Le péché originel et Marie (Bartholomaios I°)

Dans la tradition orthodoxe, Marie, Toute Sainte Mère de Dieu, est honorée pour sa pureté et son amour inébranlable envers Dieu, ayant surmonté la corruption héritée du péché originel par la grâce divine, sans pour autant adhérer au dogme catholique de l'Immaculée Conception. Cette distinction théologique souligne la profondeur de sa sainteté et invite à une vénération respectueuse, enracinée dans une compréhension spirituelle commune mais nuancée.


L’Église catholique se trouva dans la nécessité d’un nouveau dogme pour la chrétienté, environ mille et huit cents ans après l’apparition du christianisme, parce qu’il a accepté une perception du péché originel – qui pour nous orthodoxes est erronée – selon laquelle le péché originel transmet une tache morale ou une responsabilité juridique aux descendants d’Adam.

Le péché originel pèse sur les descendants d’Adam et Ève comme une corruption, et non pas comme une responsabilité juridique ou une tache morale. Le péché a apporté la corruption héréditaire et non pas une responsabilité juridique héréditaire ou une tache morale héréditaire.

Par conséquent, la Toute participa de la corruption héréditaire comme tous les hommes, mais avec son amour envers Dieu et sa pureté – compris comme le dévouement imperturbable et sans hésitation de son amour pour Dieu seul – elle a réussi, avec la grâce de Dieu, à se sanctifier dans le Christ et elle s’est rendue digne de devenir l’habitation de Dieu, comme Dieu veut que nous le devenions tous. Donc dans l’Église orthodoxe nous honorons la Toute Mère de Dieu au-dessus de tous les saints, bien que nous n’acceptions pas le nouveau dogme de son Immaculée Conception. Ne pas accepter ce dogme ne diminue pas du tout notre amour et notre vénération vis-à-vis de la Toute Mère de Dieu.


Sa sainteté Bartholomaios Ier, patriarche de Constantinople, Interview avec Gianni VALENTE, in "30 Giorni", décembre 2004. G. Gharib e E. Toniolo (ed) Testi mariani del secondo Millennio. I Autori orientali, Città nuova Roma 2008, p. 959-960

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