Maître de Flémalle : La Nativité
Dans cette œuvre de Robert Campin, la Vierge Marie se révèle au cœur d’une scène de la Nativité riche en symboles spirituels, où la lumière divine éclaire la fragilité du monde ancien et manifeste son rôle d’intercesseuse pour l’humanité. À travers des détails puisés dans les visions mystiques et les légendes apocryphes, cette représentation invite à contempler la profondeur théologique de la naissance du Christ au-delà du récit évangélique.
Robert Campin est aussi appelé le « Maître de Flémalle », (Valenciennes vers 1378-Tournai 1444).
L’imagerie religieuse des XIV° et XV° siècles trouve ses sources dans la Bible, les légendes apocryphes et les visions des saints. Après la réforme (et la contre-réforme), les sources extra-bibliques de l’art seront en grande partie balayées.
L’enfant repose nu sur le sol et non dans une crèche selon l’évangile. Ce détail provient probablement de la vision de Brigitte de Suède (fin XIV° siècle).
Sur la droite, des deux femmes sont les deux sages-femmes d’une légende racontée dans « la Légende dorée » et le « protévangile de Jacques ». (Joseph partit à la recherche d’une sage-femme qui, à son arrivée, assista à la Nativité sous la forme d’une lumière éblouissante. Elle partit et rencontra Marie Salomé à qui elle raconta la naissance miraculeuse. Celle-ci refusa de croire avant d’avoir examiné elle-même la Vierge Marie. mais quand elle voulut s’approcher, sa main fut desséchée. Désespérée, elle pria ; un ange lui dit alors de toucher l’enfant Jésus pour être guérie.)
L’étable est un simple appentis en ruine, le symbole de l’écroulement du monde sans Dieu, ou le symbole des prescriptions de la loi orale judaïque, s’effaçant quand vient le Christ.
Joseph tient une chandelle dont la lumière est bien faible face à l’éclat céleste. La Vierge Marie adore et intercède pour l’humanité.
Extraits de : Jérémie Wood, La Nativité, Seuil, Paris 1991, p. 14-15