Pie V et le Rosaire
Le saint pape Pie V (1504-1572), qui, pendant son pontificat, veilla à l’application de la Réforme catholique définie au Concile de Trente et s’attacha à rendre au clergé sa dignité et sa moralité, avait une grande dévotion envers la Vierge Marie et le Rosaire. Gratifié d’une révélation privée sur la victoire de Lépante, il fut à l’origine de la fête de Notre-Dame du Rosaire, le 7 octobre.
Le saint pape Pie V
Le saint pape Pie V, appartenant à l’ordre des Dominicains, fut un fervent défenseur du Rosaire[1]. C’est ainsi que dès 1568, il autorisa la prière du Rosaire et plaça l’Ave Maria au début des heures canoniales.
La Lettre apostolique *Consueverunt Romani Pontifices (*1569)
Dans sa Lettre apostolique *Consueverunt Romani Pontifices (*1569), Pie V expliqua et d’une certaine manière détermina la forme traditionnelle du Rosaire, en en montrant son efficacité d’intercession et de sanctification.
La victoire de Lépante (7 octobre 1571)
La bataille de Lépante eut lieu 7 octobre 1571. Elle opposait une coalition de forces navales chrétiennes, affrontant la flotte turque en Méditerranée orientale, dont l’expansion continue menaçait l’Europe occidentale.
Dans un contexte peu favorable, le pape Pie V réussit à établir en mai 1571 ce qu’il nomma « la Sainte Ligue », alliance de l’Espagne, de Venise et de Malte, qu’il consacra en la Basilique Saint-Pierre.
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L’étendard de la Sainte Ligue à la bataille de Lépante. Domaine public, via wikipedia Commons.
Une flotte imposante fut réunie et confiée à don Juan d’Autriche, frère de Philippe II d’Espagne. Afin d’implorer la protection céleste sur la flotte, St Pie V ordonna un jubilé solennel, un jeûne et la prière publique du Rosaire.
Or, Pie V reçut la révélation privée du succès miraculeux du combat lors de la bataille de Lépante du 7 octobre 1571[2] et rendit spontanément grâces avant même d’avoir eu la moindre connaissance du déroulement des opérations et du succès de la flotte chrétienne[3].
La date du 7 octobre était symbolique : c’était en effet la journée traditionnelle de rassemblement et de prière des confréries du Rosaire, marquée par une solennelle procession d’intercession.
L’institution de la fête de Notre-Dame de la Victoire
À la suite de cette éclatante et miraculeuse victoire, Pie V décida d’instituer une fête le 7 octobre, pour solenniser dans la liturgie la dévotion du Rosaire, qui fut d’abord nommée fête de Notre-Dame de la Victoire[4]. Le pape Grégoire XIII changea son nom en fête du Saint-Rosaire, et c’est le saint pape Pie X qui lui donna son nom actuel : Notre-Dame du Rosaire. Dans l’actuel calendrier romain, Notre-Dame du Rosaire est inscrite comme mémoire, le 7 octobre.
[2] Le pape ne fut pas le seul à considérer cette victoire comme miraculeuse : le Sénat de Venise décida d’inscrire, au-dessous du tableau de la bataille que l’on trouve au palais des Doges, l’inscription « Nè potenza e armi nè duci, ma la Madonna del Rosario ci ha aiutato a vincere » (ce n’est ni le pouvoir ni les armes ni les dirigeants, mais Notre-Dame du Rosaire qui nous a aidés à gagner).
Cette solennisation liturgique, décidée par saint Pie V et continuée par les papes Grégoire XIII et saint Pie X, officialisait une sorte de monopole dominicain sur la propagation et l’organisation de cette dévotion, inscrite au cœur de la tradition médiévale du Rosaire.
[1] Dans la bulle Consueverunt Romani Pontifices du 17 septembre 1559, il avait promu la dévotion du Rosaire, en l’attribuant à saint Dominique et en en montrant
[3] Voir l’article sur la bataille de Lépante, dans l’Encyclopédie mariale
[4] Pie V fit insérer au martyrologe, à la date du 7 octobre, la mention suivante : "Mémoire de sainte Marie de la Victoire, que le souverain pontife Pie V ordonna de renouveler chaque année, à cause de l’insigne victoire navale remportée ce jour-là par les chrétiens sur les Turcs, grâce au secours de la Mère de Dieu."