La Pentecôte

La liturgie arménienne de la Pentecôte, enrichie dès le Ve siècle et magnifiée par Nerses le Gracieux au XIIe, célèbre en hymnes profondes la Trinité et l’action vivifiante de l’Esprit Saint, qui renouvelle l’humanité à travers la création, l’Incarnation du Verbe en Marie et le sacrement du baptême. Ces chants de bénédiction révèlent la richesse spirituelle de cette fête mariale, invitant à adorer le mystère de l’Esprit qui sanctifie et régénère les croyants.


L’Eglise arménienne l’a célébrée tout d’abord un seul jour, et les premiers chants (fixés) de la Pentecôte remontent jusqu’au 5° siècle.

Sous l’influence de Nerses le gracieux, au XII° siècle, la fête s’est étendue durant 7 jours.

Nous n’allons pas dévoiler toute la liturgie arménienne, mais nous allons présenter quelques extraits des hymnes.

Ces hymnes sont nourries d’une forte doctrine, et ce sont des chants de bénédiction et d’adoration :

Le Canon du 1° jour a un complément qui serait une addition par Nersès le gracieux. L’évènement de la Pentecôte y est rapproché de celui de la création :

« L’Esprit Saint, qui est issu de l’être immuable, consubstantiel par nature, inséparable du Fils sans aucune distinction, et coopérateur de la création ;

lui qui a, sous la figure du feu, partagé les langues entre les prédicateurs ; qui a conduit à la lumière les races humaines par la diffusion de grâces multiples : bénissez-le en l’adorant !

Celui qui, en planant sur les eaux, a donné l’être aux créatures, l’Esprit Saint, inséparable du Père et du Fils, partageant la toute puissance avec eux, a régénéré, en ce jour, toutes les races d’hommes en faisant couler à Jérusalem l’eau vivifiante : bénissez-le, en l’adorant. »

Au milieu de l’office, prend place la glorification de la Trinité, et c’est alors l’occasion de rappeler l’Incarnation dans le sein de la Vierge :

« Toi qui es la cause des êtres sans cause ainsi que des êtres produits par une cause, Père incréé et sans principe, cause du Fils par une génération éternelle et de l’Esprit par une procession insondable : sois béni, Seigneur, Dieu de nos pères !

Toi, Verbe de Dieu également incréé, qui, par la volonté du Père et du Saint Esprit, es descendu du sein paternel, suivant les promesses de Gabriel remplissant de joie l’âme de la Vierge, de laquelle tu es né selon la chair d’une manière ineffable par le saint Esprit : sois béni, Seigneur, Dieu de nos pères !

Toi, Esprit, qui révélas à l’avance par la bouche des prophètes l’avènement de ton consubstantiel, et qui, descendant au Jourdain sous la forme d’une colombe, rendis témoignage du Verbe fait chair : sois béni, Seigneur, Dieu de nos pères ! »

Le 4° jour, le chant de bénédiction, par le patriarche Nerses, évoque la seconde naissance, par eaux baptismales :

« Aujourd’hui ont été dissipées les angoisses pleines de douleur et de ténèbres, provenant de la descendance d’Eve, la première mère : car, ceux qui étaient nés selon la chair dans la mort et la corruption, l’Esprit les engendre de nouveau en qualité d’enfants de la lumière du Père céleste […]

Toi qui t’es associé au Père et au Fils dans la création, par qui les créatures furent appelées à la vie dans le sein des eaux, aujourd’hui tu enfantes les fils de Dieu du milieu des eaux baptismales : Esprit de Dieu, aies miséricorde ! »


Cf. Felix NEVE, L’Arménie chrétienne, sa littérature, Louvain 1886, p. 93-120. Synthèse Françoise Breynaert

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