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Les moines
Brad (nord de la Syrie)
Nº 482
1959 – 2021

L’extraordinaire frère Toufik (+2021)

Toufik Agib est né en 1959 dans un village montagneux de Syrie, au sein d’une famille musulmane. Il s’attache à Jésus dès son plus jeune âge et choisit, à l’image de saint Charbel, de vivre en ermite loin du monde et de son tumulte. Frère Toufik s’installe non loin de Brad, près du tombeau de saint Maron. Son intense vie spirituelle est guidée par l’Esprit Saint, qui lui donne intuitions et clairvoyance pour soulager et guérir, écouter et guider ceux qui parviennent jusqu’à lui. Toute sa vie, il n’a eu de cesse d’aller vers le plus extrême des dénuements pour laisser le Christ creuser en lui sa place, toute sa place, jusqu’à s’oublier lui-même.


Les raisons d'y croire

  • Le frère Toufik explique avoir choisi de « quitter le monde, pas contre le monde, ni par peur du monde, mais par amour pour celui qui nous a tout donné ».

  • Il considère que la vie d’ermite est « une grâce que Dieu » non seulement pour le salut de son âme, mais aussi pour que, par ce témoignage, « les gens qui ne croient pas finissent par croire… »

  • Jésus a donné mission à ses disciples d’expulser les esprits mauvais ; sa puissance s’exerçait aussi sur les maladies pour les guérir. À la suite du Christ, « l’ermite de Brad » fait appel à ce pouvoir par sa prière, dans l’humilité et par amour pour ceux qui le sollicitent.

  • Frère Toufik n’est retourné à Dieu qu’en janvier 2021. Les personnes qui ont obtenu des grâces surnaturelles par l’intercession de l’ermite sont encore vivantes et en témoignent aujourd’hui encore.

  • La rumeur de ses miracles circule rapidement par-delà la région. C’est pourquoi l’évêque maronite d’Alep, Mgr Anis Abi Aad manifeste le désir de le rencontrer. L’évêque a reconnu le statut d’ermite du frère, lui a donné sa bénédiction et est même devenu son directeur spirituel.

  • À cause de la guerre et de plusieurs autres événements, le frère Toufik a voyagé et habité plusieurs ermitages, en Syrie et au Liban. Dans chaque lieu (à Al-Ghassaniya, à Brad, à Alep, à Damas, à Adaimi et Ghazir au Liban…) des guérisons ont été rapportées, qui attestent de la puissance de la prière du frère.

  • Loin de s’attribuer le crédit de ces guérisons ou de s’enorgueillir, frère Toufik est conscient qu’il n’est qu’un instrument dans les mains du Seigneur. Il répète souvent : « C’est le Seigneur qui a accompli cela, pas moi ! »

  • Le couple franco-libanais Buzin des Rosiers a rencontré le frère Toufik à plusieurs reprises. Ils ont personnellement bénéficié des bienfaits de sa prière, au point qu’ils l’ont choisi pour parrain de leur fils. Après le décès de frère Toufik, voyant en lui « un authentique disciple du Christ », ils ont choisi de recueillir, en vue de sa béatification, des témoignages et documents qui constituent in fine un très large recueil des miracles qu’il a accomplis. Parallèlement à ce travail, Mgr Anis avait déjà pris soin, à l’insu de l’ermite, de répertorier les guérisons spirituelles et physiques que Dieu accomplissait à travers lui.

  • Pour ne donner ici qu’un exemple, voici l’histoire de la guérison de Mazkina Abdo, qui souffrait de crises d’épilepsie depuis l’âge de sept ans. Son témoignage a été corroboré par des tests cliniques, des dépistages et par tous les examens qu’elle a subis. Les traitements prescrits contre son épilepsie restaient sans résultats et ses crises sont devenues de plus en plus fréquentes. Une nuit, elle a vu en rêve un ermite qui l’invitait à le rencontrer. Après des recherches, elle apprend qu’il existe bien un ermite qui vit dans le voisinage de Brad, et elle se rend aussitôt chez lui. C’est bien l’homme de Dieu qu’elle a vu en songe. Il a longuement prié avec elle et pour elle ; « Que ta volonté, ô Seigneur, soit faite ! »  Il a ensuite demandé qu’elle retourne chez son spécialiste. Depuis ce jour, Mazkina n’a plus jamais souffert de convulsions et affirme avoir été totalement guérie par Jésus.


En savoir plus

Son vrai nom est Toufik Agib. Il est né en 1959 dans un village montagneux de Syrie, Harf Al-Masitir, situé dans la région de Jableh, au sein d’une fratrie musulmane alaouite de quatre frères et d’une sœur. La famille est très pauvre et décide de s’installer au Liban, à Beyt-Chabab. Il a alors six ans. Le niveau social de sa famille ne s’améliorant pas, Toufik n’est pas scolarisé mais placé comme apprenti-boucher le matin et gardien de brebis l’après-midi, pour quelques dizaines de piastres, qu’il s’efforce d’économiser.

Parce qu’il a un secret : il a rencontré Jésus à l’âge de cinq ans, en entendant parler de la vie des saints, assis par terre sur la place de son village. Il rêve nuit et jour de lui et de sa tendre mère, Marie. Lorsqu’il a assez d’argent, il prend un taxi pour se rendre à Annaya, haut lieu de prière et de pèlerinage à la mémoire de saint Charbel, qu’il vénère. Parfois, il va jusque dans la vallée sainte de la Qadisha, où il trouve la paix et la sérénité, visitant tous les lieux de prière troglodytes. Il y reste deux ou trois jours, couchant à la belle étoile et, quand les religieux s’aperçoivent de sa présence, ils appellent un taxi qui accepte, à leur demande, de le ramener auprès de ses parents.

