La prière sauve l’île de Malte à plusieurs reprises au cours de son histoire
Malte, petit archipel au cœur de la Méditerranée, illustre de manière singulière l’action de Dieu dans l’histoire humaine. L’île porte la trace d’une vocation spirituelle constante, vécue sous le signe de protections que beaucoup ont reconnues comme providentielles. Chrétienne sans discontinuité depuis près de deux millénaires, Malte témoigne d’une fidélité exceptionnelle : ni les invasions arabes, ni les dominations étrangères, ni la sécularisation moderne n’ont entamé la foi de ses habitants. Aujourd’hui encore, elle demeure l’un des pays les plus catholiques d’Europe. C’est que la foi ardente, collective et durable de ce peuple répond à une fidélité plus haute encore : celle de Dieu dont la grâce, à travers les siècles, est visiblement à l’œuvre.
Les raisons d'y croire
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Selon les Actes des Apôtres ( Ac 27 ; 28 ), Paul, prisonnier en route vers Rome, fait naufrage sur les côtes de Malte. Sauvé miraculeusement, il guérit le père du gouverneur Publius, chef de l’île, et de nombreux malades. Publius, comme beaucoup d’autres, se convertit et devient le premier évêque de Malte. La Providence fait de ce naufrage la porte d’entrée de l’Évangile dans la Méditerranée centrale.
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En 1565, 700 chevaliers de Saint-Jean, défenseurs de l’État insulaire, et 8 000 Maltais affrontent plus de 40 000 soldats ottomans. Les chroniqueurs rapportent plusieurs phénomènes étonnants (telles des tempêtes soudaines, qui dispersent la flotte turque) et les défenseurs, en prière constante, gardent le moral bien qu’ils soient en grande infériorité numérique (presque cinq contre un). Assiégé pendant quatre mois, Malte tient bon, contre toute attente.
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Les secours arrivent finalement, de façon providentielle et au moment critique. Le 8 septembre – jour de la Nativité de Marie –, un petit contingent de renfort parvient jusqu’à Malte alors que la flotte turque contrôle la mer et que tout convoi risque d’être intercepté et détruit avant d’atteindre l’île. Les Turcs abandonnent le siège et se retirent soudainement.
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Les Maltais dédient cette victoire à la Vierge, et c’est pour honorer son intercession qu’est fondée La Valette. Plus largement, cette victoire est reconnue miraculeuse par toute l’Europe. C’est une île minuscule, vouée à la chute, qui triomphe et arrête l’expansion islamique vers l’Occident. Le déséquilibre des forces en jeu souligne la main de Dieu dans l’histoire des hommes. Malte devient le rempart de la foi chrétienne face à l’expansion ottomane.
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L’île devient un centre d’évangélisation, d’hospitalité et de soins pour les malades, y compris non chrétiens. Animée par une foi vivante, Malte est un symbole de la charité du Christ.
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Pendant toute la Seconde Guerre mondiale, et tout particulièrement durant le siège de Malte (1940-1942), la foi chrétienne des Maltais a été l’un des piliers de leur résistance. Lors d’un raid aérien en avril 1942, une bombe de 500 kilos s’écrase sur l’imposant dôme de la rotonde de l’église Sainte-Marie-de-l’Assomption de Mosta, où trois cents personnes sont réunies en prière. Miraculeusement, la bombe n’explose pas. Aujourd’hui encore, la bombe intacte est exposée dans l’église comme témoignage de la puissance de la prière et de la protection divine.
