1054 : date symbolique de la division Orient-Occident
Le schisme d’Orient, bien que marqué symboliquement par l’année 1054, trouve ses racines dans des divergences historiques et culturelles profondes entre l’Église d’Occident et les Églises d’Orient, sans pour autant rompre la communion fondamentale qui unit tous les chrétiens. À travers cette réalité complexe, Marie demeure un signe d’unité et d’espérance, invitant à la réconciliation et à la communion dans la diversité des traditions.
Walter Kasper dit : « Le schisme d’Orient englobe aussi bien les antiques Églises d’Orient qui s’étaient séparées de l’Église impériale aux IV° et V° siècles, que le schisme entre Rome et les Patriarcats orientaux, dont la date symbolique a été fixée à l’année 1054. »[1]
Une date symbolique.
Walter Kasper dit qu’il s’agit d’une date symbolique parce que les problèmes d’unité entre Latins et Grecs sont effectifs bien avant 1054 et il ne commencera à être question d’un schisme que plusieurs siècles après :
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Les divergences entre Latins et Grecs remontent à la différence entre empire romain d’Occident et empire d’Orient.
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Plus tard, des tensions sont venues à cause de la décision de Charlemagne en 807 d’ajouter le filioque au Credo malgré l’opposition du pape, ou encore pour savoir sous quelle juridiction serait placée l’Église dans les territoires des slaves et des Bulgares nouvellement convertis au christianisme.
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S’il y a bien eu des anathèmes prononcés entre le légat du pape Humbert de Moyenmoutier et le Patriarche Michel Cérulaire en 1054, cette dispute personnelle tomba immédiatement dans l’oubli et n’a pas pu avoir le rôle déterminant qui lui est souvent attribué.
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Beaucoup plus grave a été la prise de Constantinople par les croisés en 1204.
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Le concile de Florence (1437-1441) tenta de régler les différends entre Latins et Grecs.
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Malheureusement, la prise de Constantinople par les Turcs en 1453, en plaçant le patriarche sous la juridiction du Sultan, bloqua la poursuite du dialogue.
Des conséquences jusqu’à nos jours.
Ce qui aura des conséquences très longtemps, jusque dans les dogmes que l’Église catholique élaborera seule.
Le mot "schisme", calqué sur le schisme protestant, n’affecte pourtant pas la structure fondamentale.
En ce qui concerne le mot « schisme », c’est seulement au XVI° siècle, dans les débats sur le caractère « schismatique » des partisans de la Réforme protestante que l’on a commencé à parler aussi d’un schisme entre Occidentaux et Orientaux. Ces deux schismes ne sont pourtant pas du tout de même nature, car le schisme entre Occidentaux et Orientaux n’atteint pas la structure fondamentale de l’Église, comme le dit Walter KASPER :
« Le Concile Vatican II ne réduit pas, bien sûr, les différences à de simples facteurs politiques et culturels.
Dès le début, Orient et Occident ont accueilli de façon différente le même Évangile et ont développé diverses formes de liturgie, de spiritualité, de théologie et de droit canonique.
Toutefois, ils sont unanimes en ce qui concerne la structure fondamentale, aussi bien eucharistique et sacramentelle qu’épiscopale. » [2]
[1] Walter KASPER, président du conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, jeudi 11 novembre 2004, à l’occasion du 40e anniversaire de la promulgation du décret conciliaire "unitatis redintegratio".
[2] Walter KASPER, Ibid.
Françoise Breynaert
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