
Cuapa : la Vierge est en Équateur (1980)
Le 15 avril 1980, vers vingt heures, dans une vallée de la région du Chontales, au Nicaragua, un paysan célibataire, Bernardo Martinez, la quarantaine, membre d’une petite communauté néo-catéchuménale, aperçoit une « lumière extraordinaire » près d’une ancienne chapelle. Le 7 mai suivant, tandis qu’il pêche dans un endroit isolé de la vallée de Cuapa, la Vierge Marie apparaît à Bernardo. Un dialogue se noue. Marie invite le pays à la paix et au pardon. Une dernière apparition a lieu le 13 octobre 1980, en présence d’une cinquantaine de fidèles. Un sanctuaire a vu le jour sur ce lieu et Bernardo a été ordonné prêtre en 1995.
Les raisons d'y croire
Lorsque Bernardo lui demande son nom, l’apparition s’identifie sans ambiguïté : « Marie. Je viens du Ciel, je suis la Mère de Jésus. » Tous les messages sont concis, limpides, très évangéliques, invitant les habitants à l’amour mutuel, à la prière, aux sacrements et à la récitation du chapelet. Il y est question d’humilité, de charité, d’obéissance au pape et aux évêques.
Plusieurs messages recueillis sont prophétiques, car ils évoquent précisément la chronologie des faits survenus au Nicaragua après les apparitions, en particulier les « souffrances » liées aux soulèvements populaires successifs après 1979, les « martyrs » de la foi à l’époque de la gouvernance marxiste, puis la « paix » à venir et la réconciliation nationale après la période sandiniste.
L’aspect de l’apparition et ses réactions ne présentent aucune anomalie eu égard à la tradition catholique et à l’histoire des manifestations mariales.
Il est impossible que Bernardo ait inventé une telle histoire : dans la période troublée dans laquelle se trouve son pays, en 1980, il n’avait strictement rien à gagner à prétendre voir la Vierge ; de surcroît, son milieu de vie est très modeste et il n’exerce aucune influence et ne dispose d’aucun soutien.
Bernardo est un homme modeste, droit, bon, pieux, en rien concerné par le tapage médiatique fait autour de l’événement. Ses qualités, son équilibre psychologique et son authentique piété sont confirmés par toutes les personnes qui le connaissent.
Croyant depuis l’enfance, il voit les apparitions renforcer sa foi et il décide de donner sa vie entière à Dieu en devenant prêtre. Il est ordonné le 20 août 1995. Depuis, il a admirablement accompagné les croyants qui lui sont confiés. Comme c’est souvent le cas, il n’a jamais plus reçu de signe céleste après l’ultime message de la Vierge, en 1991.
Les fruits spirituels et humains de la venue de la Vierge Marie à Cuapa sont réellement très positifs : le voyant et les personnes qui l’accompagnaient n’ont jamais dévié et, bien au contraire, des réconciliations, des conversions et même des guérisons inexplicables, dûment contrôlées, ont été enregistrées.
Mgr Pablo Antonio Vega Mantilla, évêque de Juigalpa, fut sensible à la sincérité et à la qualité évangélique de la vie menée par le voyant, ainsi qu’au contenu des messages, qui évoquent la nécessité de paix dans le pays, invitant chacun à remplir ses devoirs familiaux et sociaux. Il a donc accepté la publication du récit des apparitions, avec son approbation (sans prendre position sur la surnaturalité des apparitions en tant que telles).
En savoir plus
Le 15 avril 1980, vers vingt heures, dans une vallée de la région de Chontales, au Nicaragua, un paysan célibataire, membre d’une petite communauté néo-catéchuménale, Bernardo Martinez, âgé de quarante ans, « aperçoit une lumière extraordinaire » près d’une chapelle en ruines.
Le 7 mai suivant, Bernardo pêche dans un endroit isolé de la vallée de Cuapa. Soudain, il n’en revient pas : une lumière surnaturelle a envahi son champ de vision. Il distingue une forme humaine en son centre. Peu à peu, les contours de cette « forme » se précisent. Il tombe à genoux : une belle dame vient de lui apparaître, vêtue d’un habit « blanc et long », avec une « ceinture bleue sur les hanches et des manches longues » ; un « manteau couleur crème pâle, avec une broderie d’or tout du long », couvre son corps. Ses mains sont jointes sur la poitrine. Bernardo constate qu’elle ressemble à Notre Dame de Fatima.
Une seconde après, l’apparition étend les bras et « de ses mains sortent des rayons de lumière plus forts que ceux du soleil ». L’agriculteur précise que les rayons qui sortent ainsi de ses mains inondent sa poitrine. Il n’a jamais rien vu de pareil, d’aussi beau. Il ne parvient pas à détacher son regard du visage de cette femme encore inconnue.
Au bout d’un moment, Bernardo lui demande son nom. « Marie. Je viens du Ciel, je suis la Mère de Jésus », lui répond-elle d’une « voix si douce que je n’avais jamais entendu pareille voix d’aucune femme, ni d’aucune personne ».
