Marie dans l’Eglise primitive selon les mystiques

Les récits spirituels de Marie d’Agréda, Anne Catherine Emmerich et d’autres mystiques révèlent la présence active et maternelle de Marie auprès des apôtres, notamment lors du concile de Jérusalem et dans la mission de l’apôtre Jacques en Espagne, soulignant son rôle d’intercesseuse et de guide dans l’histoire de l’Église naissante. Ces témoignages, bien que variés, invitent à contempler la profondeur de l’influence mariale dans la transmission de la foi et l’établissement des sanctuaires dédiés à la Vierge.


Selon Marie d’Agréda (1602-1665), Marie réside à Éphèse deux ans et six mois et en revient à la demande de Pierre qui sollicite son assistance pour la question de l’admission des païens.[1] Durant le concile, Pierre est inspiré de désigner les quatre rédacteurs des évangiles. Matthieu l’écrit immédiatement ; Marc l’écrit à Jérusalem en présence de Marie ; Luc et Jean le font plus tard et Marie leur apparaît et les conseille.[2]

Marie d’Agréda donne aussi un récit concernant l’apôtre Jacques lorsqu’il était persécuté en Espagne : Marie lui apparaît à Saragosse, elle lui apporte une statue à son effigie et lui transmet les demandes de Jésus : construire un sanctuaire en l’honneur de Marie et revenir à Jérusalem pour souffrir le martyre.[3]

N.B. Le premier récit d’une telle apparition date du XIIIe siècle, la mentalité de cette époque voulait que tous les personnages saints aient eu une apparition, c’est pourquoi ce récit n’est pas une preuve. D’ailleurs, pour Jacques de Voragine (1230-1298), l’apôtre Jacques est bien délivré à Saragosse mais il ne parle pas de Notre-Dame ni du Pilar. Il se pourrait que Marie d’Agréda suive la tradition devenue populaire autour du sanctuaire de Saragosse. Nous n’avons pas les moyens de savoir s’il s’agit d’une influence ou d’une révélation proprement divine.

Anne Catherine Emmerich (1774-1824) explique que Marie passe six ans à Jérusalem, puis elle part à Éphèse, elle revient à Jérusalem trois ans plus tard pour le concile de Jérusalem[4], repart à Éphèse, revient une seconde fois à Jérusalem pour méditer sur les lieux de la passion, puis repart à Éphèse où elle meurt six ans plus tard.

Concernant l’apôtre Jacques persécuté en Espagne, Anne Catherine Emmerich donne un récit proche de celui de Marie d’Agréda : l’apôtre implore la protection de Marie. Sur une colonne de lumière Marie apparaît et donne l’ordre à l’apôtre d’élever une église à cet endroit « où l’intercession de Marie serait une colonne inébranlable ».[5]

Maria Valtorta (1897-1961) ne parle pas des apparitions de Marie à Jacques à Saragosse. Elle ne parle pas non plus d’une présence de Marie au concile de Jérusalem, mais cela pourrait être vrai puisque, selon elle, Marie résidait à Gethsémani.[6]


[1] Marie d’Agréda, La cité mystique de Dieu (première édition espagnole en 1670) Téqui, Paris 2000, Livre VIII, p. 303.

[2] Ibid., VIII, p. 401-406

[3] Ibid., VII, p. 189-190.

[4] Anne Catherine Emmerich, La vie de la Vierge Marie, Presses de la Renaissance, Paris 2006, p. 418

[5] Anne Catherine Emmerich, Vision sur la vie de Notre Seigneur Jésus-Christ et de la Très Vierge Marie, la douloureuse passion et l’établissement de l’Église par les apôtres, coordonnées en un seul tout, l’ordre des faits, Téqui, Paris 1995, t. III, p. 428-429

[6] Maria Valtorta, L’Évangile tel qu’il m’a été révélé, Centro Editoriale Valtortiano, 1985, t. IX, p. 268-269


Françoise Breynaert

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