Bse Mariam Baouardy, la petite arabe (1846-1878)

Née en Galilée, Mariam Baouardy, future sœur Marie de Jésus Crucifié, incarne par sa vie marquée par la souffrance, les épreuves mystiques et la fidélité à Dieu, une victoire lumineuse sur la mort et le mal, témoignant de la puissance de la grâce mariale et de la présence vivante du surnaturel au cœur de l’Église. Sa béatification souligne l’appel universel à la sainteté et à la confiance en la protection maternelle de la Vierge Marie.


Mariam Baouardy naît le 5 janvier 1846 à Abellin, en Galilée.

Elle est orpheline à 3 ans. Elle entre à 21 ans au Carmel de Pau en prenant le nom de sœur Marie de Jésus Crucifié. Elle meurt à Bethléem dans sa 33e année.

Elle est béatifiée en 1983[1] sous le nom bienheureuse Marie de Jésus Crucifié.

Sa naissance : une victoire sur la mort.

La famille Baouardy, d'origine libanaise, commence par vivre une grande souffrance : la mort de douze garçons en bas âge. Brisée mais non désespérée, la mère dit à son mari : « Allons à Bethléem solliciter une fille de la Vierge Marie... »

Confiants, les deux époux firent le voyage de 170 km jusqu'à Bethléem et ils furent exaucés. On donne à l'enfant le nom de Marie, Mariam. Elle est baptisée et confirmée suivant le rite grec-melkite catholique.

L'année d'après, un garçon, Boulos, vient agrandir la famille.

Les parents meurent à quelques jours d'intervalle quand Mariam a trois ans. Voyant la mort approcher, son père, fixant une image de saint Joseph, dit :

« Grand saint, voici mon enfant : la Vierge est sa mère, daigne veiller, toi aussi sur elle, sois son Père. »[1].

A 13 ans, martyre.

Mariam est recueillie par un oncle paternel et habite Alexandrie. Elle va avoir 13 ans et son oncle veut la marier. Elle refuse car elle se sent appelée à donner toute sa vie à Dieu. On convoque son confesseur et même un ami de la famille pour convaincre l'adolescente qui déshonorait ainsi les siens. Mariam s'obstine. Fou de rage, son oncle décide de la traiter comme une esclave. Le drame dure trois mois. Mariam pense à son petit frère, Boulos. Elle tente de lui faire parvenir une lettre par un ancien domestique, musulman. L'homme l'accueille avec joie. Elle raconte ses misères. L'homme, outré de tels traitements, propose à Mariam de se convertir à l'islam. Mariam répond : « Musulmane ! Non, jamais ! Je suis fille de l'Église catholique... » Furieux de se voir remis en place, l'homme devient violent et tranche la gorge de la petite. Il la croit morte, l'enveloppe et la dépose dans une ruelle obscure.

Obligée, plus tard, de raconter son martyre, Mariam affirmera qu'elle était réellement morte, qu'elle a vu le ciel et quelqu'un lui a dit que son livre n'est pas achevé. Elle s'est alors retrouvée dans une grotte, soignée par une religieuse aux vêtements d'azur. C'était un 8 septembre. Durant sa vie et le jour de sa mort, les médecins ont pu observer la cicatrice de l'entaille et constater qu'elle ne pouvait pas vivre[2].

Une vie de domestique.

Mariam raconte que cette religieuse mystérieuse l'a conduite dans l'église franciscaine de Sainte-Catherine, appela un prêtre, puis disparut. Ce prêtre lui trouve une place de domestique dans une famille d'Alexandrie. Mariam distribue son salaire aux pauvres. Puis elle quitte cette famille qui la choyait : elle veut soigner une famille que la maladie a réduite à la misère. Quand cette famille est rétablie, elle part à Jérusalem et y rencontre un jeune homme qui lui fait l'éloge de la chasteté. Il la guide au saint Sépulcre, et sur le lieu de la résurrection, elle fait le vœu de perpétuelle virginité en compagnie de ce mystérieux compagnon, Jean-Georges. Elle comprendra plus tard que c'était un ange. En quittant Jérusalem, Mariam est accusée d'avoir volé un bijou, elle est jetée dans une prison infecte où elle trouve parmi des femmes vicieuses. Mais la véritable voleuse est vite retrouvée et on la relâche. Elle devient alors domestique à Beyrouth, puis à Marseille.

