Les Eglises orthodoxes, les différents patriarcats

L’Église orthodoxe, riche de ses neuf patriarcats et de ses nombreuses Églises autocéphales et autonomes, incarne une tradition apostolique vivante qui perpétue la foi chrétienne dans la fidélité à ses origines byzantines. À travers ses patriarches et ses fidèles, elle manifeste l’unité spirituelle et la profondeur théologique qui nourrissent la communion des Églises, sous le regard bienveillant de Marie, Mère de l’Église.


Ceux qui appartiennent à cette Église préfèrent parler d’Église orthodoxe, puis de grande Église. Elle s’appelle encore Église gréco-slave, ou Église des sept conciles.

Il y a neuf Églises patriarcales qui peuvent se diviser en deux catégories : les quatre premières d’origine apostolique, les cinq autres ont obtenu le titre de patriarcat plus récemment.

Les quatre Patriarcats d’origine apostolique, par ordre hiérarchique :

Le patriarcat Œcuménique de Constantinople.*

Ce patriarcat fut lié à l’empire byzantin puis turc ottoman ; il a son siège à Istanbul (Turquie). Cette Église possède les reliques de saint André depuis l’an 357. Constantinople a souffert des exactions des chrétiens d’Occident lors de la quatrième croisade, en 1204, - le pape Innocent III a immédiatement excommunié les croisés qui ont saccagé Constantinople. Le 29 mai 1453, Constantinople est prise par les forces ottomanes, et repeuplée par les Turcs. Actuellement, le patriarcat de Constantinople a une juridiction limitée aux orthodoxes de Turquie, de Crète, du Mont Athos, de quelques îles et à une grande partie de la Diaspora orthodoxe en Europe, Amérique et Australie. Sous la juridiction directe du Patriarche, il y a 4 millions de fidèles environ, mais le patriarche reste le centre d’unité d’environ 200 millions de fidèles. Le patriarche a pour titre officiel : Archevêque de Constantinople-nouvelle Rome et Patriarche œcuménique*.

*Ce titre « œcuménique » vient du VIe siècle et signifiait « de la terre habitée », c’est-à-dire de l’empire byzantin.

Le Patriarcat d’Alexandrie.

Sa fondation remonte à l’évangéliste Marc. Il connut une histoire glorieuse. Mais ce patriarcat fut réduit par la séparation des chrétiens éthiopiens de l’Église Copte d’Égypte, et plus encore, par la conquête arabe. Le siège patriarcal est Alexandrie. Les fidèles, en grande majorité de langue arabe, sont environ 350 000. Le Patriarche porte le titre de Pape et patriarche d’Alexandrie et de toute l’Afrique.

Patriarcat d’Antioche.

Sa fondation remonterait à l’apôtre Pierre. Il fut affaibli par la conquête arabe. Depuis le XIVe siècle, le siège patriarcal est à Damas. En 1724, le patriarcat se dédouble en Orthodoxe et catholique. Le Patriarche porte le titre de Patriarche grec orthodoxe d’Antioche et de tout l’Orient. Sa juridiction s’étend sur le Liban, la Syrie, l’Iraq, l’Iran, les deux Amériques et l’Australie. Les fidèles soumis à sa juridiction, tous de langue arabe, sont environ un million.

Patriarcat de Jérusalem.

L’Église de Jérusalem s’est structurée autour de l’apôtre Jacques. Elle fut détachée d’Antioche et proclamée patriarcat au concile de Chalcédoine (451). Elle eut beaucoup à souffrir de la conquête arabe et des croisades. Le patriarche porte le titre de Patriarche grec orthodoxe de Jérusalem, et sa juridiction s’exerce sur 300 000 fidèles environ, en majorité de langue arabe, en Israël, Palestine et Jordanie.

Cinq Patriarcats de création récente :

Cinq autres Églises de tradition byzantine ont réussi, non sans difficultés, à obtenir le titre de Patriarcat (avec l’accord des autres patriarcats) :

Le Patriarcat de Moscou.

