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Guérisons miraculeuses
Varsovie (Pologne)
Nº 617
28 mars 1981

Guérie d’une maladie incurable, Maureen croit finalement aux miracles (1981)

Sœur Faustine Kowalska († 1938) est une religieuse polonaise qui s’est vu confier par Jésus la mission de faire connaître au monde entier sa Divine Miséricorde. En 1981, l’Américaine Maureen Digan, qui souffre depuis plus de dix ans d’une maladie incurable, guérit en priant sur le tombeau de la religieuse, à Varsovie. La guérison est acceptée par tous comme un miracle et conduit à la béatification de Faustine le 18 avril 1993. Maureen et son mari ont publié un film, In the Name of Miracles, qui raconte leur histoire.


Les raisons d'y croire

  • La maladie dont souffre Maureen s’est développée progressivement jusqu’à atteindre un stade grave : un gonflement massif et très douloureux de ses membres. Une rémission durable est impossible et aucune thérapie médicamenteuse ne peut être efficace. Maureen est suivie de près par plusieurs équipes médicales, qui partagent ce même diagnostic. Elle a été hospitalisée à de nombreuses reprises et a subi en dix ans une cinquantaine d’opérations.

  • Les médecins établissent qu’en raison de la détérioration de son état, il est nécessaire d’amputer sa jambe droite. Ils fixent la date pour amputer la seconde jambe.

  • L’entourage de Maureen est chrétien et fervent, mais elle-même ne partage plus cette foi. Elle ne peut pas comprendre pourquoi Dieu a permis qu’elle souffre ainsi. L’initiative de se rendre sur la tombe de sainte Faustine ne vient donc pas de Maureen mais de son époux, Bob.

  • Le fait de prier pour la guérison de Maureen par l’intercession de sœur Faustine est fortuit. C’est en visionnant le film Divine Mercy: No Escape, qui porte sur la vie de sœur Faustine, que Bob est convaincu qu’il faut se rendre sur son tombeau, en Pologne, et lui demander la guérison de Maureen.

  • Sur le tombeau, Maureen prie, tout en restant sceptique : « Faustine, j’ai parcouru un long chemin, maintenant fais quelque chose. » Elle reçoit alors une locution intérieure : « Si vous demandez mon aide, je vous la donnerai. » Tout d’un coup, la douleur semble s’écouler de son corps et sa jambe enflée, qui doit être amputée sous peu, revient à sa taille normale.

  • Toujours dubitative, Maureen pense d’abord que ce qu’elle ressent est psychologique, qu’elle fait une dépression nerveuse. Mais sa jambe est bel et bien guérie : à son retour aux États-Unis, elle est examinée par quatre médecins indépendants, qui concluent chacun qu’elle est complètement guérie. Ils n’ont aucune explication médicale pour la guérison soudaine de cette maladie incurable.

  • Le dossier médical a été examiné par cinq autres médecins, nommés par l’Église pour investiguer la guérison. Les circonstances de cette dernière ont ensuite été examinées par une équipe de théologiens, puis par des cardinaux et des évêques. Après cette enquête complète, la guérison de Maureen Digan a été finalement reconnue comme authentiquement surnaturelle et venant de Dieu.

  • Rappelons cette phrase de Faustine, inscrite dans son journal : « Je sens clairement que ma mission ne se termine pas avec la mort, mais commence. » En faisant référence aux grâces accordées par son intercession et au message de miséricorde dont elle a été la messagère, le pape Jean-Paul II († 2005) dit qu’elle est un « don de Dieu pour notre temps ».


