Je m'abonne
Les grands témoins de la foi
Portugal et Maroc
Nº 658
1402 – 1443

Bienheureux Ferdinand du Portugal, « l’enfant du miracle » (+1443)

Surnommé dès son vivant le « saint enfant », le bienheureux Ferdinand du Portugal est le cinquième fils de Jean Ier, roi du Portugal, et de Philippa de Lancastre. Sa naissance est miraculeuse : au seuil de la mort, sa mère et lui sont sauvés par une relique de la vraie Croix, c’est-à-dire un morceau de la croix sur laquelle fut crucifié Jésus. Toute sa vie, Ferdinand manifeste un attachement sans limites à l’Évangile. Sa foi, sa bonté et sa charité impressionnent. Il accepte de participer à une expédition dirigée par son frère, Henri le Navigateur, dans l’espoir de parler de la foi chrétienne aux Maures. Mais l’entreprise tourne au désastre. Fait prisonnier puis abaissé au rang d’esclave, il est abandonné par les siens. Il meurt en martyr le 5 juin 1443, dans la paix de Dieu.


Les raisons d'y croire

  • La naissance miraculeuse du bienheureux est bien documentée, à la fois par les témoins oculaires et par divers chroniqueurs du règne de Jean Ier.

  • Fin septembre 1402, sa mère, Philippa, sur le point d’accoucher, est en proie à une terrible fièvre ; la situation est critique. La reine décline les secours de la médecine, disant qu’elle place sa confiance dans la sainte Croix. Le roi ordonne que l’on ramène un fragment de la vraie Croix alors conservé à Marmelar (sud du Portugal). La relique est déposée dans la chambre de Philippa et la fièvre chute. Peu après, la reine met au monde un fils, sans difficultés ni souffrances. Ces faits sont inexplicables, en particulier à cette époque.

  • Après cet événement, deux fois par an, elle offre un cierge du poids de son fils à l’église de la Sainte-Croix de Marmelar.

  • La fermeté absolue avec laquelle Ferdinand fuit les valeurs contraires à l’Évangile (guerre, volonté de puissance, domination, etc.) est inexplicable sur le plan humain. Certes, il a été élevé dans la foi catholique, mais il l’a surtout été comme un prince de son temps, comme un militaire en puissance et un chef politique. L’épopée de Ferdinand aurait pu être celle de n’importe quel prince du Moyen Âge : honneurs, plaisirs, fortune, conquête. Ce fut l’exact contraire : il fuit les biens terrestres, déteste toutes les formes de domination, se désintéresse des conquêtes militaires, ne désire que la paix…

  • L’humilité de Ferdinand est par exemple universellement connue. Malgré son rang, il refuse systématiquementhonneurs et distinctions. En 1434, le pape Eugène IV le constate personnellement après lui avoir proposé de devenir cardinal : le bienheureux lui oppose un refus poli mais ferme.

  • Ferdinand déteste aussi la violence. Il est le seul de toute sa famille à ne jamais avoir porté les armes. Ainsi, lorsqu’il accepte de suivre son frère, le célèbre Henri le Navigateur, jusqu’à Tanger, ce n’est ni pour faire la guerre ni pour conquérir de nouvelles terres, mais pour témoigner de l’amour du Christ aux Maures.

  • Emprisonné, sa fidélité à Jésus est totale : s’il avait renié sa foi, il aurait eu la vie sauve, mais rien ne put le faire changer d’avis. Ainsi, Ferdinand du Portugal est bien martyr pour sa foi. Il est impressionnant de savoir qu’il pardonne à ses bourreaux et prie pour eux.

  • La veille de sa mort, la Vierge Marie, l’archange saint Michel et saint Jean l’Évangéliste lui apparaissent dans une clarté indescriptible.

  • Après sa mort, le cadavre nu et éventré de Ferdinand est suspendu la tête en bas aux créneaux des murs de Fès pendant quatre jours. Puis son corps est déposé dans un cercueil en bois, qui est à son tour suspendu aux créneaux de la ville. Alors que ce geste n’est absolument pas fait pour encourager le culte, mais pour humilier, des guérisons miraculeuses sont rapportées tout le temps où l’objet reste ainsi accroché.

  • Au-delà du miracle incroyable de sa naissance et de la guérison inexpliquée de sa mère, l’Église a saisi l’importance de cette existence placée, bien au-dessus des soucis des hommes, sous le regard de Dieu : en 1470, le pape Paul II, parfaitement informé des détails de sa vie, encourage sa vénération.


En savoir plus

Sixième enfant (et plus jeune fils) du roi Jean Ier du Portugal et de Philippa de Lancastre, Ferdinand est né à Santarém le 29 septembre 1402, jour de la fête de l’archange saint Michel. Il lui vouera toute sa vie un culte particulier. Lors de l’expédition au Maroc, sa bannière est une image blasonnée de l’archange.

Il est « l’enfant du miracle » car sa mère, peu avant l’accouchement, est prise d’une fièvre grave qu’aucun médecin ne parvient à endiguer. Elle-même, pieuse et confiante en Dieu, est guérie de façon inexplicable grâce à une relique de la vraie Croix déposée dans sa chambre. Contre toute attente, elle met ensuite au monde un garçon, sans souffrances.

