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© Magazine 1000 raisons de croire
Corps conservés des saints
Canada
Nº 630
1840 – 1912

Sainte Marie-Léonie Paradis, à la suite du Christ (+1912)

Alodie-Virginie Paradis naît en 1840 dans un village au sud de Montréal. Elle entre à quatorze ans chez les sœurs marianites de Sainte-Croix, dont le charisme est l’enseignement et le service des prêtres. Envoyée en mission aux États-Unis et au Nouveau-Brunswick, elle fonde les Petites Sœurs de la Sainte-Famille, congrégation qui sera approuvée par Rome en 1937. Elle s’éteint paisiblement le 3 mai 1912, dans sa communauté, à Sherbrooke, quelques jours avant ses soixante-douze ans. Elle a marqué ses contemporains par sa bonté, son humilité et sa prière.


Les raisons d'y croire

  • Mère Marie-Léonie est une femme de foi et de prière, qui montre à ses contemporains le visage miséricordieux du Dieu d’amour chrétien. Marie-Léonie parlait au Christ comme à un ami et vivait de sa présence partout, surtout au cœur des épreuves et auprès des pauvres. Son témoignage de vie est criant de vérité.

  • Des récits de son époque mentionnent des guérisons soudaines et inexplicables, à la suite de ses prières ou de son intervention directe auprès de personnes malades. Plusieurs personnes rapportent que sa présence inspirait une grande paix et que des grâces particulières accompagnaient ses bénédictions.

  • Elle écrit à l’une de ses filles spirituelles : « Ma foi venait de la présence de Dieu que je sentais en moi. Il a toujours eu la première place dans ma vie. J’étais convaincue que l’âme qui ne perdait pas la présence de Dieu en elle avait trouvé un trésor que personne ne pouvait lui ravir. »

  • La congrégation fondée par mère Marie-Léonie a fleuri rapidement, sans ressources financières importantes. À sa mort, la congrégation compte déjà 635 religieuses. Aujourd’hui, les Petites Sœurs de la Sainte-Famille sont présentes au Canada, aux États-Unis, au Honduras et au Guatemala. Cette diffusion et cette vitalité peuvent être lues comme un signe de l’intervention divine en réponse à la foi et à l’abandon à la providence de la fondatrice.

  • En 1935, on procède à l’exhumation de ce qui reste du corps de Marie-Léonie, en présence de quatre prêtres, de deux médecins et de plusieurs Petites Sœurs de la Sainte-Famille. Tous constatent des éléments remarquables concernant la conservation du squelette, vingt-trois ans après le décès. En particulier, on trouve son cœur, qui a tant aimé Dieu et le monde : il est là, presque sans corruption, comme l’indiquera le certificat officiel de l’exhumation.

  • Depuis la mort de la religieuse, plusieurs personnes témoignent des faveurs obtenues par son intercession. Le premier miracle reconnu concerne la guérison inexpliquée d’une religieuse de la communauté des Petites Sœurs de la Sainte-Famille, atteinte de tuberculose pulmonaire. Malgré les faibles chances de rétablissement, elle est totalement guérie quelques mois après le décès de mère Marie-Léonie, le 3 mai 1912. Cet événement a été reconnu par l’Église après enquête et a conduit à la béatification de Marie-Léonie Paradis le 11 septembre 1984. 

  • Une seconde guérison impossible a été attribuée à l’intercession de mère Marie-Léonie. Le 30 octobre 1986, une petite fille naît avec de graves problèmes de santé, notamment une asphyxie néonatale prolongée, une défaillance multiviscérale et une encéphalopathie. Les médecins constatent une absence d’activité respiratoire et échouent à la réanimer. Entre le 31 octobre et le 3 novembre, la mère de l’enfant et une amie invoquent l’intercession de mère Marie-Léonie. Le nourrisson est guéri et sort de l’hôpital en bonne santé, sans besoin de traitement particulier. Cette guérison a été reconnue comme inexplicable scientifiquement et a été validée par le Vatican en janvier 2024.


