Je m'abonne
Les saints
Montréal (Québec, Canada)
Nº 530
1845 – 1937

Saint André Bessette, serviteur de saint Joseph (+1937)

À la fin du XIXe siècle, un frêle religieux de la Congrégation de Sainte-Croix, portier au collège Notre-Dame à Montréal, contemple souvent la montagne qui se dresse devant sa fenêtre. Il y voit un oratoire dédié à la gloire de saint Joseph. Cette vision est portée par une foi à transformer les montagnes. Le rêve deviendra réalité. À sa mort, le 6 janvier 1937, un million de personnes convergent vers la dépouille de l’humble frère, au pied de l’oratoire du Mont-Royal, le plus grand lieu de pèlerinage au monde consacré à saint Joseph. Frère André est canonisé par Benoît XVI le 17 octobre 2010.


Les raisons d'y croire

  • La première guérison miraculeuse que l’on rapporte en lien avec le frère André, en 1877, concerne un religieux de sa communauté, le frère Aldéric, qui souffre d’une blessure à la jambe. Puis des élèves et des parents d’élèves connaissent eux aussi des guérisons inexpliquées liées à l’humble religieux. La réputation de frère André, qui est surnommé« le petit frère qui guérit tous les maux », se répand dans le quartier, puis dans la ville de Montréal. Beaucoup de personnes viennent à lui pour être soignées.

  • Le frère André prélève de l’huile d’une lampe qui brûle devant une statue de saint Joseph et recommande aux malades de s’en frictionner le corps. Il n’y a là rien de « magique » : c’est un geste de foi. Frère André dit : « Ce n’est pas l’huile qui est importante, mais la foi que vous avez en Dieu»

  • Frère André attribue à saint Joseph toutes les guérisons et les conversions. Il ne s’est jamais réclamé d’aucun miracle ni d’aucune vision, mais seulement de sa dévotion à saint Joseph.

  • Frère André a en effet exprimé un grand amour à saint Joseph en le priant en toute simplicité et en lui confiant les personnes qu’il rencontre. Il a fait construire l’oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal, dont il est demeuré le gardien fidèle jusqu’à sa mort, le 6 janvier 1937.

  • La réputation du « thaumaturge du Mont-Royal » dépasse rapidement les frontières. Pour l’année 1916, on signale plus de quatre cents guérisons.

  • Malgré la renommée et les obstacles qui fusent d’un peu partout, rien ne détourne le frère André de sa mission de réconfort auprès des malades. Il les accueille avec une authentique charité toute la journée.

  • Aujourd’hui encore, plus d’un million de personnes visitent chaque année l’oratoire, où la tradition de l’huile de saint Joseph se poursuit. Les pèlerins se confient au Seigneur en toute confiance, par l’intercession du frère André et de saint Joseph.


En savoir plus

Alfred Bessette est né le 9 août 1845 à Saint-Grégoire d’Iberville (Québec, Canada). Sa mère lui transmet la dévotion à saint Joseph. Son père meurt en 1855, laissant dix enfants à une mère malade qui mourra trois ans plus tard. Alfred sera donc orphelin dès l’âge de douze ans. Commence alors l’apprentissage de divers métiers. À la suite d’autres Canadiens français de cette époque, il travaille dans les usines de textile de la Nouvelle-Angleterre, aux États-Unis. Il a vingt ans, il parle anglais, mais l’avenir semble terne. Il revient au Québec en 1867.

Comme il arrive souvent dans toute vie humaine, c’est par l’entremise d’un autre que le jeune homme trouvera sa voie. Le curé de sa paroisse, l’abbé André Provençal, a depuis longtemps remarqué la piété d’Alfred. Il le présente aux religieux de la Congrégation de Sainte-Croix, à Montréal. « Je vous ai envoyé un saint », écrit-il au supérieur du collège. Parole prophétique. Mais on hésite à l’accueillir, compte tenu de sa santé fragile et de son instruction limitée. Finalement, il est accepté au noviciat en décembre 1870, année où Pie IX déclare saint Joseph patron de l’Église universelle.

Alfred Bessette reçoit le nom de frère André, en souvenir de son ancien curé. Il remplira la fonction de portier au collège Notre-Dame pendant quarante ans. Dévoué au service de sa communauté, il visite souvent les malades. Ce qui le caractérise le plus est sa fervente dévotion à saint Joseph, qu’il propage autour de lui. Un élève est guéri à l’infirmerie et d’autres malades témoignent aussi des « pouvoirs » de l’humble frère. Lui, il médite les souffrances de la passion du Christ et déclare sans ambages : « Ce n’est pas moi qui guéris. C’est saint Joseph. »

Un rêve le poursuit : construire une chapelle en bois à saint Joseph sur le flanc de la montagne, en face du collège. Il commence la construction en 1904 avec l’aide de laïcs. Sa réputation dépasse les frontières. On le surnomme le « thaumaturge du Mont-Royal ». On signale en 1916 plus de quatre cents guérisons. L’appui populaire et le soutien du diocèse donnent des ailes à son projet. En 1917, la crypte, qui peut accueillir mille personnes, est inaugurée. En 1924, on commence la construction de la basilique, qui ne sera terminée qu’en 1967.

