
Une source à l'origine d'une multitude de miracles à Constantinople (457)
Depuis le Ve siècle, le monastère de la Source vivifiante, situé dans l’ouest de l’actuel Istanbul, est le lieu d’une multitude de miracles par l’intercession de Marie, source de vie. Ce sanctuaire, qui jouit d’une renommée notable et dont l’existence s’étend sur plus de quinze siècles, suscite aujourd’hui encore de ferventes dévotions.
Les raisons d'y croire
-
Les miracles attribués à la source vivifiante de Constantinople sont nombreux et réguliers à travers les siècles. Il s’agit pour la plupart de guérisons.
-
L’histoire et les miracles de la source nous sont parvenus par deux recueils et de nombreux poèmes. Plusieurs historiographies y font également référence. L’abondance de documentation sur le sanctuaire témoigne de son importance pour la société byzantine.
-
L’éclat persistant avec lequel ce lieu traverse les vicissitudes de l’histoire est remarquable : plus d’une dizaine de fois éboulée, pillée, détruite ou rasée, l’église est systématiquement rebâtie.
-
Le rayonnement de ce sanctuaire est tel que son nom « de la Source vivifiante » a été repris par de nombreuses églises et monastères à travers le monde orthodoxe.
-
Dès sa création, il fut un lieu majeur de dévotions et de pèlerinages de l’Église chrétienne orientale. Aujourd’hui encore, l'église Sainte-Marie-de-la-Source est tout autant fréquentée, sinon plus.
En savoir plus
L’historien byzantin Nicéphore Calliste Xanthopoulos (XIII-XIVe s.) rapporte le premier miracle de la source. Léon le Thrace, un soldat issu d’un milieu modeste, servit un jour de guide à un aveugle. Celui-ci ayant soif, Léon partit en quête d’eau. Il entendit une voix céleste qui le guida jusqu’à une source et lui dit de frotter les yeux de l’aveugle avec l’eau boueuse. L’aveugle recouvra la vue. La voix prédit aussi que Léon deviendrait empereur et annonça qu’elle avait choisi ce lieu pour y être honorée. Devenu empereur en 457, Léon Ier fit construire une église près de la source.
En plus de l’ouvrage de Xanthopoulos, qui recense les 17 miracles dont il est contemporain, nous disposons d’un recueil datant du Xe siècle, qui compile le récit de 45 miracles : toutes sortes de guérisons (cancer, hémorragie, fièvre, abcès, stérilité, lèpre, etc.) et quelques apparitions salvatrices. L’abondance des guérisons physiques et spirituelles s’explique par la force d’intercession de la Vierge Marie, Mère de Dieu (Marie Théotokos, cf. concile d’Éphèse en 431) : la guérison vient de son fils Jésus, qui est de nature divine, Créateur et Rédempteur.
À titre d’exemple, la Vierge intervint pour sauver les moines du grand tremblement de terre de 869 à Constantinople. La coupole sous laquelle ils étaient tous rassemblés s’écroulait, mais le dôme fut miraculeusement maintenu jusqu’à ce que tous fussent sortis sains et saufs.
On rapporte aussi que la magistrissa Hélène Artabasdina avait dérobé au sanctuaire deux icônes, l’une de la Vierge, l’autre de l’archange Gabriel. Refusant de les rendre, bien que la Vierge lui fût apparue en songe deux fois, le coffre dans lequel elle gardait les icônes prit feu. Lorsque la femme promit de les restituer, le feu s’éteignit brusquement. Les icônes furent rendues au sanctuaire de la Source de vie. Ce miracle est à l’origine d’une commémoration célébrée le premier jour du Carême.
Après la prise de Constantinople par les Turcs (1453), l’église et le monastère ne furent plus que ruines, mais les malades continuèrent d’affluer à la source où se multipliaient miracles et guérisons : « Quelle langue pourra décrire tout ce que cette eau a produit et tout ce qu’elle opère jusqu’à ce jour, car ils surpassent en nombre les gouttes de pluie, les astres du ciel ou les plantes de la terre, les miracles que nous observons tous les jours ! » (Triode de Carême, Diaconie Apostolique, 1993). Le sanctuaire fut reconstruit en 1834 avec une solennelle dédicace. Depuis, tous les patriarches de Constantinople sont enterrés au monastère.
Cette eau de salut coule toujours pour la guérison des maladies du corps et de l’âme : « Ô Vierge, tu es en vérité la Source de l’eau vive ; seule tu effaces à ton contact les cruelles maladies des âmes et des corps, en nous versant le Christ comme l’eau du salut » (Matines orientales).
Solveig Parent
Au delà
Marie est vraiment la source vivifiante qui a donné au monde celui qui est le « Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14, 6).
Aller plus loin
-
S. Efthymiadis, « Le monastère de la Source à Constantinople et ses deux recueils de miracles », Revue des études byzantines, 2006, tome 64-65, p. 283-309.
En complément
-
F. Breynaert, « Istanbul : Sainte Marie de la source », Encyclopédie mariale de l’Association Marie de Nazareth.
-
S. Bénay, « Le monastère de la Source à Constantinople », Échos d’Orient, 1900, tome 3, p. 223-228.