jour et nuit dans le jeûne et la prière. Survenant à cette heure même, elle proclamait les louanges de Dieu et parlait de l’enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem.
Lorsqu’ils eurent achevé tout ce que prescrivait la loi du Seigneur, ils retournèrent en Galilée, dans leur ville de Nazareth.
L’enfant, lui, grandissait et se fortifiait, rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui.
Méditer avec les carmes
À propos de l’enfance de Jésus, l’Église nous fait lire aujourd’hui, comme déjà dans la liturgie d’hier, l’Évangile du troisième âge, l’Évangile de la vie montante.
Ce n’est pas seulement un trait d’humour de l’évangéliste que de rapprocher ainsi un beau bébé et deux beaux vieillards, car, à travers les récits concernant Syméon et Anne, c’est toute une théologie de la fidélité de Dieu qui est proposée aux croyants pour rajeunir leur espérance.
Instinctivement nous voyons des signes d’espérance dans les choses neuves, les initiatives inédites, et dans la présence d’êtres jeunes, tout en promesses ; et nous avons raison, car, au niveau des choses humaines et dans la perspective de la vie terrestre, ce sont les jeunes d’aujourd’hui qui vont traverser le temps, assurer la course de la parole et la survie des communautés.
Mais quand il s’agit des réalités de l’au-delà, de l’amitié avec Dieu dans la vie éternelle, même la fin des choses et le soir de la vie peuvent être signes d’espérance. La manière dont on donne à Dieu les années du grand âge ou de l’inaction, la joie que l’on apporte à servir dans l’ombre, la liberté de cœur avec laquelle on range l’un après l’autre les outils que Dieu avait donnés, tout cela rend témoignage à la vie de Dieu, à la puissance de son amour, à la fascination de sa gloire.
C’est bien ainsi que vivait Anne. Plus elle avançait en âge, et plus sa vie se réduisait à l’essentiel, comme à une épure de la foi : »elle ne s’écartait pas du Temple, participant au culte, nuit et jour, par le jeûne et la prière ». Un grand amour vécu avec de petits moyens, un effacement grandissant devant l’œuvre de Dieu, un dévouement sans faille à la louange et à l’action de grâces, tout cela est chemin d’espérance, témoignage d’espérance en l’autre vie, qui ne connaîtra ni temps, ni plan, ni hâte, parce que désormais Dieu sera tout en tous.
Dès que l’on va à l’essentiel, on se rapproche de la jeunesse de Dieu.
Dès que l’on reconduit tout à Dieu dans la prière, on anticipe sur le nouvel ordre des choses qui sera le quotidien éternel dans le Royaume accompli.
Et c’est pourquoi la vieillesse d’Anne, fille de Phanuel, était si dense aux yeux de Dieu, et si consonante à l’Évangile que Jésus allait apporter.
Quatre-vingt-quatre ans, dont soixante-quatre au moins à l’ombre du Temple, méditant la Loi du Seigneur et veillant dans la prière. Toute une vie de recueillement pour un instant de témoignage prophétique, à l’heure que Dieu avait choisie pour elle : »survenant à ce moment, elle se mit à célébrer Dieu et à parler de l’Enfant à tous ceux qui attendaient la libération de Jérusalem ».
Ce n’est pas trop d’une vie entière de fidélité pour mériter de nommer Dieu quand il visite le monde.
Ce n’est pas trop de toute une vie de prière pour la joie de rejoindre le mystère de la tendresse de Dieu dans le regard de Jésus enfant.