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En août, Malte, assiégée par les forces de l’Axe et affamée, est sur le point de capituler. Les Alliés lancent une mission de ravitaillement désespérée, l’opération Pedestal, mais le convoi doit passer par le canal de Sicile, un passage particulièrement propice à un guet-apens. Au mépris des pronostics, cinq navires réussissent à atteindre La Valette le 15 août, jour de l’Assomption de Marie. L’arrivée in extremis de ces navires est encore commémorée aujourd’hui sous le nom de Il-Konvoj ta’ Santa Marija, « le convoi de Sainte-Marie ». Pour le peuple maltais, c’est une chose établie : « Ce n’est pas la force, mais la prière, qui a sauvé Malte. »
En savoir plus
Au cœur de la Méditerranée, Malte pourrait paraître insignifiante à l’échelle du monde : un petit archipel battu par les vents, sans ressources naturelles notables ni territoire étendu. Pourtant, depuis deux millénaires, cette île a joué un rôle disproportionné dans l’histoire religieuse et stratégique de l’Occident. En ce lieu discret, la providence se rend visible.
Tout commence par un naufrage. Vers l’an 60, l’apôtre Paul, prisonnier en route vers Rome, voit son navire brisé par la tempête. Jeté sur les côtes maltaises, il trouve un peuple hospitalier. Là, il guérit le père du chef de l’île, Publius, et de nombreux malades. Cet épisode marque l’enracinement à Malte de la foi chrétienne, demeurée ininterrompue depuis près de deux mille ans.
Cinq siècles plus tard, après les périodes byzantine et arabe, les Normands, puis les chevaliers de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem s’y installent en 1530, à la faveur d’un don de Charles Quint. En 1565, Malte devient le théâtre d’un siège décisif de l’armée ottomane. Après quatre mois d’une résistance acharnée, l’assaut est repoussé. L’échec du « Grand Siège de Malte » est salué dans toute l’Europe comme une victoire de la chrétienté sur l’expansion ottomane. Jean de Valette fait alors bâtir une cité nouvelle, La Valette, conçue à la fois comme forteresse et refuge : « Non pour la gloire, mais pour la charité et le service », disait la devise de l’ordre. Les chevaliers y fondent hôpitaux, églises et hospices, fidèles à leur vocation d’accueil des pauvres et des pèlerins. Malte devient ainsi un phare spirituel et humanitaire au cœur de la Méditerranée.
Au XXe siècle, l’île retrouve son rôle de bastion sous les bombardements de la Seconde Guerre mondiale. Entre 1940 et 1942, Malte subit l’un des sièges les plus intenses du conflit : plus de trois mille raids aériens en deux ans. La population, réfugiée dans les catacombes et les églises, notamment au sanctuaire de Ta’ Pinu (lieu d’apparitions mariales reconnues), demeure unie dans la prière. En 1942, le roi George VI décerne à l’ensemble du peuple maltais la croix de Saint-Georges, « pour son héroïsme exceptionnel » – distinction unique dans l’histoire britannique –, aujourd’hui intégrée au drapeau national.
Ainsi, l’histoire de Malte dépasse la seule succession d’événements politiques : c’est une parabole vivante. Petite par la taille, sans puissance propre, mais grande par la foi, Malte est gardée, protégée et choisie pour manifester la force de la grâce. L’île incarne ces paroles de Dieu : « Ma grâce te suffit, car ma puissance se déploie dans la faiblesse » ( 2 Corinthiens 12,9 ).
Solveig Parent
Aller plus loin
Les articles d’Aleteia : « Malte, île de foi : la prière au cœur de l’Histoire » et « La Seconde Guerre mondiale : l’espérance de Malte contre toute espérance ».
En complément
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Anthony Luttrell, The Making of Christian Malta: From the Early Middle Ages to 1530, Routledge, 2002. Étude en anglais qui exploite l’archéologie, les archives et l’histoire ecclésiastique pour expliquer comment Malte est devenue un bastion chrétien.
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Le dossier de VaticanNews : « L’Église à Malte, du christianisme grec à la piété italienne ».
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Sur les apparitions de Ta’ Pinu , l’article de l’Encyclopédie mariale et le site officiel du sanctuaire .
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L’ homélie du pape Jean-Paul II au sanctuaire de Ta’ Pinu le samedi 26 mai 1990.