En savoir plus

« Piété et dévouement », telle est la devise que mère Marie-Léonie donne à sa communauté. Ce programme résume toute la vie et la spiritualité de la fondatrice. Marie-Léonie vivait l’amour au quotidien sans dissocier la prière et le service. Prier pour les prêtres, contempler Jésus-Eucharistie, se former une âme sacerdotale en se laissant configurer au Christ serviteur, vivre le mystère de la Sainte Famille dans l’humble service de Nazareth : voilà ce que la fondatrice voulait pour sa famille religieuse. C’était son charisme, sa mission. Elle s’est reconnue dans la vocation d’écoute de la Vierge Marie et dans celle de service des femmes disciples qui suivaient Jésus. Elle s’est associée aux prêtres, dans les paroisses, diocèses, sanctuaires, séminaires, permettant à des femmes de s’épanouir dans ce service d’amour et à des prêtres de se donner entièrement à leur ministère. Sainte Marie-Léonie a perçu la grandeur du prêtre au-delà même des hommes faibles qui étaient ordonnés, car elle voyait le Christ en eux, le Christ parmi nous. Cette vision de foi peut réconforter le prêtre d’aujourd’hui dans sa mission d’annoncer la Parole de Dieu avec ardeur, de rassembler le peuple pour une nouvelle évangélisation, de célébrer les sacrements du salut dans un esprit de prière et de service.

Au cours de l’homélie de béatification de Marie-Léonie Paradis, en 1984, le pape Jean-Paul II l’a appelée « humble parmi les humbles ». Cette attitude d’humilité a été le socle sur lequel s’est érigé tout son édifice spirituel. Elle disait souvent aux sœurs de sa communauté : « Ayez l’esprit de simplicité et d’humilité. Travaillez sérieusement tous les jours à devenir de plus en plus humbles. Soyez humbles, sans aucune prétention, aimant à vous oublier et à faire plaisir aux autres, et vous serez toujours heureuses. Une religieuse humble est assurée du bonheur. »

Mère Marie-Léonie désirait plus que tout « se consumer dans l’amour de Dieu et faire toutes choses pour son amour ». C’était sa manière de vivre son sacerdoce baptismal, aussi appelé « sacerdoce commun des fidèles », que le concile Vatican II mettra en lumière cinquante ans après sa mort. Les chrétiens forment un peuple de prêtres, de prophètes et de rois par leur baptême : « Vous aussi, comme pierres vivantes, entrez dans la construction de la demeure spirituelle, pour devenir le sacerdoce saint et présenter des sacrifices spirituels, agréables à Dieu, par Jésus-Christ » ( 1 P 2,5 ).

La conscience sociale de celle qu’on surnommait la « mère de toutes nécessités » peut nous amener à nous interroger aujourd’hui, à une époque où nous nous indignons de plus en plus des écarts entre les riches et les pauvres. Mère Marie-Léonie économisait pour mieux aider les démunis, ne gaspillait pas mais recyclait, ne laissait personne dans le besoin lorsqu’on frappait à sa porte. Elle voyait en l’autre le Christ lui-même, parce qu’elle contemplait Dieu dans son cœur comme si elle voyait l’invisible. Jésus demeure le grand modèle de cet engagement envers les plus faibles. S’il y a une page d’Évangile qui caractérise bien la vie de mère Marie-Léonie et de ses petites sœurs, c’est bien la scène du lavement des pieds. Jésus montre ainsi que l’Église n’est pas un pouvoir, mais un service. « Soyez heureuses en Dieu et pour Dieu, que toutes vos actions soient faites avec la plus grande pureté d’intention, disant souvent pendant la journée : "Tout pour vous, mon Dieu." »

Jacques Gauthier, auteur et théologien , a écrit plus de quatre-vingts livres, dont une cinquantaine dans le domaine de la spiritualité.


Au delà

La bienheureuse Marie-Léonie Paradis a été canonisée à Rome le 20 octobre dernier par le pape François. Femme de foi et de prière, cette nouvelle sainte du Québec nous invite à vivre humblement, au service des autres.


Aller plus loin

Cette page est extraite d’un des articles du magazine 1 000 raisons de croire, no 7 , pages 44 à 47.


En complément

  • Jacques Gauthier,Sainte Marie-Léonie Paradis, nouvelle édition revue et corrigée, Montréal, Novalis, 2024.

  • Jacques Gauthier, Les Saints, ces fous admirables, Béatitudes/Novalis, 2018.

  • Voir aussi la vidéo de Jacques Gauthier sur la vie et la mission de mère Marie-Léonie, publiée le 15 avril 2021.

  • Entrevue de Jacques Gauthier sur sainte Marie-Léonie Paradis à l’émission télévisée « L’écriture » no 8 du 22 avril 2025, à Sel et Lumière .

  • Marie-Gabriel Perras, Message de mère Marie-Léonie, fondatrice des Petites Sœurs de la Sainte-Famille, au clergé, à ses filles, à son peuple, Épilogue au procès informatif diocésain sur la renommée de sainteté de la servante de Dieu, Sherbrooke, 1953.

  • Le site Internet du Centre Marie-Léonie Paradis .

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