« Que voulez-vous ? », lui demande Bernardo. « Que vous priiez le chapelet tous les jours ! Aimez-vous. Accomplissez vos devoirs. Faites la paix », lui répond tendrement l’apparition.
Après quelques brefs instants de silence, la Mère de Dieu reprend : « Le Nicaragua a beaucoup souffert depuis le tremblement de terre. Et il est menacé de souffrir plus encore. Vous continuerez à souffrir si vous ne changez pas [...]. Prie, prie, mon fils, prie le chapelet pour le monde entier. Si vous ne changez pas, la venue d’une troisième guerre mondiale est proche. »
Les yeux fixés sur l’apparition, Bernardo ne sait que dire, tant son émotion est à son comble. Soudain, Marie lève doucement les bras au ciel, « comme la statue Notre-Dame de l’Assomption, que j’ai vue tant de fois dans la cathédrale de Juigalpa », expliquera Bernardo ultérieurement. Puis, elle tourne les yeux vers le haut, et le nuage qui la soutient s’élève dans les airs, l’emportant en quelques secondes. « Elle était comme dans une niche de lumière et, à une certaine distance, elle disparut de ma vue », se souvient le voyant avec une vive émotion.
Dans la nuit du 8 au 9 juin 1980, la Vierge Marie apparaît une seconde fois à Bernardo, mais cette fois dans son sommeil. « Elle m’a dit : "Regarde le ciel !" » Alors, le futur prêtre voit distinctement, avec une précision bien au-delà des caractéristiques d’un songe, un grand groupe de personnes habillées de blanc qui cheminent vers l’Orient, baignées de « clarté et de joie » : « les corps irradient de lumière ». Ces gens chantent un chant inconnu de lui, d’une beauté ineffable. Bernardo est certain de les entendre, comme lorsqu’on écoute une chorale. Ces chanteurs ont l’air d’anges. Mais il ne comprend pas les paroles qu’il entend.
Soudain, Marie lui dit : « Regarde, voici les premières communautés des débuts du christianisme. Ce sont les premiers catéchumènes. Beaucoup d’entre eux furent des martyrs. Voulez-vous être des martyrs ? Aimerais-tu être un martyr ? »
Ensuite, un autre groupe apparaît. Les personnes sont aussi habillées de blanc avec des chapelets lumineux dans les mains. Les grains, « très blancs », jettent des « feux multicolores ». Un membre de ce groupe porte un grand livre ouvert. Puis Bernardo distingue un troisième groupe près du précédent, dont les membres portent l’habit des Franciscains. Enfin, il aperçoit une foule de personnes portant des vêtements civils.
« Je t’ai montré la Gloire du Seigneur, lui dit la Vierge, c’est cela que vous allez acquérir si vous obéissez au Seigneur, à sa Parole, si vous persévérez dans la prière du saint rosaire et mettez en pratique la Parole de Dieu. »
Cette nuit-là, Bernardo n’est pas au bout de ses surprises ! Ne parvenant pas à se rendormir, il commence à prier le chapelet quand, brusquement, il est comme soulevé au-dessus de la terre. Puis il aperçoit « un grand cercle de lumière » tout autour du monde, une sorte de rayon qui tombe du ciel et marque un cercle lumineux sur le sol. Bernado regarde vers le haut et voit que s’est formé au même moment un « cercle dans le ciel », et ce cercle « irradie des couleurs », commente Bernardo.
Puis Marie reprend : « Dites le chapelet, méditez les mystères de Dieu. Aimez-vous les uns les autres. Pardonnez-vous. Ne demandez pas seulement la paix sans la faire. On me demande des choses sans importance. Demandez la foi pour avoir la force de supporter chacun votre croix. Les souffrances de ce monde ne peuvent pas vous être enlevées [...]. La vie est ainsi. Je suis avec vous, bien que vous ne me voyiez pas. Je suis votre Mère à tous, pécheurs. »
Enfin, le 13 juillet 1991, Bernardo reçoit ce message : « Bernardo, le Seigneur est très triste, car le Nicaragua commet beaucoup de péchés collectifs. » Quatre ans plus tard, il sera ordonné prêtre.
Patrick Sbalchiero, membre de l’Observatoire international des apparitions et des phénomènes mystiques.
Au delà
Bien qu’officiellement non reconnues, les apparitions de Cuapa constituent un événement très important dans la vie nationale du Nicaragua contemporain.
Aller plus loin
Patrick Sbalchiero, « Cuapa, Nicaragua », dans René Laurentin et Patrick Sbalchiero, Dictionnaire encyclopédique des « apparitions » de la Vierge Marie. Inventaire des origines à nos jours. Méthodologie, prosopopée, approche interdisciplinaire, Fayard, Paris 2007.
En complément
Le reportage en espagnol au sujet du 37e anniversaire de l'apparition de la Vierge de Cuapa.
Les deux vidéos YouTube de Huilliam Daverec.
Les articles de l’encyclopédie mariale : « Cuapa : un message de paix » et « Nicaragua ».