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Les saints
Montréal (Québec, Canada)
Nº 632
1623 – 1708

Saint François de Laval : père de l’Église canadienne (+1708)

Le 3 avril 2014, à l’occasion du trois cent cinquantième anniversaire de la fondation de Notre-Dame de Québec, première paroisse en Amérique du Nord, le pape François a canonisé Mgr François de Laval et l’ursuline Marie de l’Incarnation. À l’époque – le XVIIe siècle –, le diocèse de François de Laval s’étendait de Québec à l’Acadie, jusqu’à la Louisiane. L’évêque bâtisseur, considéré comme le père de l’Église du Canada, a tout donné pour que son diocèse se développe. Aujourd’hui, deux cents évêques se partagent cet immense territoire.


Les raisons d'y croire

  • François de Laval fait partie d’une grande famille de la noblesse française. Son père est un descendant du baron de Montmorency. Il hérite du titre familial mais renonce à ces honneurs pour se donner à la mission qu’il discerne. Il répond à l’appel du Christ de contribuer à l’organisation de l’Église en Nouvelle-France.

  • Cet homme visionnaire fonde le séminaire de Québec, qui sera important pour le développement de l’Église canadienne. Il passe cinquante années à Québec à servir le Christ en surmontant les obstacles sans désespérer. Pendant son ministère, le nombre de paroisses sur son diocèse est passé de 5 à 35, le nombre de prêtres de 24 à 102, et celui des religieuses de 32 à 97.

  • François de Laval a été un semeur d’espérance pour la Nouvelle-France, tendant la main aux plus délaissés de la jeune colonie. Par exemple, les Hurons l’ont surnommé « l’homme de la grande affaire », en raison de son combat incessant pour la dignité des Autochtones. Il a dénoncé les marchands qui les exploitaient en échangeant de l’eau-de-vie contre des fourrures.

  • Il prêche l’Évangile par l’exemple et ses actes ne démentent pas ses paroles. À l’image du Christ, il s’est désapproprié de lui-même en toutes choses pour le bien-être matériel et spirituel de son peuple.

  • La vie de François de Laval montre que le bon missionnaire est rempli de l’Esprit de Dieu ; c’est lui qui doit animer son cœur et ses paroles. Le 6 novembre 1677, il écrit à l’archidiacre d’Évreux, Henri-Marie Boudon : « C’est le royaume de Dieu qui est au-dedans de l’âme qui fait notre centre et notre tout. »

  • Le pape François a canonisé François de Laval en même temps que Marie de l’Incarnation . Ces canonisations dites « équipollentes », c’est-à-dire sans miracle et sans qu’ait lieu une célébration formelle, nous montrent que la vie de ces deux modèles d’évangélisateurs est en quelque sorte un miracle.


En savoir plus

Né le 30 avril 1623 à Montigny-sur-Avre, dans le diocèse de Chartres, François fait partie d’une grande famille de la noblesse française. Son père est un descendant du baron de Montmorency. Il hérite du titre familial à la mort de celui-ci. Il renonce à ces honneurs pour se donner à la mission qu’il discerne au collège des Jésuites, à La Flèche.

À quatorze ans, François est accepté dans la congrégation mariale du collège de La Flèche, où il s’initie à la vie spirituelle. C’est là qu’il est sensibilisé aux missions en Nouvelle-France. Il fait sa théologie à Paris, au collège de Clermont, jusqu’en 1645. Il entre dans l’Assemblée des amis de Louis XIV. Le 1er mai 1647, il est ordonné prêtre à l’âge de vingt-quatre ans. Il travaille à Paris auprès des malades et instruit les enfants abandonnés. Il poursuit ses études et obtient la licence en droit canonique en 1649. Les membres de l’Assemblée des amis de Louis XIV décident de vivre en commun. Le laïc Jean de Bernières, mystique reconnu de son temps, l’influence beaucoup. Il l’encourage à évangéliser les pays lointains.

