Quatre évangiles complémentaires
L’Église, guidée par l’Esprit, a choisi d’accueillir la richesse complémentaire des quatre évangiles, affirmant ainsi l’intégrité et la diversité inspirée du témoignage de Jésus-Christ, dont la vie personnelle et la résurrection sont au cœur de notre foi. Ce choix souligne la profondeur de la révélation divine, invitant à contempler la personne du Christ à travers des regards multiples, unis dans l’unité de l’amour de Marie, Mère de l’Église.
Le choix d’une diversité complémentaire.
Nous pouvons nous émerveiller que l’Église ait très tôt choisi d’avoir pour Écriture quatre évangiles différents[1] : l’Église a choisi l’unité dans la diversité. La diversité est considérée comme complémentaire.
Ce n’était pas un choix évident. Il y eut des essais de construire une unité dans l’uniformité.
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Vers l’an 140 Marcion avait choisi un évangile unique (Luc) et un apôtre unique (Paul).
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Tatien (vers l’an 160-180) a réalisé une harmonisation des quatre évangiles (le Diatessaron, littéralement [un] à partir de quatre)[1] en remplacement des quatre évangiles, ce qu’il devint réellement dans les premières églises syriaques.
L’intégrité individuelle de chacun des évangiles.
Le choix d’un évangile quadriforme (quatre évangiles), c’est refuser des retouches nécessaires à leur harmonisation (dans un Diatessaron), c’est affirmer l’intégrité et l’inspiration de chacun des évangiles de la collection (Matthieu, Marc, Luc et Jean).
Une collection close.
Les quatre évangiles formèrent une collection close, ce qui signifie le refus d’inclure de nombreux autres livres qui circulaient au 2° siècle, tels l’évangile de Luc selon Marcion, l’évangile de vérité selon Valentin, l’évangile de Thomas, etc.
Un style narratif.
Ajoutons que les quatre évangiles, différents et complémentaires, ont tous un style narratif : Jésus a une histoire personnelle, une famille, une mort et une résurrection corporelle. Le style narratif, la vie personnelle de Jésus est essentielle : c’est la personne de Jésus qui nous sauve, et non pas simplement la connaissance qu’il transmet. Des écrits tels que l’évangile de Thomas dénotent complètement sur ces points, ils ont été écartés par l’Église en tant qu’écrits gnostiques et hérétiques. Les quatre évangiles transmettent un témoignage multiple, et non pas des révélations ésotériques.
[1] Saint Irénée, contre les hérésies, III, I, 1.8
[2] En soi, ce n’était pas la première harmonie : des études ont montré que Justin utilisait (vers 150) des textes harmonisés évangéliques comme instrument d’étude, mais Tatien a fait cette harmonie en remplacement des quatre évangiles.
Cf. Larry W. Hurtado, Le Seigneur Jésus Christ, La dévotion envers Jésus aux premiers temps du christianisme. Cerf, Paris 2009, p. 601-612
Françoise Breynaert