Religieuse, fille de saint Joseph.

A 19 ans, elle entre comme novice au monastère Saint Joseph de l'Apparition à Marseille. Elle ne sait ni lire ni écrire, et ne parle pas bien le français. Elle s'arrange pour faire ce qu'il y a de plus dur, pratique une obéissance et une charité délicieuse. Au bout de deux ans, elle n'est pas admise à prononcer ses vœux perpétuels, et on l'oriente vers un ordre plus contemplatif à cause de ses grâces mystiques et des stigmates qui apparaissent sur ses mains, ses pieds, son côté, son front[3].

Carmélite.

A Pau. Mariam a 21 ans, elle entre au Carmel de Pau et prend le nom de sœur Marie de Jésus Crucifié. Elle a des extases et des lévitations qui l'emportent en un clin d'œil à l'extrémité de la cime des arbres, louer Dieu avec « l'Agneau (Jésus) m'appelle et me tend les mains »[4]. Et Mariam quitte l'extase et la lévitation dès que la supérieure l'ordonne.

En 1868, elle traverse 40 jours de possession diabolique pendant lesquels le diable tente de la tuer. Mariam résiste en proclamant « Je suis désire souffrir [...] pour le triomphe de l'Église, mon Dieu soyez béni ! » ; à cette épreuve succède une transfiguration, puis 4 jours de possession angélique.

A Mangalore. En 1870, Mariam fait partie d'un petit groupe qui part pour fonder le premier Carmel en Inde, à Mangalore. Elle prononce ses vœux perpétuels à Mangalore le 21 novembre 1871, mais peu de temps après, ses supérieurs se retournent contre elle. Pire, elle commet des infractions à la règle. Plus tard, elle confiera « je n'ai pas de regrets, j'étais poussée à le faire malgré moi. Devant Dieu, je ne puis penser autrement »[5]. Il s'agit d'une emprise du démon qui lui ôte le libre arbitre. L'épreuve fait descendre Mariam dans son néant, c'est une purification passive[6].

Retour à Pau. En 1872, elle retourne au Carmel de Pau en France. Elle a des apparitions, et fait une bilocation pour réconforter une sœur très malade, qui guérira[7].

A Bethléem. En 1875, elle part avec un autre petit groupe en Terre pour fonder un Carmel à Bethléem. Elle s'occupe particulièrement des travaux, étant la seule à parler l'arabe.

Elle meurt le 26 août 1878 dans sa 33e année.

Conclusion.

Mariam est béatifiée par Jean-Paul II en 1983.

A l'époque du grand développement de la science, à l'époque où Renan (1823-1892) affirmait qu'il n'y a pas de surnaturel, Mariam la petite arabe, sans instruction mais pleine de charismes, montrait au contraire par toute sa vie la proximité du surnaturel !

Galerie de photos (cliquez)


[1] Amédée BRUNOT, Mariam, la petite Arabe. Sœur Marie de Jésus Crucifié éditions Salvator, Mulhouse, 1992, p. 12

[2] Ibid., p. 23

[3] Ibid., p. 45

[4] Dûment constatée huit fois. Cf. Ibid., p. 43,

[5] Ibid., p. 81

[6] Ibid., p. 89, Cf. Jean de la Croix, la nuit de l'esprit.

[7] Ibid., p. 63-64


Autre bibliographie :

D. Buzy, Vie de sœur Marie de Jésus Crucifié, Paris, Saint-Paul, 1922 ;

P. Cuperly, « Mariam de Jésus Crucifié », DMEC, 2002, 497-499 ; DSp, t. X, col. 518-519 ;

E. Herbert, La Vie merveilleuse de sœur Marie de Jésus Crucifié, Montpellier, 1903, 3 vol. ; J. Maître, Mystique et féminité, 1997, 377-378.


Lire aussi : https://carmelholyland.org/


Françoise Breynaert

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