Marie à la messe nocturne de Noël, au 5e siècle

En célébrant Noël, l’Église honore la Vierge Marie, mère virginale du Christ, dont la naissance inaugure une vie nouvelle, libérée du péché originel, et révèle pleinement le mystère de l’Incarnation, source de notre salut. Ces anciennes prières du sacramentaire Véronèse témoignent de la foi profonde en Marie comme médiatrice du don divin, lumière des nations et épouse ineffable de Dieu incarné.


En célébrant Noël et le mystère du Christ, l’Église célèbre la Vierge Marie.

Le sacramentaire « Véronèse » remonte selon toute probabilité au pontificat de Gélase I (492-496).

Il nous apprend qu’en ce temps-là à Noël, l’Église :

  • s’émerveillait de la nouveauté que nous recevons de la naissance du Christ, sans le péché originel

  • relisait dans la prière l’Écriture (Is 7, Is 9, Jn 1, Lc 1…)

  • traduisait en prière le concile de Chalcédoine

  • célébrait Noël comme le début de la grande révélation qui nous éclaire

  • célébrait Dieu (le Père) qui nous offre le Christ par les viscères de sa miséricorde

  • bénissait le Christ qui vient

  • admirait la maternité divine et virginale de Marie.

Voici la traduction de ces prières anciennes :

Sacramentaire Véronèse §1244

Dieu, qui par l’enfantement de la bienheureuse Vierge sacrée, sans concupiscence humaine as procréé les membres de ton fils venant des pères sans préjudice : fais donc en sorte que nous recevions la nouveauté et que nous soyons exempts de l’ancienne contamination.

Explications : La conception du Fils de Dieu est virginale sans concupiscence humaine. Dans le contexte de l’époque, selon la pensée de S. Augustin (†430), il n’y a donc pas de péché originel, - aujourd’hui, la théologie de la transmission du péché originel insiste moins sur l’acte sexuel. La fête de Noël est donc une fête immense, en communiant au Christ qui naît de la Vierge Marie, nous entrons dans une vie nouvelle, indemne du péché originel.

Sacramentaire Véronèse §1245

Il est vraiment digne : Et voici, selon la parole des prophètes, la Vierge concevra et enfantera un fils et elle lui donnera le nom d’Emmanuel, et il est Dieu avec nous : le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous. Voici un enfant nous est né (…). En tout cela nous comprenons clairement qu’il est Dieu et homme, en recevant ce qui est nôtre, il est capable de nous conférer ce qu’il est. De là surabonde la joie.

Explications : Le texte se réfère à Is 7,14 interprété avec Jn 1,14. La prière continue avec une allusion à Is 9,5-6 et au chapitre 1 de Luc. « En tout cela nous comprenons clairement qu’il est Dieu et homme, en recevant ce qui est nôtre, il est capable de nous conférer ce qu’il est. De là surabonde la joie. » C’est la traduction liturgique du concile de Chalcédoine.

Sacramentaire Véronèse §1247

Il est vraiment digne : surtout en ce jour, où tu as révélé le sacrement même de notre salut, lumière des nations. Et par le mystère du sein virginal, tu l’as fait advenir d’une façon ineffable. Il a élevé la corne du salut dans la maison de David son serviteur pour donner la science du salut à son peuple en rémission des péchés, par la tendresse de ta miséricorde, quand nous visite le soleil levant venu d’en Haut. Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur, qui comme un époux sort de sa tente et il nous illumine pour nous faire sortir des ténèbres et de l’ombre de la mort et pour nous faire entrer dans la lumière éternelle.

Explications : Le sacrement de notre salut, c’est le Christ, le Christ est le premier sacrement, ce n’est pas une idée moderne mais au contraire très ancienne. Le Christ était caché dans les cieux, il a été révélé quand il est venu sur la terre, dans le sein virginal de Marie. Le mot « ineffable » se réfère à la virginité dans l’enfantement. C’est la théologie apophatique : on n’est pas capable d’en parler. Le Christ accomplit la promesse faite à David (Lc 1, 78-79). Le texte cite ensuite le cantique de Zacharie (Lc 1,78), ce n’est pas tant Marie qui visite Élisabeth que Dieu qui visite son peuple. « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur » : on reconnaît l’acclamation de la foule à Jérusalem. Avant la venue à Jérusalem, il y a sa venue dans l’Incarnation. « Qui comme un époux sort de sa tente et il nous illumine » c’est le psaume 18,6 cité pour dire que le Christ est l’époux, l’Incarnation signifie que Dieu épouse l’humanité. Encore aujourd’hui l’office nocturne chante Ps 44, le psaume nuptial, le psaume des noces de Dieu avec l’humanité dans le sein de la Vierge Marie.

Sacramentaire Véronèse §1270

En ce jour de la solennité, bien qu’il soit ineffable, il convient cependant d’en publier le mystère : parce qu’une mère Vierge ne peut enfanter qu’un enfant divin et pour le Dieu homme il convient de naître seulement d’une mère Vierge.


F. Breynaert

Cf. Ignazio CALABUIG, Los formularios V-IX de la secciòn XL del sacramentarlo de Verona, Roma, 1964

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