1851 : L’histoire d’Arius éclaire le présent (Newman)
À travers l’analyse de John Henry Newman, cette réflexion éclaire les défis théologiques et politiques du IVe siècle, où la vérité du Christ divin affronta les compromis humains, rappelant l’importance de préserver l’autorité spirituelle de l’Église pour défendre la foi authentique. En contemplant cette histoire, Marie, Mère de l’Église, nous invite à demeurer fidèles à la vérité révélée, source de paix et d’unité dans le corps du Christ.
J-H. Newman est un spécialiste de l’histoire de l’Église des premiers siècles.
Il résume l’histoire du IV° siècle :
« Arius était seul ; hardi, téméraire, austère, violent, il basait sa doctrine sur deux ou trois aphorismes axiomatiques, comme il les appelait ; il invoquait le témoignage de l’Écriture ; il dédaignait l’autorité et la tradition ; il poussait ses doctrines hérétiques jusqu’à ses dernières conséquences ; il soutenait, sans aucune réserve, que Notre Seigneur n’était que créature, et qu’il avait eu un commencement. »[1]
J-H. Newman rappelle qu’avant d’être chrétien, Constantin a agi en homme d’État, soucieux de paix civile, demandant à Arius à son opposant de « ne faire aucune question, et de ne pas répondre à celles qui pourraient vous être adressées. [...] Son fils Constance embrassa le système du juste milieu (via media) d’Eusèbe, tant par conviction que par calcul. Il s’opposa énergiquement aux deux extrêmes, comme il les appelait ; il exila les successeurs fanatiques d’Arius ; il fit mettre à la torture et fit périr les partisans du symbole de Nicée et de saint Athanase. »[2]
Cette indifférence à la vérité, par intérêt politique, conduit donc à un semi-arianisme.
Or, cette histoire du IV° siècle est toujours prête à se répéter :
« Les Eusébiens et les Monophysites étaient, de leur temps, ce qu’est la hiérarchie anglicane à présent ; la cour de Byzance d’alors était ce qu’est actuellement le gouvernement d’Angleterre, et ce que seraient bien d’autres cours catholiques si elles avaient pu faire à leur guise. » [3]
Un peu plus tard, évoquant les « écrivains du parti apostolique de 1833 », c’est-à-dire les membres du mouvement d’Oxford, dont il fut le protagoniste, J-H. Newman explique :
« Considérant tous les grands objets d’enseignement comme devant être protégés et garantis par l’indépendance de l’Église, et par ce moyen-là seulement [...] ils pensaient que le dogme serait maintenu, les sacrements administrés, la perfection religieuse vénérée et désirée, si le pouvoir spirituel de l’Église était un pouvoir suprême ; ils croyaient qu’au contraire, que le dogme serait sacrifié aux convenances, les sacrements rationalisés, la perfection méprisée, si l’Église était tournée en ridicule et devenait l’esclave de l’État. »[4]
[1] J-H. Newman, Cinquième conférence de 1851 à l’Oratoire, traduction française par Jules Gondon, Paris 1851, p.169 [2] J-H. Newman, Cinquième conférence de 1851 à l’Oratoire, traduction française par Jules Gondon, Paris 1851, p.175 [3] J-H. Newman, Cinquième conférence de 1851 à l’Oratoire, traduction française par Jules Gondon, Paris 1851, p.169 [4] J-H. Newman, Neuvième conférence de 1851 à l’Oratoire, traduction française par Jules Gondon, Paris 1851, p. 301-302
F. Breynaert