
Anne-Marie Adorni au service des prisonnières de Parme (+1893)
Anne-Marie Adorni confie sa vie entière à Jésus. Née dans une famille italienne sans biens, orpheline de père, elle ne peut réaliser son rêve de devenir missionnaire car sa mère s’y oppose. Plaçant sa confiance en Dieu, elle accepte, selon la volonté maternelle, de se marier. Devenue veuve, surmontant sa tristesse après avoir perdu cinq de ses six enfants, elle s’engage corps et âme dans l’aide aux femmes prisonnières, à Parme, où elle fonde pour leurs secours deux instituts religieux. Modèle d’abnégation, d’obéissance et d’humilité, Anne-Marie est un signe manifeste de la charité du Christ ici-bas. Surnommée « le Rosaire vivant » en raison de sa prière constante, elle a été béatifiée en 2010.
Les raisons d'y croire
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Durant sa vie, Anne-Marie a traversé des épreuves particulièrement douloureuses et désespérantes (opposition maternelle, dénuement matériel, mort de ses enfants…). Bien des fois, elle aurait pu tout abandonner et même s’éloigner de la foi. Pourtant, elle fait preuve d’un courage inexplicable dans de telles conditions – courage qu’elle puise dans la prière.
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S’attacher au secours des femmes prisonnières à son époque est doublement téméraire : d’une part la condition féminine dans la péninsule italienne au XIXe siècle souffre encore de maux systémiques, et, d’autre part, les détenues de droit commun sont considérées à bien des égards comme des êtres de moindre intérêt. À l’exemple de Jésus, Anne-Marie bouleverse les valeurs dominantes et les présupposés sociaux et culturels de son époque en faisant des prisonnières les premières servies. C’est une sorte de révolution.
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En voyant l’exemplarité de sa vie quotidienne et la beauté de son dévouement aux prisonnières, dans une totale abnégation, d’autres femmes appartenant à l’élite sociale locale la rejoignent : Anne-Marie Adorni est levain évangélique dans la pâte humaine.
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Dès son vivant, les deux fondations institutionnelles dont elle est l’initiatrice ont été canoniquement reconnues par les autorités épiscopales.
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Un fait lumineux inexplicable se produit lors de son trépas, le 7 février 1893 : « Vers six heures du soir, le visage de la vénérable devint resplendissant et la chambre en fut tout illuminée. À dix-neuf heures, la mère sourit comme si une vision céleste ravissait son esprit et elle rendit à Dieu sa belle âme », témoignent les religieuses qui étaient à son chevet.
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Anne-Marie Adorni a été béatifiée par le pape Benoît XVI en 2010, après un procès long et rigoureux qui a duré plus de soixante ans. Le miracle de guérison retenu pour sa béatification est incroyable, et pourtant vrai. Habitant de Brugnera di Pordenone (Frioul-Vénétie Julienne, Italie), Giuseppe Buttignol est frappé d’un violent mal de tête en février 1939. Le diagnostic ne laisse guère d’espoir : « encéphalite léthargique ». Aucun médicament ne réussit à améliorer la situation ; il reste dans un état comateux pendant seize jours, sa respiration est sifflante et sa mort prochaine est annoncée. Ses proches, accompagnés par les sœurs de la maison généralice des Servantes de l’Immaculée, entament une neuvaine en l’honneur de leur fondatrice, Anne-Marie Adorni. Une de ses reliques est placée sous la tête du malade. Le sixième jour de la neuvaine, celui-ci se rétablit. Le rétablissement complet et imprévisible de sa santé se prolonge. La concomitance chronologique et le lien entre l’invocation à Anne-Marie et la guérison de Giuseppe sont évidents. Le conseil médical du Dicastère a reconnu que la guérison a été rapide, complète et durable, ce qui est inexplicable à la lumière des connaissances médicales actuelles.
En savoir plus
Anne-Marie Adorni vient au monde le 19 juin 1805 à Fivizzano (Toscane, Italie). Ses parents, Matteo Adorni et Antonia Zanetti, sont loin de rouler sur l’or ; la famille connaît des périodes de pauvreté, mais ses membres sont heureux et partagent une foi chrétienne inébranlable. Anne-Marie cultive d’ailleurs un projet de vie bien particulier vis-à-vis duquel elle se confie seulement à quelques rares personnes : devenir une religieuse missionnaire. Son père meurt en 1820. Elle est alors contrainte de suivre sa mère, qui part s’installer à Parme. La jeune femme décroche alors un emploi de soutien scolaire auprès d’enfants issus des catégories sociales favorisées.