En savoir plus

Issue d’une famille polonaise pauvre, Helena Kowalska est acceptée à vingt ans dans la congrégation des Sœurs de Notre-Dame de Miséricorde, à Varsovie. Elle prend le nom de sœur Marie-Faustine et remplit des tâches modestes : cuisinière, jardinière, sœur portière… La vie mystique de la religieuse , qui est souvent plongée dans de longues phases de prière et de contemplation, est d’une richesse extrême. Jésus lui apparaît à de nombreuses reprises, de même que la Vierge Marie. Le Christ fait d’elle sa « secrétaire » : « Parle au monde de ma Miséricorde, lui demande-t-il lors de ses apparitions, ainsi tu consoleras mon cœur. » Devenue « apôtre de la Miséricorde », sœur Faustine inscrit tous ses échanges dans un journal.

Rapidement après sa mort, survenue à l’âge de trente-trois ans, la renommée de la petite religieuse polonaise se répand dans le monde entier et, avec elle, la dévotion à la Divine Miséricorde. C’est par exemple le cas àStockbridge, aux États-Unis, où se trouve un sanctuaire de la Divine Miséricorde. Le père Seraphim Michalenko, marianiste qui en a la charge, a été l’un des postulateurs de la cause de béatification de sainte Faustine. C’est en ce lieu que s’est rendu le mari de Maureen Digan, lorsque sa femme, gravement malade, désespérait.

Maureen Digan développe à partir de l’âge de quinze ans une maladie nommée lymphœdème. Il s’agit d’un gonflement de certaines parties du corps à cause d’une accumulation de liquide lymphatique dans les tissus conjonctifs. Dans le cas de Maureen, le gonflement de ses jambes s’étale sur plusieurs années, jusqu’à atteindre un stade grave : l’augmentation du volume est considérable (plusieurs fois la taille normale), le gonflement est dur, chronique et irréversible.

Elle témoigne : « Entre […] quinze et vingt ans, j’ai subi plus de cinquante opérations. Dix années durant, je retournais régulièrement à l’hôpital. Mes hospitalisations duraient entre une semaine et douze mois. À l’âge de dix-neuf ans, j’ai été opérée de la colonne vertébrale et, pendant deux ans, j’ai été paralysée à partir des hanches jusqu’aux pieds. À l’âge de vingt ans, on a procédé à la première amputation : la maladie a envahi toute la jambe et il fallait l’amputer jusqu’à la hanche.

Mon mari Bob, homme d’une grande foi et de prière, sentait qu’il fallait que nous allions en famille (moi et notre fils malade) en Pologne. Il s’est rendu à Eden Hill, à Stockbridge, et en a parlé avec le père Seraphim Michalenko. Bob lui a demandé s’il pouvait nous accompagner dans ce voyage en Pologne. L’abbé Seraphim a obtenu l’autorisation de ses supérieurs et c’est ainsi que nous avons pu entreprendre ce voyage difficile vers Cracovie.

Le 28 mars 1981, je me suis confessée à Cracovie. C’était ma première confession depuis des années et des années… Je me suis sentie très proche du Seigneur Jésus et de sœur Faustine. »

Ce soir-là, le 28 mars, le couple prie sur la tombe de sœur Faustine, à la chapelle des sœurs, en implorant particulièrement la sainte pour la guérison de Maureen. Lorsque, au cours de cette prière, la douleur de sa jambe cesse et que l’œdème se résorbe, Maureen n’ose pas le croire et pense d’abord qu’il s’agit de symptômes psychologiques. À cette époque, « je ne croyais pas aux miracles », explique-t-elle. « J’ai mis une serviette dans mon soulier pour que personne ne remarque que l’enflure avait disparu. » Maureen cesse de prendre les médicaments qui lui étaient prescrits pour tenter de soulager ses douleurs et ses symptômes. Et à partir de ce jour, sa maladie a complètement et définitivement disparu.

