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Reliques
Nº 648
XIXe siècle à nos jours

Les puissantes reliques de la mystérieuse sainte Philomène (1802)

Le 25 mai 1802, des archéologues qui fouillent la catacombe romaine de Priscilla découvrent la tombe d’une martyre inconnue. Bouleversés, ils font énormément de publicité à cette découverte. Le hasard ou la providence veut qu’une relique de la sainte supposée soit offerte à Pauline Jaricot, qui elle-même en fait cadeau à un jeune ami prêtre, l’abbé Vianney – le Curé d’Ars. La martyre inconnue connaîtra bientôt la gloire.


Les raisons d'y croire

  • Il arrive parfois aux archéologues de découvrir (on dit « inventer ») une sépulture inviolée. Ce qui arrive ce 25 mai 1802 n’a rien d’extraordinaire, mais l’Église se montre toujours prudente dans ce genre d’occasion, ne souhaitant pas canoniser trop vite un personnage dont la vie reste trop méconnue.

  • La plaque funéraire, brisée en trois, porte ces mots en latin : « Pax tecum Filumena » (« La paix soit avec toi Filumena »). Ce prénom peut être la transcription de « Philomène », qui signifie bien aimée. L’inscription funéraire ne comporte rien de plus. C’est probablement la marque soit d’une certaine précipitation dans la sépulture, soit de l’impossibilité d’en dire davantage. En effet, de nombreux martyrs ont été tellement massacrés qu’ils n’étaient plus identifiables après avoir été jetés aux bêtes.

  • Lorsque la tombe est ouverte, personne n’éprouve plus de doutes : à côté de l’inconnue – une très jeune fille d’environ quinze ans – se trouve une petite fiole qui semble contenir encore des résidus de sang séché. Or, cette pratique était utilisée uniquement pour les témoins de la foi.

  • En 1833, la religieuse napolitaine, sœur Marie-Louise de Jésus reçoit des visions au cours desquelles sainte Philomène lui révèle sa vie. Un prêtre, le père Barrelle, rédige un roman sur la vie de Philomène, sur la base de ces révélations auxquelles le Saint-Office donnera plus tard son approbation.

  • Le pape Grégoire XVI attend des preuves. Il les obtiendra en 1835 lorsque Pauline Jaricot, grande figure de la charité et du renouveau catholique en France, alors très malade, qui est venue prier sur la tombe de Philomène, y est instantanément guérie . Le pape, comme il l’avait promis, reconnaît alors la sainteté de Philomène.

  • La mystique Maria Valtorta reçut également une vision du martyre de la jeune sainte Philomène.

  • Saint Jean-Marie Vianney, le Curé d’Ars , avait également une vive dévotion pour la petite martyre. Il envoyait beaucoup de ceux qui le consultaient prier devant les reliques de sainte Philomène, dans l’église. C’est là que de nombreux miracles du Curé d’Ars se produisirent, par l’intercession de la petite sainte.

  • À travers les prodiges qui se sont multipliés autour de ses reliques, il est légitime de penser que Dieu, dans un dessein particulier de miséricorde, a pu vouloir faire connaître cette jeune chrétienne au monde. La puissante intercession surnaturelle de Philomène, manifestée à de nombreuses reprises, a finalement plus d’importance que les détails de son existence terrestre.


En savoir plus

La sépulture anonyme de la catacombe de Priscilla apporte bien peu d’information sur la jeune fille qu’elle renferme. Certains indices laissent cependant supposer qu’il pourrait s’agir d’une martyre. Popularisée par le pieux « roman » du père Barrelle (La thaumaturge du XIXe siècle, Sainte Philomène, 1834), l’inconnue va devenir célèbre. La guérison miraculeuse, sur sa tombe, de Pauline Jaricot conduit en 1837 à la canonisation de sainte Philomène. Beaucoup d’autres miracles liés aux reliques de la martyre suivront.

Même depuis que les réformes de Vatican II ont chassé Philomène du martyrologe, son culte, lui, n’a jamais cessé.

Au sanctuaire de sainte Philomène à Mugnano del Cardinale (Campanie, Italie), les pèlerins peuvent voir les reliques de la jeune martyre, les trois plaques et la chaise où était assise Pauline Jaricot lorsqu’elle reçut sa guérison.

Spécialiste de l’histoire de l’Église, postulateur d’une cause de béatification, journaliste pour de nombreux médias catholiques, Anne Bernet est l’auteur de plus d’une quarantaine d’ouvrages, pour la plupart consacrés à la sainteté.


Au delà

Sainte Philomène fut aussi vénérée par Padre Pio qui l’appelait « la petite princesse du paradis ». À ceux qui mettaient en doute son existence, il répondait : « Il se pourrait bien que cette sainte ne s’appelle pas Philomène, mais elle fait des miracles et ce n'est pas le nom qui les fait ! » 


Aller plus loin

  • Joseph-François Barrelle, La thaumaturge du XIXe siècle, Sainte Philomène, 1834. Peut-être consulté en ligne .


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