L’Église Russe constitue actuellement la plus grande des Églises de tradition byzantine pour l’étendue de sa juridiction et le nombre de ses fidèles. La Russie, convertie au christianisme par des missionnaires provenant de Constantinople, fut longtemps sous la juridiction de l’Église mère grecque. Elle devint autocéphale en 1448. Quand Constantinople tomba aux mains des Turcs en 1453, elle rêvait de se substituer à elle comme Troisième Rome. Elle obtint le titre de Patriarcat en 1589. En 1721, Pierre le Grand supprime le patriarcat en le remplaçant par un synode. Le Patriarcat sera rétabli en 1917. Le patriarche actuel porte le titre de Patriarche de Moscou et de toute la Russie. Le nombre des fidèles est important, mais difficile à préciser.

Le Patriarcat de la Serbie.

L’Église byzantine de la Serbie a une longue histoire. Elle devint définitivement un Patriarcat en 1920. Le siège du Patriarcat est Belgrade, avec juridiction sur l’ancienne Yougoslavie et sur les fidèles d’origine serbe dispersés en Europe occidentale, Amérique du Nord et Australie. Le Patriarche actuel porte le titre d’Archevêque de Pec, métropolite de Belgrade et de Karlovci et Patriarche des Serbes. Sa juridiction s’exerce sur 8 millions de fidèles environ.

Le Patriarcat du Roumanie.

L’Église est autocéphale depuis 1864, le patriarcat remonte à 1923. Le patriarche porte le titre d’Archevêque de Bucarest, métropolite d’Ungro-Valachia et Patriarche de l’Église roumaine orthodoxe. Le siège patriarcal est Bucarest. Les fidèles sont 17 millions environ, en Roumanie et dans la diaspora. À côté de l’Église orthodoxe, une Église catholique existe depuis 1698, puis, en 1948, supprimée en étant obligée de réintégrer l’Église Orthodoxe. Récemment cette Église catholique a obtenu sa liberté et cicatrise ses blessures.

Le Patriarcat de la Bulgarie.

Le patriarcat remonte à 1953. Le patriarche porte le titre de Métropolite de Sofia et Patriarche de toute la Bulgarie, il a juridiction sur la Bulgarie et sur une petite Diaspora existant en Europe et en Amérique. Ses fidèles sont 8 millions environ.

Le Patriarcat de la Géorgie.

Après une histoire tourmentée, l’Église Géorgienne a réussi à se faire reconnaître comme patriarcat en 1991. Le patriarche actuel réside à Tbilissi et porte le titre de Catholicos-patriarche de toute la Géorgie. Sa juridiction s’étend sur la Géorgie et sur une petite Diaspora. Les fidèles sont 5 millions environ.

Églises autocéphales

Cinq Églises autocéphales existent ; leur chef spirituel porte le titre d’archevêque :

  • L’Église de Chypre (décision prise en 431)

  • L’Église du Mont Sinaï (autonomie en 1575)

  • L’Église orthodoxe de Grèce (autonomie de l’Église de Constantinople en 1833)

  • L’Église orthodoxe de Pologne (autonomie de l’Église russe en 1924)

  • L’Église orthodoxe de l’Albanie (autonomie de l’Église de Constantinople en 1937)

Églises Autonomes

  • L’Église orthodoxe de Finlande (autonomie de l’Église russe en 1957), archevêque de Karelia et de toute Finlande

  • L’Église orthodoxe de Tchécoslovaquie née après la Première Guerre mondiale quand un groupe de catholiques passa à l’orthodoxie en 1922.

  • L’Église orthodoxe d’Ukraine. Cette Église, de fondation ancienne, est actuellement divisée en différentes juridictions : L’Église autocéphale ukrainienne orthodoxe, en Ukraine ; L’Église autocéphale ukrainienne orthodoxe, aux États-Unis ; Église ukrainienne-patriarcat orthodoxe de Kiev, en Russie.

  • L’Église orthodoxe de Hongrie

  • L’Église orthodoxe d’Estonie (1923)

  • L’Église orthodoxe de Lettonie (1923)


Mgr Gharib

Pontificia facolta teologica Marianum, Rome, 2003.

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