« De tout cœur, je rends grâce pour ma guérison qui servira de preuve pour la béatification de sœur Faustine. Toute ma famille loue le Seigneur. Combien sont vraies les paroles de Jésus tirées du Petit Journal : "Plus grande est la misère, plus elle a droit à ma miséricorde !" »

Le dimanche de la Miséricorde, le 18 avril 1993, sœur Faustine est béatifiée par le pape Jean-Paul II sur la place Saint-Pierre, au Vatican, lors d’une messe célébrée devant plus de 100 000 pèlerins du monde entier. Il dit à propos de sœur Faustine : « Comment aurait-on pu imaginer que c’est justement toi, une fille pauvre et simple du peuple polonais de Varsovie, que le Christ a choisie, pour rappeler aux hommes le grand mystère de la Miséricorde Divine ? Tu as emporté avec toi ce mystère en quittant ce monde après une vie brève et pleine de souffrance. En même temps, ce mystère est vraiment devenu un cri prophétique adressé au monde, à l’Europe. Ton message de la Miséricorde Divine est né pratiquement à la veille de l’effroyable cataclysme de la Seconde Guerre mondiale. Tu n’aurais probablement pas été surprise si tu avais pu expérimenter sur la terre ce que ce message est devenu, présenté ce message pour les gens tourmentés de ce temps du mépris et à quel point il s’est diffusé dans le monde. Aujourd’hui, nous le croyons profondément, tu contemples en Dieu les fruits de ta mission sur terre. Aujourd’hui, tu expérimentes à la source même, qui est ton Christ : Dives in misericordia.

[...] La mission de sœur Faustine continue et apporte des fruits étonnants. De quelle manière merveilleuse sa dévotion à Jésus miséricordieux se fraie un chemin dans le monde contemporain et conquiert tant de cœurs. C’est, sans aucun doute, un signe des temps, un signe de notre vingtième siècle. Le bilan de ce siècle qui se termine, à côté des conquêtes qui ont même dépassé celles des époques précédentes, présente aussi une profonde inquiétude et la crainte de l’avenir. Où le monde peut-il trouver le salut et la lumière de l’espérance sinon dans la Miséricorde Divine ? Les gens qui ont la foi le sentent parfaitement ! »

Solveig Parent


Au delà

Sainte Faustine semble avoir décrit sa béatification future dans le Petit Journal (chapitre 31) : « À un moment, j’ai vu une multitude de gens dans notre chapelle, devant notre chapelle et aussi dans la rue, parce qu’il n’y avait pas assez de place pour tout le monde. La chapelle était décorée comme pour un jour de fête. Autour de l’autel, il y avait beaucoup de prêtres, puis nos sœurs et des religieuses de nombreuses autres congrégations. Tous attendaient une personne qui devait prendre place sur l’autel. Soudain, j’ai entendu une voix me dire que c’était moi qui devais prendre place dans l’autel.

Cependant, dès que j’eus quitté le couloir pour traverser la cour et me rendre dans la chapelle en suivant la voix qui m’appelait, tous les gens se sont mis à me jeter tout ce qu’ils pouvaient : de la boue, des pierres, du sable, des balais. J’ai d’abord hésité à avancer, mais la voix qui m’appelait était de plus en plus pressante et j’ai repris courageusement mon chemin. Quand j’ai franchi le seuil de la chapelle, les supérieures, les sœurs, les élèves et même mes parents se sont mis à me lancer ce qu’ils avaient sous la main, si bien que, bon gré mal gré, j’ai dû me dépêcher d’occuper la place qui m’était destinée dans l’autel.

Pourtant, dès que j’eus occupé cette place, cette même foule, les élèves, les sœurs, les supérieures, mes parents, tous ont commencé à tendre les mains et à me demander des grâces. Et moi, je ne leur en voulais pas de m’avoir lancé tous ces objets, et même, étrangement, j’éprouvais un amour particulier justement pour les gens qui m’avaient obligée à prendre plus rapidement la place qui m’était destinée. À cet instant, un bonheur ineffable a inondé mon âme et j’ai entendu les paroles suivantes : "Fais ce que tu veux, distribue des grâces comme tu veux, à qui tu veux et quand tu veux." Et aussitôt la vision a disparu»


Aller plus loin

Le documentaire de Bob et Maureen Digan, In the Name of Miracles. Un extrait du film en anglais est disponible en ligne .


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