L'historicité du récit de saint Luc
La naissance de Jésus, enracinée dans un contexte historique précis, révèle que le Verbe éternel s’est fait homme en un temps et un lieu réels, soulignant ainsi la réalité tangible de l’Incarnation. À travers l’analyse des recensements antiques et des témoignages historiques, cette réflexion éclaire la profondeur théologique de l’événement marial et son enracinement dans l’histoire humaine.
« Or, il advint, en ces jours-là, que parut un édit de César Auguste, ordonnant le recensement de tout le monde habité.
Ce recensement, le premier, eut lieu pendant que Quirinius était gouverneur de Syrie.
Et tous allaient se faire recenser, chacun dans sa ville. »
(Luc 2, 1-3)
Le pape Benoît XVI n’utilise pas les données liées au recensement pour préciser si Jésus est né une, deux, trois ou quatre années avant notre ère. Mais il montre que les données de l’Évangile sont historiquement crédibles : la naissance de Jésus n’est pas un mythe en dehors du temps historique.
Le recensement a eu lieu au temps du roi Hérode le Grand qui, toutefois, mourut en 4 avant J.-C. Le commencement de notre calcul du temps, la détermination de la naissance de Jésus, remonte au moine Dionysius Exiguus [Denys le Petit] (mort vers 550), qui dans ses calculs s’est à l’évidence trompé de quelques années. La date historique de la naissance de Jésus est donc à fixer quelques années auparavant.
Deux autres dates ont causé de grandes controverses. Selon Flavius Josèphe, à qui nous devons surtout nos connaissances de l’histoire juive au temps de Jésus, le recensement eut lieu en 6 après J.-C., sous le gouverneur Quirinius et — puisque, finalement, il s’agit là d’argent — conduisit à l’insurrection de Judas le Galiléen (cf. Ac 5, 37). En outre, Quirinius aurait été actif dans le milieu syriaco-judaïque à cette période seulement et non auparavant. Ces faits, cependant, quant à eux, sont de nouveau incertains ; en tout cas, des indices existent selon lesquels Quirinius, sur ordre de l’empereur, opérait déjà en Syrie aux environs de l’an 9 avant Jésus-Christ. Ainsi, les indications de divers chercheurs sont certainement convaincantes, dans les circonstances d’alors, le recensement se déroulait de façon difficile et se prolongeait pendant quelques années. Du reste, celui-ci se déroulait en deux étapes : d’abord dans l’inscription de toute la propriété terrienne et immobilière, et ensuite — dans un deuxième temps — dans la détermination des impôts à payer de fait. La première étape eut donc lieu au temps de la naissance de Jésus : la seconde étape, qui pour le peuple était beaucoup plus irritante, suscita l’insurrection.
Enfin, on a aussi objecté que, pour un tel relevé, un voyage de « chacun dans sa ville » (Lc 2, 3) n’aurait pas été nécessaire. Nous savons cependant, de diverses sources, que les intéressés devaient se présenter là où ils avaient des propriétés terriennes. Conformément à cela, nous pouvons supposer que Joseph, de la maison de David, disposait d’une propriété terrienne à Bethléem, si bien que, pour le recouvrement des impôts, il devait s’y rendre. »[1]
« Jésus n’est pas né ni apparu en public dans l’imprécis « jadis » du mythe. [...] En lui, le Logos, la raison créatrice de toutes choses est entrée dans le monde. Le Logos éternel s’est fait homme, et le contexte de lieu et de temps en fait partie. »[2]
[1] J. Ratzinger, Benoît XVI, L’enfance de Jésus, Flammarion, Paris 2012, p. 91-93
[2] J. Ratzinger, Benoît XVI, L’enfance de Jésus, Flammarion, Paris 2012, p. 94
Dans ce chapitre :
La crédibilité du récit de saint Luc selon Joseph Ratzinger / Benoît XVI (2012)
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