Jésus le Bien-Aimé (Ascension d’Isaïe)
Dans ce texte, l’auteur anonyme, sous le nom d’Isaïe, révèle la profondeur du mystère du Christ « Bien-Aimé » qui, accomplissant la volonté du Père, traverse les cieux en se dissimulant pour venir parmi les hommes, avant de retourner glorifié auprès des anges. Cette vision souligne la grandeur de l’humilité divine et invite à contempler le mystère de l’Incarnation et de la Rédemption dans une perspective spirituelle et théologique riche.
Isaïe est ici un pseudonyme : un nom d’emprunt, sous lequel un auteur chrétien dit sa foi, ou raconte sa vision.
L’auteur de l’Ascension d’Isaïe désigne Jésus comme le « Bien-Aimé ».
N.B. Ce titre a un précédent dans la lettre aux Éphésiens (Eph 1, 6).
Accomplissant le désir du Père, le Bien-Aimé descend dans le monde, il traverse les sept cieux l’un après l’autre, et il se transforme successivement pour ne pas se faire reconnaître aux anges qui gardent les portes de chaque niveau (10, 7-12) : il veut rester secret [2]
N.B. L’imagerie des sept cieux est un classique (Paul fut élevé jusqu’au troisième ciel 2Co 12, 2 ; selon certains textes de la tradition juive[1], après le péché d’Adam et de ses descendants, Dieu remonta jusqu’au 7° ciel).
Une fois qu’il est né, Jésus tête comme les autres enfants « afin de ne pas être reconnu » (11, 17).
Une fois adulte, Jésus opère des miracles et enseigne, cependant le mystère continue.
Satan, désigné comme « l’Étranger », lève les fils d’Israël contre lui car ils ne savaient pas qui il était » (11, 19).
Alors Jésus est crucifié.
Après sa mort et sa résurrection, le Bien-Aimé remonte à travers les cieux, mais cette fois, il ne se déguise pas, et, à chaque niveau, les anges l’adorent.
L’auteur lui-même dit être monté au sixième ciel pour chanter « le premier Père et son Christ Bien-Aimé et le Saint Esprit » (8, 17-18).
Le point fondamental de cette dramatique très élaborée était probablement de souligner l’énormité de ce que signifiait pour le Bien-Aimé de descendre de son statut surnaturel dans sa manifestation terrestre[2].
[1] Shmuel bar Nahmani cité par Jacques Bernard, Les fondements bibliques, Parole et Silence, Paris 2009, p. 489. Tanhuma naso 16, etc.
[2] Cf. Larry W. Hurtado, Le Seigneur Jésus Christ, La dévotion envers Jésus aux premiers temps du christianisme. Cerf, Paris 2009, p. 619-626
Synthèse Françoise Breynaert