François est pressenti pour les missions du Tonkin, mais il accepte de se donner à la Nouvelle-France. Le 8 décembre 1658, à trente-cinq ans, c’est la consécration épiscopale à Saint-Germain-des-Prés, à Paris, comme vicaire apostolique en Nouvelle-France. Le roi Louis XIV transmet la requête au souverain pontife.

Parti de La Rochelle le jour de Pâques 1659, le navire, au nom prophétique Le Sacrifice d’Abraham, arrive à Québec deux mois plus tard. La colonie compte environ sept cents habitants. L’année suivante, le jeune pasteur fait une visite générale de Québec à Montréal. Il voyage à pied, en canot ou en raquettes l’hiver. Il prend conscience des besoins des colons comme ceux des dirigeants, des Amérindiens et des Français. Il s’intéresse beaucoup aux fondations des Jésuites. Il écrit ce qui sera sa marque de commerce : « Il faut se faire aimer par sa douceur, sa patience et sa charité. »

En 1664, c’est l’érection de la paroisse de Québec sous le titre de l’Immaculée Conception. François fonde le séminaire de Québec pour former les futurs prêtres. Il le rattache à celui des Missions Étrangères de Paris, afin de favoriser la venue de prêtres pour travailler dans les coins les plus reculés de l’Amérique française. Cette institution fera un bien immense dans tout le pays, formant également des professeurs, des chefs politiques et religieux.

Le vicariat apostolique de Québec devient un diocèse en 1674. Il contient environ deux mille habitants dispersés entre trois centres : Québec, Trois-Rivières et Montréal. L’évêque soutient les missions du Mississippi et de l’Acadie. Il cherche sans cesse des financements auprès de Louis XIV, ou ailleurs, pour mettre sur pied des infrastructures économiques, éducatives et sociales qui assureront l’implantation des colons et l’épanouissement des jeunes communautés. À cet effet, il fonde l’école de la Grande Ferme pour les travailleurs artisans. En bon administrateur, il développe avec succès la Côte-de-Beaupré.

Mgr de Laval a laissé peu d’écrits spirituels, contrairement à Marie de l’Incarnation , qui vivait à deux pas de chez lui, au monastère des Ursulines. Elle écrira à son fils que l’évêque avait atteint un « sublime degré d’oraison ». Il a livré peu de choses sur son expérience intérieure, si ce n’est quelques lettres.

Affaibli et fatigué, François démissionne de son poste d’évêque en 1685. L’abbé de Saint-Vallier, nommé vicaire général, visite le diocèse l’année suivante. Il est consacré évêque le 25 janvier 1688. Mgr de Laval devient « Mgr l’Ancien ». Pendant qu’il est en France, il obtient l’autorisation de retourner à Québec. Il arrive le 3 juin, à la grande joie des colons.

Le 15 novembre 1701, un incendie détruit en quelques heures le séminaire, la chapelle et le presbytère. On reconstruit le tout, sauf la chapelle. À peine les travaux terminés que, le 1er octobre 1705, le séminaire est de nouveau détruit par le feu. Malgré ces épreuves difficiles, Mgr l’Ancien trouve la force dans sa foi en Jésus-Christ. Il sort de sa retraite pour remplir à l’occasion les fonctions épiscopales de Mgr de Saint-Vallier, qui est parti pour la France en 1700 et n’en reviendra qu’en 1713.

Dans la semaine sainte de 1708, le vieil évêque de quatre-vingt-cinq ans contracte une engelure au talon, qui s’aggrave. Il meurt le 6 mai. On expose son corps dans la cathédrale. La foule le vénère déjà comme un saint. Les funérailles ont lieu le 9 mai. Il est béatifié le 22 juin 1980 par Jean-Paul II et canonisé par François le 3 avril 2014. Une chapelle funéraire dans la basilique-cathédrale de Québec est inaugurée en 1993.

Jacques Gauthier, auteur et théologien , a enseigné à l’université Saint-Paul d’Ottawa. Il a écrit plus de quatre-vingts livres, dont une cinquantaine en spiritualité. Il tient un blogue et une chaîne YouTube .


Au delà

François de Laval est un personnage historique important au Québec.


Aller plus loin

La vidéo de Jacques Gauthier : «  Saint François de Laval  ».


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