Ferdinand reçoit une éducation soignée et studieuse : celle d’un prince européen. Sa mère lui transmet le trésor de la foi. L’enfant aime prendre part aux cérémonies liturgiques de la cour. En 1434, après la mort de son père, Ferdinand est nommé administrateur de l’ordre de chevalerie d’Aviz par son frère, le roi Édouard Ier de Portugal. C’est le seul titre honorifique qu’il acceptera. Quand le pape Eugène IV lui propose de devenir cardinal, il refuse avec politesse.

À partir de 1436, le roi Édouard Ier approuve le plan de son frère, Henri le Navigateur, qui consiste à mener une campagne contre le Maroc. Persuadé qu’il pourra témoigner de sa foi aux habitants, Ferdinand prend part à l’expédition. En août 1437, les Portugais lancent un premier assaut contre Tanger. Ferdinand porte une bannière figurant une image de l’archange saint Michel. Militairement, l’aventure tourne court ; Henri le Navigateur lance des assauts contre les murs de la ville, mais en vain. Ses hommes sont rapidement encerclés par les troupes marocaines. Les Portugais, assiégés et affamés, se rendent.

Pour préserver ce qu’il lui reste d’armée, Henri le Navigateur signe un traité inique en octobre 1437 avec les Marocains, qui prévoit le départ de ses hommes de la région contre l’emprisonnement de son jeune frère, Ferdinand, qui restera otage aux mains des vainqueurs ! Avec une dizaine de compagnons, dont son confesseur, Ferdinand est remis à Salah ibn Salah dans la soirée du 16 octobre 1437 par le négociateur portugais.

Déplacé à l’intérieur des terres, le bienheureux est finalement enfermé dans une prison de Fès. À son arrivée, à la fin de mai 1438, Ferdinand mesure que quelque chose va se produire. A-t-il été alerté par le Ciel ? Nous l’ignorons. Mais il prie alors toujours plus, pour son pays, pour ses parents, pour ses geôliers et pour ses compagnons d’infortune.

Le 11 octobre 1438, les autorités marocaines décident de considérer dorénavant Ferdinand comme un simple prisonnier de droit commun. Sa cellule est fouillée sans ménagement. Les gardiens lui confisquent ses biens et le peu d’argent qu’il conserve. Tout contact avec l’extérieur est désormais interdit. Puis Ferdinand et ses compagnons sont traînés dans un cachot minuscule. On leur donne des fripes hideuses et on les soumet à un régime alimentaire strict : pain et eau.

Ferdinand devient la proie de terribles violences de la part de ses gardiens. On le met aux fers, on l’insulte, on l’humilie. On le contraint à arracher les mauvaises herbes des jardins et à nettoyer les écuries. Sa foi ne vacille jamais. Au contraire ! Il prie de plus belle pour le salut de ses compagnons, auprès desquels il se porte volontaire pour accomplir les tâches les plus ingrates. Le bienheureux, dépouillé de presque tous ses vêtements, est enfermé dans un cachot insalubre. Il est à présent menacé en permanence et soumis à des conditions de détention épouvantables. Tandis qu’il est escorté jusqu’à son cachot, après une audience, les soldats marocains disent trouver sur lui une « note secrète »… Il est alors inculpé de tentative d’évasion et de trahison : son sort est jeté.

Après septembre 1441, Ferdinand est transféré loin de ses compagnons dans une cellule humide et sans fenêtre. Son isolement est complet. Seul un médecin peut lui rendre visite, et un aumônier une fois tous les quinze jours. Il passe ses journées et ses nuits à prier, seul, dans sa cellule. L’espérance ne le quitte pourtant pas. Il sait que la résurrection passe par la croix. Il demeure quinze mois dans ces conditions, avant de tomber malade, début juin 1443. Cinq jours plus tard, il quitte ce monde dans la joie de rejoindre son Créateur. Sa devise était : « Le bien me plaît. »

Patrick Sbalchiero, membre de l’Observatoire international des apparitions et des phénomènes mystiques.


Au delà

La mort en martyre de Ferdinand du Portugal et son existence entière sont un témoignage fort de l’amour infini de Jésus. Le bienheureux, par ses paroles et par ses actes, fut missionnaire du Christ dans son propre milieu aussi bien que parmi les Maures.


Aller plus loin

Yves Léonard, Histoire de la nation portugaise, Paris, Tallandier, 2022.


En complément

  • Acta Sanctorum, Société des Bollandistes, 5 juin, I, p. 563-591.

  • H. Roman, Historia de los dos religiosos infantes de Portugal, y de la infanta d. Jauna, hija del reg d. Alonso el V, Medina del Campo, 1595.

  • Diogo Barbosa Machado, Bibliotheca Lusitana, Historica, Critica, e Cronologica,t. 2, Lisbonne, Ignacio Rodrigues, p. 9-11.

  • Nicolas Antonio, Bibliotheca Hispana Vetus (Rome, 1696), t. 2, réédition, 1788, p. 243.

  • Ignace Franz Werner Olfers, Leben des standhaften Prinzen, in-8, Berlin, 1827.

  • Bartolomé José Gallardo, Ensayo de una biblioteca espanola de libros raros y curiosos, t. 1, Madrid, Rivadeneyra, 1863, p. 357.

Sur le même thème, la rédaction vous conseille :
Précédent
Voir tout
Suivant