Mais, en réalité, cette existence ne lui convient guère. Sa foi augmente. De plus en plus fervente à mesure que le temps passe, elle ne pense plus qu’à une seule chose : partir en mission pour répandre la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ. Elle frappe à la porte des clarisses capucines de la région. Mais c’est un échec car sa mère s’oppose ouvertement à ce projet. Pour ne pas contrarier la décision maternelle, la future bienheureuse accepte même d’épouser un prétendant, Antoine Dominique Botti, employé à la maison ducale de Parme. Les noces ont lieu le 18 octobre 1826.
Elle met au monde six enfants, tous morts à un âge précoce, à l’exception d’un seul, Léopold, qui deviendra moine bénédictin. Antoine Dominique Botti disparaît le 23 mars 1844. Devenue veuve, Anne-Marie peut enfin espérer réaliser son rêve de vie consacrée. Son confesseur et directeur de conscience lui conseille de ne pas s’engager d’emblée dans une congrégation mais de faire la charité autour d’elle. Elle accepte. Les mois suivants, elle se consacre avec un dévouement admirable aux femmes prisonnières de Parme, souvent dans des conditions épouvantables. En tant que visiteuse de prisons, elle découvre dans la foi l’étendue de la pauvreté humaine. Sa détermination à lutter contre les injustices, et pour une société vraiment chrétienne, en sort renforcée.
L’aide gratuite qu’elle apporte aux prisonnières, sa piété extraordinaire et sa foi inébranlable en toutes circonstances amènent peu à peu les dames de la haute société de Parme à suivre son exemple. Ensemble, elles constituent bientôt « l’Union pieuse des femmes visiteuses de femmes emprisonnées », qui va être reconnue canoniquement par l’évêque de Parme en 1847. Grâce à ses relations, elle fait l’acquisition d’un ancien couvent de religieuses augustines à Parme le 18 janvier 1856.
Son désir de servir Jésus ne va pas s’arrêter là. Le 1er mai 1857, elle fonde, avec huit autres femmes, les « Servantes de l’Immaculée Conception de Marie de Parme » pour aider matériellement et spirituellement les femmes sortant de prison et pour l’éducation de jeunes filles pauvres et délaissées ou déjà connues de la police et de la justice. En 1859, Anne-Marie, malgré ses réticences, est nommée supérieure des sœurs. Le 25 mars 1876, l’évêque de Parme, Dominique Villa, érige son institut en congrégation sous le titre de « Pieuse maison des pauvres de Marie Immaculée », dont les constitutions religieuses sont confirmées le 3 février 1893 par son successeur, Mgr André Miotti.
Devenue paralysée, Anne-Marie Adorni rejoint le Père céleste le 7 février 1893.
Son procès de béatification est ouvert en 1952. Déclarée vénérable le 15 décembre 1977 par saint Paul VI, elle est béatifiée le 3 octobre 2010 par le cardinal Angelo Amato , préfet de la Congrégation pour la cause des saints, au nom du pape Benoît XVI, dans la cathédrale de Parme.
Patrick Sbalchiero, membre de l’Observatoire international des apparitions et des phénomènes mystiques.
Au delà
La bienheureuse Anne-Marie Adorni est humble, obéissante et sûre de ses initiatives car certaine qu’elles sont non le fruit de son imagination mais celui de Dieu. C’est pourquoi elle avance contre vents et marées. Ni les deuils ni les oppositions humaines à ses projets ne l’arrêtent. Apôtre de la charité, elle est aussi une grande mystique, consciente que ce n’est plus elle qui vit, mais que c’est le Christ qui vit en elle.
Aller plus loin
Sur le site Internet du Dicastère pour la cause des saints, la page dédiée à Anna Maria Adorni (1805 – 1893) (biographie, informations relatives au miracle de béatification…).
En complément
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Le cas de Anne-Marie Adorni est cité par Maurice Fromaget dans « Les cadavres extraordinaires. Essai de thanatologie mystique », Études sur la mort, 2006, no 129, p. 145-169.
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Le site dédié à Madre Adorni .
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Le site Internet de la congrégation des Servantes de l’Immaculée fondée par Anne-Marie Adorni.