Devenu grand, il décide rapidement de donner tout ce qu’il possède aux pauvres et de rejoindre Jésus là où – il en est sûr – le Seigneur l’attend depuis toujours. Il entre dans un monastère à Gassanieh, sur le littoral syrien, non loin de Lattaquié, où prière, jeûne et service des autres s’effectuent dans le plus grand dépouillement. Mais il aspire surtout à vivre seul en ascète, selon l’érémitisme des premiers siècles du christianisme et à l’image de saint Charbel. Il s’installe sous une tente, en plastique d’abord, puis dans une cabane en bois, au cœur de la forêt. Ses journées ne sont que prières, adoration, méditation. Sa capacité à se détacher de tout en fait l’homme le plus libre du monde. Il reprend les mots de saint Augustin : « Je suis assis sur le trône du monde, je ne possède rien donc je n’ai plus peur de ne rien perdre. »

Des visiteurs viennent le consulter, surtout des pauvres et des malades ; il offre leurs souffrances au Seigneur et le sollicite pour des guérisons physiques et spirituelles, qui lui sont accordées, surprenant et troublant la communauté chrétienne qui vit autour du monastère. Les grâces et les miracles se multiplient, dûment enregistrés.

La rumeur de ces prodiges dépasse rapidement le cadre de la région. L’évêque maronite d’Alep, Mgr Anis Abi Abad manifeste le désir de le rencontrer et lui propose en 2008 un ermitage à Brad, près du tombeau de saint Maron, vénéré par tous les maronites. Il s’agit de « quitter le monde, pas contre le monde, ni par peur du monde, mais par amour pour celui qui nous a tout donné ». Le frère Toufik s’installe et un décret épiscopal le reconnaît comme ermite, vivant sa vie d’ermite à l’archidiocèse maronite d’Alep, avec la bénédiction de son évêque.

Rapidement, toutes les personnes de la région de Brad le connaissent, d’abord par sa forte ressemblance avec le vénéré Saint Charbel, mais aussi parce qu’il accueille et écoute, notamment tous ceux qui, comme lui, ont quitté l’islam et embrassé la lumière du Christ.

Lorsque nous sommes allés nous recueillir sur le tombeau de saint Maron, à quarante-cinq kilomètres d’Alep, nous avons demandé l’autorisation de rencontrer « l’ermite de Brad ». Je l’ai alors interrogé :

« Comment se passent vos journées, frère ?

— Dans le silence et la prière près du saint sacrement. Elles sont longues car je dors très peu. En principe, je ne vois personne, sauf des villageois (majorité des kurdes), qui m’apportent à manger ou qui ont besoin d’un secours. Je travaille la terre aussi, j’ai un petit jardin que je cultive, des fleurs et quelques arbres fruitiers. Tous les quinze jours, je vais à Alep voir Mgr Anis, mon directeur spirituel, et assister au saint office.

— Avez-vous reçu des grâces particulières, spirituelles et temporelles ?

— L’essentiel est dans ma présence ici. L’essentiel est dans ce choix de vie que je considère comme une grâce que Dieu a voulue pour le salut de mon âme et probablement comme une voie pour tous ceux qui souffrent, afin que, par mon témoignage, par ma prière et ma vie d’ermite, les gens qui ne croient pas finissent par croire.

Et en effet, des personnes viennent me voir et nous prions ensemble. Poser un acte de foi, c’est établir un rapport direct entre le créateur et sa créature. Pour ceux qui ont la grâce de la certitude que Dieu exauce, le Seigneur fait toujours des merveilles.

Je me souviens d’un homme qui vivait dans un village, à vingt kilomètres d’ici, musulman, marié, avec des enfants et qui brusquement était devenu si violent qu’on a dû le ligoter. On l’a conduit à Alep, chez des psychiatres qui l’ont mis sous un traitement de choc qui a fini par l’abrutir. Au bout de deux ans, on me l’a amené et je lui ai simplement imposé les mains en priant : "Seigneur que ta volonté soit faite, libère-le car tu le peux." J’avais la certitude qu’il le pouvait. J’ai demandé à la famille qu’elle porte une attention particulière à Jésus et à sa Maman, juste une "attention". Il a repris une vie normale dès le lendemain.

J’ai vu aussi, il y a peu de temps, un jeune homme handicapé depuis six ans, qui ne se déplaçait qu’avec des béquilles. Il avait sollicité deux cheiks pour prier sur lui et ils lui avaient promis que, dans un mois, il pourrait marcher normalement. Un mois après, il se lève, mais il tombe et se casse un bras. Il est venu me voir plusieurs fois ensuite. J’ai attendu un peu avant de lui demander s’il croyait en Jésus et sa sainte Mère. Il m’a dit que oui et j’ai longuement prié avec lui et pour lui. Il est à présent totalement guéri. Nous l’avons rencontré, Mgr Anis et moi en voiture et lui à moto. Je lui ai lancé : "Comment vas-tu, Riad ?" Il m’a crié : "Très bien, frère, grâce au Père, au Fils et au Saint-Esprit." C’est le Seigneur qui a accompli cela, pas moi ! »

Jean-Claude et Geneviève Antakli sont écrivains et biologistes. Ils ont rencontré le frère Toufik dans son ermitage de Brad.


Aller plus loin

  • Geneviève et Jean-Claude Antakli, Dieu existe. Ses merveilles étincellent sous nos yeux, Éditions du Parvis, 2020.


En complément

  • Ernst J. Görlich et Jean-Claude Antakli, L’Ermite du Liban. Vie prodigieuse de saint Charbel Makhlouf, Éditions du Parvis, 2018.

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