Frère André continue sa mission d’amour avec pauvreté, simplicité et compassion. Chaque matin, il monte à l’oratoire, tel un Moïse qui intercède pour le peuple. Il accueille les visiteurs, surtout les plus démunis ; il les écoute, les frotte avec la fameuse huile de Saint-Joseph, qu’il prélève d’une lampe votive. Pour lui, il n’y a rien de magiquedans ce geste de foi. Il dit : « Ce n’est pas l’huile qui est importante, mais la foi que vous avez en Dieu. »

Au dire du frère André, plusieurs demandent des guérisons, mais trop peu l’humilité et l’esprit de foi. Malgré quelques sautes d’humeur, son humilité a toujours le dernier mot, et surtout son sens de l’humour, qui le rend si humain et si proche des autres. Sans aucun doute, cet homme est un saint pour les gens ordinaires, car il irradie l’amour de Dieu. Ils reconnaissent en lui un maître spirituel populaire. « Le Bon Dieu n’est pas loin de vous. Il est proche de vous. Chaque fois que vous dites "Notre Père", il a l’oreille collée à votre bouche », dit-il.

S’il aime tant saint Joseph, c’est parce qu’il est un peu comme lui : travailleur manuel, délaissé et simple, effacé et humble. Il conseillait aux gens de le prier ainsi : « Si vous étiez à ma place, saint Joseph, qu’est-ce que vous voudriez qu’on vous fasse? Eh bien, faites-le pour moi. »

Frère André meurt le 6 janvier 1937 à l’âge de quatre-vingt-onze ans. Un million de personnes défilent devant son cercueil à l’oratoire, dont plusieurs viennent des États-Unis. Jean-Paul II le béatifie le 23 mai 1982. Lors de son homélie, le pape reconnaît en lui « un homme de prière et un ami des pauvres ».

Le tombeau de frère André est situé dans une petite chapelle funéraire, placée à la base même de l’oratoire, comme une pierre angulaire où tout converge. Grâce à lui, l’oratoire est devenu un haut lieu de spiritualité et d’intériorité, de beauté et d’accueil. Frère André avait déjà dit : « Quand je serai mort, je vais être rendu au Ciel. Je vais être bien plus près du bon Dieu que je ne le suis actuellement. J’aurai plus de pouvoir pour vous aider. »

L’humble portier a été canonisé à Rome par Benoît XVI le 17 octobre 2010, devenant ainsi le premier homme né au Canada à recevoir une telle grâce. La solennité de l’Épiphanie étant célébrée le 6 janvier dans plusieurs pays, l’Église a fixé sa fête liturgique le 7 janvier. En septembre 2016, les évêques canadiens ont attribué au frère André le titre de saint patron des aidantes et aidants naturels au Canada.

Jacques Gauthier, auteur et théologien , a enseigné à l’Université Saint-Paul d’Ottawa. Il a écrit plus de quatre-vingts livres, dont une cinquantaine en spiritualité. Il tient un blogue et une chaîne YouTube .


Au delà

Frère André lègue au monde un héritage spirituel qui est toujours actuel. Il nous propose des valeurs essentielles : l’amour, l’accueil, l’écoute, le pardon, le service, le sourire, l’émerveillement, la compassion, la confiance. Sa vie et ses paroles nous disent que le souci des démunis est primordial, que le Christ n’exclut personne, que la foi chrétienne et l’amour de saint Joseph transforment la vie, que la prière est le secret de la sainteté et la source de l’espérance.


Aller plus loin


En complément

  • Jacques Gauthier, Frère André. Une pensée par jour, Médiaspaul, 2011.

  • Jacques Gauthier, Frère André, Le Livre Ouvert / Emmanuel, 2010.

  • Jacques Gauthier, Saint Joseph. Homme de foi, Médiaspaul, 2012.

  • Jacques Gauthier, Les Saints, ces fous admirables, Béatitudes / Novalis, 2018, p. 57-60.

  • Micheline Lachance, Le Frère André, Les éditions de l’homme, 2010.

  • Bernard Lafrenière, Le Frère André selon les témoins, L’Oratoire de Saint-Joseph du Mont-Royal, 2022.

  • Articles sur Saint frère André : blogue de L’Oratoire et site de l’oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal .

  • L'article 1000 raisons de croire qui raconte le miracle de canonisation du Frère André. 

Sur le même thème, la rédaction vous conseille :
Précédent
Voir tout
Suivant